DARKTHRONE (plutôt milieu de carrière), BURZUM, un peu SATYRICON, NARGAROTH, peut-être les tous débuts d'EMPEROR. Je balancerais bien un petit SORCIER DES GLACES mais ce serait franchement juste pour l'origine québécoise.

Voilà.
Quel ennui.

"Metal Noir Québécois" peut bien agiter ses quelques secondes de musique folklorique aussi dépaysante qu'incongrue, son titre d'une cocasserie en tout point drôlatique, il m'ennuie. Oui FORTERESSE maîtrise ici une esthétique, convenablement lo-fi sans être hideusement cradingue, étalant avec lenteur et répétition, et répétition, et répétition, et répétition, et répétition, et répétition, et répétition, et répétition, ses leads langoureusement minimalistes, il est presque convaincant dans son orthodoxie norvégienne.

Et après ? Rien.
Plus rien.

TakdododoTakdododoTakdododoTakdododo, la boîte à rythme me réveille par sa mécanique trop froide pour être vraie, trop propre pour être rouillée, trop Black Metal pour ne pas être Black Metal, alternant le blast et le tapis de double avec calme, ronronnant comme un moteur inutile. Et *poum-tak* quelle faiblesse lorsqu'il s'agit de faire autre chose. Et le chant est Black Metal, terriblement Black Metal mais sans que sa supposée passion déchire et atteigne l'âme(*). Oui "Metal Noir Québécois" transpire le Black Metal, à tel point que j'ai envie de remplacer tous les mots de ma chronique par "Black Metal".

Black Metal. Black Metal Black Metal ? Black : Metal Metal, Black Metal.
Krieg, même.

"Metal Noir Québécois" est d'une banalité à n'être même pas mauvais. Il est simplement bland, dénué de tout intérêt rythmique, il n'est qu'une machine à fournir lentement du riff instantanément Black Metal, de la mélodie instantanément Black Metal, du trémolo picking instantanément Black Metal. Il n'est même pas vide d'identité : car FORTERESSE se reconnaît au caractère héroïque de ses mélodies traînantes, beaucoup plus souvent tonales que ses modèles. C'est ce travail mélodique qui le sauve car à l'extrême limite de l'ennui se tient le début d'une maîtrise : la maîtrise de l'hypnotisme. "Jesus Død", "Transilvanian Hunger", FORTERESSE en est la version épique, qui voudrait fendre les cieux et découvrir l'infini, porter haut la flamme du Québec et graver "Je Me Souviens" en lettres de sang sur la voûte stellaire.

Allez-y lancez la troisième piste. Passez les quelques secondes de Folk québécois. Au moment où ça part hurlez : JE ME SOUVIEEEEEEENS ! Oui ça fonctionne, et même plutôt pas mal. Sauf que pour gueuler "Je me souviens" en continu pendant tout le disque il vous faudra beaucoup de souffle, un souffle qui devrait animer le disque et ses compositions, le porter tout du long de ses cinquante minutes. Un souffle qui anime ses modèles cités en début de chronique.

Un souffle dont "Metal Noir Québécois" est dépourvu.

Et pourtant non, FORTERESSE ne sera pas éternellement saqué sur NIME car "Thèmes Pour La Rébellion" existe. Et si mon jugement le concernant n'est pas encore arrêté, il se porterait plutôt sur un nombre supérieur d'étoiles. Mais si l'on dit un peu partout sur les internets 3.1 de "Thèmes Pour La Rébellion" qu'il est le meilleur album du groupe depuis "Metal Noir Québécois", il me fallait répondre que cela ne veut pas dire que "Metal Noir Québécois" soit bon.

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(*)Exception : aux alentours de la cinquième minute de "Une Nuit Pour La Patrie" franchement c'est sympa.