Ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur un groupe qui tente de réinventer à sa manière un style aussi plombé que le Black Sympho. ENTROPIA INVICTUS s'est attelé à cette tâche ingrate avec son premier album et… ne s'en est pas si mal sorti !

Autrefois appelé ENTROPIA seulement, ce combo français, qui a sorti deux skeuds Power/Black sous cette ancienne étiquette, œuvre maintenant dans un Black Atmo/Sympho un brin théâtral, un brin gothique, un brin bestial et un chouia démoniaque. Impossible de ne pas être égratigné par la griffe européenne sur ce disque, à moins d’avoir les oreilles vertes ; tout respire l’Europe, autant dans la prod’ que le jeu, surtout le synthé. J’étais certain au début que j’avais affaire à des Latins ou des Autrichiens, voire des Polonais… Certes, nous sommes loin de l’exubérance studio des leaders du sous-genre, la facture de "Human Pantocrator" est assez sèche et basique, mais les Français ont développé une musique suffisamment prospère pour attirer l'attention et, à la longue, mériter notre respect.

Justement, plus les écoutes défilent, plus le disque étend ses tentacules sur la mappemonde. La musique devient plus internationale, emprunte des gimmicks à tous les continents, avec ses quelques accents orientaux, ses percussions tribales, ses ambiances cauchemardesques scandinaves à la CARACH ANGREN, ses chœurs à la SEPTICFLESH, son artwork à la BEHEMOTH, etc. ENTROPIA INVICTUS semble se conforter dans son rôle de caméléon au fur et à mesure que nous nous familiarisons avec son Black très accessible… malgré tout ! Surtout en seconde moitié d'album, quand la surprise et la confusion autour de tellement d'influences s'estompent. Arrive alors le pilote automatique, pire ennemi en musique, celui qui nous empêche de repousser les frontières.

"Human Pantocrator" n'échappe pas au piège à ours et qui l'en blâmerait ? Une première expérience en Black Sympho est toujours hasardeuse et est souvent synonyme de melting pot… fondant trop rapidement. C'est le cas en seconde moitié d'album et ça coûte cher aux Français, qui sont toutefois bluffants avant l'interlude "Kurzweil's Dream". En résulte un déséquilibre menant inévitablement à un easy listening sans feux d'artifices dès que le compteur dépasse les vingt minutes. Certains aimeront cette simplicité, moi j'y vois du gaspillage.

Surtout que les Français savent envoyer la sauce. Leurs riffs et mélodies, découlant du Black Mélo, répondent aux standards du genre et viennent complimenter la paroi symphonique prédominante de "Human Pantocrator". Le reste de l'orchestre est correct, mais parfois noyé dans les chœurs, dont la multiplication jette parfois un voile kitsch des années 90 sur l'effort honnête en rythmiques variées.

Au-delà de ces maigres remontrances, le niveau de divertissement qu'atteint ENTROPIA INVICTUS est assez élevé pour capter trois étoiles. Les fans de Black Sympho pas trop balèze sortiront gagnants de cette écoute somme toute assez conventionnelle, dès lors qu'un certain nombre d'écoutes auront forgé vos pavillons. Car oui, lors des premiers rounds, on sursaute à quelques détours !

Podium : (or) "The Builder / The Destroyer", (argent) "I Will Overcome", (bronze) "Among Us".

Indice de violence : 2,5/5.