Fans de WOODS OF YPRES, réjouissez-vous, car David Gold est revenu d'entre les morts pour nous offrir un nouvel opus. Ou presque.

Si vous suivez l'actualité de la scène Doom Metal de ces dernières années, vous êtes sûrement tombés sur KUOLEMANLAAKSO, un groupe de Doom/Death finlandais tout ce qu'il y a de plus traditionnel – en dehors du fait que le chant est en finnois. Sauf que là, le guitariste, M. Laakso, a décidé de sortir un petit album-interlude qui tranche franchement avec le style d'origine du groupe. Exit les growls ; bienvenue dans le monde du Gothic Doom kitsch et assumé, dans la plus pure lignée de "The Green Album" de WOODS OF YPRES. Ce qui annonce d'emblée un mélange de satisfaction coupable et de déception affichée pour l'auditeur, car les mêmes points positifs et fautes de goût sont décelables sur les deux albums.

Premier constat, le chant de M. Laakso ressemble fortement à celui de David Gold : une voix grave, un peu pâteuse (chose très évidente sur le refrain de "Where The River Runs Red"), pas désagréable mais manquant un peu d'intensité. Et la ressemblance entre les deux hommes ne s'arrête pas là. Ils ont également tous les deux un certain goût pour les paroles un peu creuses qui se répètent, même si le phénomène – Le FSM (*) soit loué – est bien moins prononcé ici que chez WOODS OF YPRES. Si vous êtes imperméables aux textes des chansons, cela ne devrait pas vous gêner ; mais pour les autres, cela risque de rapidement vous faire sourire, alors que le disque n'est pas vraiment censé faire dans le comique.

Il est également amusant de constater que, si les riffs utilisés sur les albums précédents de KUOLEMANLAAKSO ne faisaient aucun effort pour être appréhensibles par le premier venu, ceux de "The Gothic Tapes" trempent les deux pieds dans la Pop, ce qui remplit le disque de titres immédiatement reconnaissables après une seule écoute, même distraite, a l'instar de "The Green Album". Les compositions sont très classiques, avec des mélodies faciles d'accès et des structures tout aussi simples. Soutenues par une production en béton, un bon équilibre entre basses et aigus et un enregistrement carré et sans bavure, toutes les pistes font montre d'un grand professionnalisme dans leur conception, malgré leur manque de créativité.

Le vrai problème est finalement que ce disque suit le modèle de l'idéal-type de l'"usine à tubes commerciaux" : que des chansons pouvant être écoutées indépendamment les unes des autres sans perdre de leur sens et qui s'adressent à un potentiellement large public, mais qui font plus appel à la simplicité qu'à l'audace et l'inventivité – bien que la réalité soit que la portée de cet album va probablement rester confinée à un audimat limité. Prenez "Children Of The Night" ou "The World's Intolerable Pain" : ces titres ont tout du cliché du single de Gothic Metal un peu kitsch mais extrêmement bien pensé pour plaire, avec des mélodies faciles à se remémorer et une prise de risques minimale. "Deeper Into The Unknown" est encore plus enrobé de guimauve, avec une chanteuse à voix sensuelle (Helena Haaparanta de CRIMFALL) et de la guitare acoustique. Finalement, seul "No Absolution" fait figure d'exception au milieu de ce décor à paillettes : du Doom, du chant Death ; on croirait entendre… du KUOLEMANLAAKSO. Ça fait quand même du bien.

Mais, après plusieurs écoutes, je ne sais toujours pas si je dois vraiment cracher sur ce disque en le traitant comme une compilation de clichés commerciaux mielleux et sans identité ou non. Car au-delà de son côté agaçant, il faut bien avouer que j'ai passé un bon moment en sa compagnie. Il est difficile de ne pas quand même trouver quelque chose de plaisant au milieu de cette facilité : l'on aimerait bien se dire que l'on est un dur, que ce genre de musique n'est pas fait pour nous, mais M. Laakso sait s'y faire en matière d'efficacité, et l'on craque facilement à l'idée de réécouter un petit "Roll The Dice With The Devil". C'est donc vaguement déçu, mais avec le sourire, que l'on termine l'écoute de "The Gothic Tapes" : beaucoup de facilité, mais le tout est globalement sympathique. Et si c'était justement là l'objectif de M. Laakso ? Je vous en laisse seuls juges.