Il y a déjà un peu plus de deux ans que les Bisontins nous ont livré leur première offrande avec le remarqué "Spectrum Of The Past". Comme souvent avec les grands dépressifs, la situation a évolué. Le principal compositeur orfèvre Requiem s'en est allé vers d'autres horizons, laissant la voie libre aux aspirations de ses collègues Sarkasm et Daeman. L'album est pourtant le fruit de la collaboration entre le chanteur et le guitariste, il faut donc s'attendre à la suite logique de leur aventures en terre sombre ! En l'absence du guitariste, c'est donc Alexis de LYNCELIA qui s'est chargé de la réalisation de l'objet, ainsi que de divers aspects instrumentaux. La scène est posée !

Comme c'est étonnant ! On replonge immédiatement dans les effluves du début des années 80 avec un son d'aujourd'hui. Pas de round d'observation, et "Social Vampire" vous saute instantanément à la gorge. Des rythmiques de plomb jouxtent des nappes de synthés judicieuses et légères, alors que comme précédemment, la batterie monolithique pose les bases d'une musique très, très froide. C'est qu'on évolue chez nos amis vampires, nul doute donc que la lecture de Baker ou de Rice est parfaite pour illustrer le son de ce deuxième opus. Le boulot est bien effectué, la prod millimétrée, je pose toutefois un petit bémol sur la lancinance de la voix du chanteur Sarkasm, qui me semble parfois un brin trop linéaire.

Puis "Demon Pact" pose une mélodie assez imparable, qui rappelle les meilleurs moments du CULT d'Astbury et de Duffy. La guitare à la distorsion claire et la batterie monolithique restent les enfants du Rock Gothique des eighties, aucun doute là-dessous. On note cela dit un certain éloignement des canons du Black Metal par rapport au premier opus "Spectrum Of The Past". Et nous replongeons le nez le premier dans la grosse déprime avec "Black Mass Of Winter", un gros son qui rappellera à nouveau certaines époques des Grands-Bretons de PARADISE LOST, c'est ce qui s'appelle un mix entre Metal et Gothique. Le chant clair se porte bien, même s'il manque parfois de nuances.

On revient vers des canons plus Metalliques sur l'éponyme chevauchée de "Resurrection", penchez-vous d'ailleurs quelques instants sur les jolis textes ciselés par Daeman, inclus dans le joli livret, toujours un travail impeccable avec les Francs-Comtois. La guitare reste très claire sur tous les licks, tenus par Alexis, le général en chef des collègues de LYNCELIA. Le refrain parle bien aux auditeurs et un certain aspect épique vampiresque s'échappe de cette jolie compo. "Prophecy For Evil" est encore plus rapide et donne une sensation d'urgence à l'opus. Une compo bien achalandée en termes de guitares qui fuzzent. Un peu de vie dans toute cette agonie finalement, ça fait du bien !

Le corbeau de la pochette ne trompe personne ! Nous sommes ici en plein milieu de la grande culture des corbacks du début des eighties - ma sœur si tu me lis ! Ceusses qui vivent dans des caves même pas éclairées, le visage livide, qui attendent la tombée de la nuit pour investir les rues torves de nos cités en quête de sang frais se reconnaîtront ! Au final, que tous ceux qui ont aimé leur premier opus se jettent sur cette deuxième offrande, vous y retrouverez tous les ingrédients chers au groupe, on navigue dans le mal-être, le désespoir gothique sans la pourriture du Black Metal, car ici, tout est éthéré et esthétique... C'est du Keats musical ! Même note que pour le premier : 3,5, cette fois arrondie à l'inférieure pour de sordides raisons d'équité.