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CULTES DES GHOULES - Coven, Or Evil Ways Instead Of Love (2016)
Par PERE FRANSOUA le 15 Juin 2017          Consultée 2204 fois

Il n'y a que celui qui n'attend rien qui n'est jamais déçu. Sage position car il n'y a rien de pire que l'attente déçue.
Pas de bol j'attendais la nouvelle offrande des sorciers polonais de CULTES DES GHOULES avec impatience. Beaucoup d'éléments donnaient l'eau à la bouche, à commencer par l'annonce d'une véritable pièce de théâtre musicale répartie sur deux disques. Plus d'une heure et demie de musique toujours enregistrée (en partie) chez les gars de MGŁA.
Une inspiration affichée venue du mythique "The Jilemnice Occultist" de MASTER'S HAMMER, une couverture peinte très seventies et un titre en guise de double appel du pied au groupe COVEN, pionniers du Rock satanique et sorcier. N'en jetez plus je suis mordu.
J'osais à peine l'écoute en ligne, voulant me réserver pour l'expérience totale.
Le très beau digibook arrive avec son livret riche du texte de la pièce qui va nous être donnée. À voir la présentation des personnages et les dialogues on s'attend à ce que le terrible Mark of the Devil se lâche avec ses effroyables vocalises, profitant de toute sa macabre palette pour incarner chaque protagoniste de l'affaire.

Les premières écoutes furent une déception. Je persévérais tout de même encore un peu. Couplé à la flemme d'avoir à défricher un opus à la longueur excessive je m'en allais fouetter d'autres chats. J'ai toujours plusieurs chroniques sur le feu, ainsi je peux switcher dès la saturation. L'avantage est de laisser faire le temps et de changer de perspective, l'inconvénient majeur est que le disque est sorti il y a un bout et la nouveauté n'est plus très nouvelle.

Qu'est-ce que je lui reproche ?
Car ça commence pourtant plutôt bien. Sur fond d'orage une voix de ghoule introduit la scène puis des violoncelles étranges et inquiétants font monter le suspense jusqu'à ce que le Metal barbare tant attendu nous explose au visage avec un son de motoculteur démesurément gras. On prend immédiatement un pied salace en attendant que le maître de cérémonie, l'infâme Mark of the Devil, ne vienne rajouter ces vocaux possédés à l'ensemble. Le voilà qui s'élance sur un riff groovy endiablé, mais malgré les différents personnages à interpréter il ne change pas vraiment de voix (alors que c'est sa spécialité).
Les riffs s'éternisent, l'attention se dilue. Paf, un gros changement vers la 9ème minute, plus lourd et lent tandis que le chanteur hurle à la lune comme un dément. On traîne comme ça pendant des minutes. On a beau aimer ce riff de Doom sale qui grésille dans la nuit on est content de le voir remplacé par un autre, tout aussi sympa, tout autant répété ad nauseam. Quand un super break totalement BLACK SABBATHien débarque à la 18ème minute on en peut déjà plus.

Bref. Le disque est long, très long, trop long, avec une répétition des riffs et des plans qui rendent le tout linéaire, avec le risque de finir par nous saturer, nous perdre et finalement nous ennuyer. Sous prétexte de faire dans le narratif et les langueurs Doomesques CDG a perdu l'impact de chansons plus concentrées (même s'ils ont toujours eu tendance à pondre de longues pistes). Plus grave encore, il semble avoir perdu en folie. Les breaks puissants fleurant bon les 80s et les changements inattendus qu'on trouvait sur le précédent opus "Henbane" sont dissous dans la masse et le chant incroyablement dingo et versatile de Mark of the Devil se normalise en s'étalant. Oui j'aurais aimé qu'il pousse l'idée de la pièce de théâtre jusqu'au bout en incarnant véritablement chaque personnage avec une voix différente. Cela aurait rendu la chose plus vivante et prenante.

