Dario Derna est un vétéran de la scène métallique underground américaine, qui a officié dans plusieurs groupes à différents postes, notamment avec EVOKEN qu’il a cofondé, avant de trouver sa voie avec ses deux one-man band, KHROM et RITUAL CHAMBER.

Après avoir bourlingué pas mal dans le Black, il renoue avec le Death à tendance funéraire d’EVOKEN sur "Obscurations (To Feast On The Seraphim)", premier crachat de RITUAL CHAMBER. Un projet malsain, pestilentiel auquel je suis accroc, aussi intimidant que la rigolote pochette et aussi poisseux qu'un tas de cadavres baignant dans la vase. Belle image, je sais.

J'ai longtemps hésité avant de vous parler de cet album signé chez Profound Lore, car je ne savais pas trop par où l'empoigner pour ne pas qu'il me glisse entre les doigts. Et puis je me suis dit "merde, allons-y comme ça viendra". Je suis mitigé, voilà pourquoi, je dois refréner mes pulsions.

L'ambiance que Derna instaure sur ces "Obscurations" est remarquable, c'est une des plus sales que j'ai entendues cette année. La production est parfaite pour ce type de volcan miniature, dont les salves acidulées commandent une écoute attentive. Pas qu'elles soient ardemment digestes, au contraire, mais les riffs rondelets à la VOMITORY et la basse bourdonnante de Derna sont si bien imbriqués qu'on n'a pas le choix d'en jouir le plus possible. Bref, RITUAL CHAMBER porte bien son nom, car son caractère est morbide et violent à souhait.

Alors pourquoi hésiter à encenser ce projet ? Car je ne suis pas certain que RITUAL CHAMBER a les atouts nécessaires pour déloger les GRAVE MIASMA, DEAD CONGREGATION, IMPETUOUS RITUAL ou LVCIFYRE. Il se tient toutefois dans le peloton avec un bel aplomb… en espérant qu'il ne manquera pas d'oxygène. Certes, il écrase des combos tels que FATHER BEFOULED, y'a pas à tergiverser, "Obscurations" étant de la petite bombe pas trop proprette et un divertissement idéal pour les hommes et femmes des cavernes que nous sommes tous un peu.

Dès qu'on a classé ce moucheron obèse dans la bonne alvéole, on peut se concentrer sur les petits détails qui nous donneront envie de revenir se baigner dans la fange. Je pense de suite aux petits samples atmosphériques disséminés sur la galette, qui nous évoquent le passage de Derna en Doom/Death. Le hic, c'est qu'ils sont un peu trop rares pour passionner et surprendre à chaque tournant de ce labyrinthe, dont il est facile de sortir au final.

RITUAL CHAMBER semble aussi trop s'appuyer sur ses forces, soit le tissage de cordes dégoulinantes de suif, supposées effrayer les enfants. La première demi-heure, ça va, mais après plus de 59 minutes, on flaire une certaine redondance et on a hâte que ça se termine. MAIS, le goût de resauter le lendemain est présent si on est fan du genre. À voir maintenant sur la longueur, mais je parierais que Derna devra pousser le bouchon un chouia plus loin la prochaine fois pour bien planter ses crocs et ses serres dans notre chair.

Un très bon effort de la part d'un vieux routier qui n'a pas fini de nous raconter ses péripéties dans sa Cité de Dité personnelle. Bravo !

Note : 3,5/5, car je suis vendu à ce style et parce que… ça fait bien 20 fois que je l'écoute, une excellente preuve que RITUAL CHAMBER a du molosse en lui.

Podium : (or) "Beings Of Entropy", (argent) "Toward A Malignant Bliss", (bronze) "As Dust And The Animal".