20 ans ! Rien de moins ! Voilà ce que nous avons du attendre pour revoir mon barbu fétiche revenir sur le devant de la scène sous son propre nom…
Pourtant, les dernières productions estampillées BLACK LABEL SOCIETY ne laissaient pas trop de place au doute : on se disait qu'il allait bien enfanter à un moment ou à un autre une suite à ce premier fantastique "Book Of Shadows" ! Obligé merde !
Les indices étaient légion : nombreux titres dans la même veine depuis de nombreuses années, certains ont même pensé que le "The Song Remains Not The Same" et "Unblackened" (unplugged) étaient de ce calibre… Mais non… Et c'est finalement au moment de franchir le cap de la double décennie que le père Wylde balance ce que l'on n'osait plus espérer !

Ce travailleur acharné, compositeur permanent s'offre ici une parenthèse dans le planning de BLS, en débranchant totalement les guitares. A-t-il pour autant retrouver le folk, le blues et le southern qui avaient tant fonctionné ?
Ce qui frappe toujours autant ici c'est bien la différence entre le visuel du personnage et sa musique : on s'attend toujours à voir notre bûcheron barbu féroce donner dans le violent et c'est une montagne de mélancolie et de spleen qui déboule dans vos enceintes.
Notre lascar pousse le vice encore plus loin en reprenant sa clique de BLS (Fabbs à la batterie et DeServio à la basse) mais ne laissant planer aucun doute : il est à l'origine de tout !
Dylan est présent ("The Levee", se terminant pourtant avec une voix de dépressif...), LYNYRD SKYNYRD ("Eyes Of The Burden" mais surtout "Yesterday's Tears" hommage non dissimulé à "Tuesday's Gone" !), Hendrix aussi par moment ("Lost Prayer").
On a le droit à quelques soli électriques comme "Lost Prayer" ou surtout celui de "Darkest Hours" tout simplement génial (très long en plus !).
L'ensemble demeure sur le terreau de la complainte : les textes sont religieux, sentimentaux, gorgés de nostalgie et de regrets.

Pourtant, la comparaison évidente que l'on réalise avec le précédent opus est sans ambiguïté : le déroulement est (beaucoup) trop linéaire. Une trop grande partie des morceaux est composée sur le même schéma repris encore et encore : un son clair de guitare quelconque, des nappes de claviers avec un orgue Hammond. Les pistes s’enchaînent avec ce sentiment d'avoir toujours une même rythmique de guitares, une construction d'un classicisme gênant (attention…. Voilà le solo…. Et retour du refrain…). Les arrangements sont donc moins poussés et diversifiés. La trop grande homogénéité dessert l'ensemble.
Et malheureusement la voix ne répond plus au cahier des charges… En effet, on mesure à l'épreuve des écoutes que les 20 ans n'ont pas été bénéfiques aux cordes vocales, la faute à des excès largement abordés ici même par le passé… Attention, je demeure toujours autant mordu mais on perd une modulation qui déçoit.

Si il faut bien avouer que l'on ne boude pas notre plaisir à retrouver Zakk sous son propre nom et derrière la dénomination "Book Of Shadow", il faut bien reconnaître que le pari était osé de revenir sur ce terrain devenu au fil du temps un lieu sacré…
Ici, aucun titre ne sort véritablement du lot. Pas de claque comme par le passé (mais où est passé ce "Road Back Home" par exemple ?). Certains trouveront le temps long, il faut de suite le reconnaître.
On apprécie tout de même le geste de notre américain qui nous livre 14 morceaux et 60 minutes agréables, sorte de bande son à écouter durant un hiver rigoureux, coincé par la neige dans un chalet en buvant un thé chaud…
Si cette parenthèse est un exutoire pour Wylde, on ne pourra qu'espérer un retour aux affaires chez BLS avec autant de férocité que cet opus regorge de mélancolie et de spleen, histoire de contenter le plus grand nombre de fans...