Le Metal norvégien a changé diablement depuis quinze ans. Autrefois identifié simplement aux Vikings et au Black Metal satanique, voilà que des groupes tels que KVELERTAK, LEPROUS et VIRUS envahissent la scène et poussent les gros poilus en dehors avec leur Metal différent.

Le phénomène Rock Psyché VIRUS, est l'apologie de cette nouvelle ère de transition. Organique, boueux, cool, un brin fou sur les bords, groovy, pas trop pressé, le trio accouche avec "Memento Collider" d'un quatrième album après le très réussi "The Agent That Shapes The Desert", qui nous entraînait littéralement dans le désert rouge d'Australie ou d'Arizona, en jeep ou à dos de cheval. Un album fun, accrocheur, mystifiant et bourré à ras-la-poire d'images percutantes. Un petit exploit, compte tenu que VIRUS repose seulement sur les instruments de base… mais quels armes !

Les Norvégiens sont de retour avec un album aux couleurs diamétralement opposées à leur sortie de 2011 : du rouge-cuivré, on passe au noir et blanc. Du désert, on nage dans une twilight zone, flottant entre l'espace et les terrains pétrolifères, un territoire large que notre imagination s'appropriera encore une fois. Les guides de cette odyssée sont si habiles qu'il est facile d'y participer, qu'il fasse foutrement chaud ou mortellement froid. Oui, car la musique de VIRUS est en même temps à couper au couteau et glisse aussi mollement que le beurre sur une lame brûlante.

Cette guitare d'abord… On la dirait maniée par un bluesman possédé par la dissonance; cette guitare du vétéran Czral (AURA NOIR, DODHEIMSGARD), immédiatement reconnaissable entre mille, nous titille l'oreille à chaque note aiguë qu'elle gerbe. Parallèlement, dans les graves, la basse de Berntsen, semble dotée d'une langue, car il est facile de suivre les histoires qu'elle nous raconte. Magique et hétéroclite ! Essayez de ne pas danser sur les "Afield", "Rogue Fossil" ou "Gravity Seeker" !

Le batteur Einar n'a qu'à pimenter cet ensemble de sa touche aussi diversifiée pour créer une véritable boîte de fusibles, une boîte de feux d'artifices, qui explose à lente vitesse. On est de retour dans les années 70, mes chers amis, où les musiciens talentueux tiraient dans tous les sens à la recherche de nouvelles sonorités.

Et que dire du chant clair unique de Czral… Putain, ces cordes vocales sont la définition du psychédélisme ! Ce type a l'air de se foutre de tout, comme s'il était paf, mais non, tout est bien contrôlé. Il vient cimenter l'apparente débâcle musicale de sa présence contagieuse et pousse VIRUS vers le peloton de tête des entités difficilement classables.

Avant-Garde, Rock Psyché, peu importe l’étiquette que vous accolerez à VIRUS, vous êtes mûrs pour une sacrée pirouette dans l’œil d’une tornade empestant la marijuana. Excellent successeur à "The Agent That Shapes The Desert" et la pierre d'accise d'une discographie jeune, mais bien garnie.

Podium : "Gravity Seeker", "Rogue Fossil", "Phantom Oil Slick".