Pourtant, pourtant, pourtant, les riffs sont bien souvent excellents, le son est fabuleux et les parties non-Metal (résumons-les comme ça) sont réussies et prenantes.
Le son a toujours été le principal attrait de CULTES DES GHOULES. Il est ici encore plus énorme et gras qu'avant, trempant sa malfaisance dans un bain d'acide psychédélique à l'ancienne. Tiré par la basse la plus grosse de l'Enfer, on le qualifierait bien de Black Stoner Doom.
On est transporté dans un bayou marécageux, cadre de vie putride pour des quakers apeurés vivant dans la superstition. Ça tombe bien c'est un peu dans ce genre d'ambiance que se déroule la "pièce". Une charmante histoire de damnation volontaire qui nous est narrée à travers les longues tirades de divers personnages, villageois, vicaire dialoguant avec les démons, diseuse de bonne aventure, promise qui choisit le chemin du mal plutôt que l'amour et le mystérieux Old George, guérisseur pour les uns, sorcier satanique pour les autres. Le niveau de langue varie selon les personnages, de l'argot d'incultes aux registres châtiés, dans un anglais théâtral et riche. L'histoire se devine en filigrane derrière les tirades, réparties en cinq scènes (correspondant aux 5 morceaux).

Malgré une durée aussi longue la musique reste dans son registre de Black Doom crade et mid-tempo. Sans que l'on s'en aperçoive on glisse d'une monstruosité à l'autre, écrasement électrique invoquant "Dopethrone", climats seventies lourds façon "Master Of Reality", relents de Black Punk comme sur "Ablaze In The Northern Sky". Des influences subtiles qui teintent la musique plus qu'ils ne la transforment.
Après une troisième scène poussive, la suivante réveille les morts avec un début bouillonnant à la MORBID ANGEL et nous assène un groove de charcutier au bon goût de CELTIC FROST/DARKTHRONE. On se dit alors qu'on tient le bon bout, qu'enfin ça va nous ébouriffer, et puis non, le titre traîne sur la fin. Même chose avec le quatrième et dernier acte qui occupe à lui tout seul le second CD du haut de ses 28 minutes, qui après un démarrage prometteur avec un Doom horrifique accompagné d'orgue rappelant mes chouchous de ABYSMAL GRIEF et une série kiffante de riffs gros et gras (avec encore ces bonnes effluves de Tom G. Warrior et Nocturno Culto) jusqu'à l'arrivée du Sabbat, se finit en une répétition lourdingue et finalement écœurante.

CULTES DES GHOULES un groupe hors normes et mystérieux (c'est très dur de savoir qui fait quoi, aucun des membres n'étant crédité précisément dans le livret), actif dans les ténèbres depuis 2005 et qui mue de disque en disque. "Coven" est son œuvre la plus concise, même si elle s'étale trop. Le déchaînement barbare y est canalisé et les riffs bien délimités. Le livret en main et la concentration au taquet, avouons que l'on prend beaucoup de plaisir, avec pour fil directeur ce son de fou. À force de s'y plonger on se laisse apprivoiser par cette œuvre colossale, on en supporte les longueurs et les lourdeurs, et l'on se dit qu'en fait c'est un grand disque.
Mais, mais, mais, réécoutons le terrible "Henbane" et rendons-nous à l'évidence : il était tout simplement plus réussi. "Idills Of The Chosen Damned", le titre d'ouverture, était à lui tout seul 100 fois plus excitant que tout "Coven". Il nous manque en effet des accélérations furieuses et des blasts brutaux qui contrastaient si bien avec les langueurs ritualistes. On regrettera aussi que soit absent le feeling de vieux Black underground des 80s bien diabolique (à la BEHERIT, NECROMANTIA ou MORTUARY DRAPE) qui suintait des précédents disques. On ne perd pas forcément au change avec cette puissante marque de Doom seventies, les odeurs de crypte et de garage étant remplacées par celles de l'encens, du haschisch et des marécages.

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   PERE FRANSOUA

 
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1. Disque 1:
2. The Prophecy (prologue) / Devell, The Devell He Is
3. Mischief, Mischief, The Devilry Is At Toil... (sce
4. Strange Day, See The Clash Of Heart And Reason...
5. Storm Is Coming, Come The Blessed Madness... (scen
6. Disque 2:
7. Satan, Father, Savior, Hear My Prayer... (scene V)



             



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