Bon forcément quand on a été fan de QUEENSRΫCHE dans les années 80/90, on s’intéresse non seulement à QUEENSRΫCHE nouvelle version (celle avec l'excellent Todd La Torre) mais également à Geoff TATE parti fonder OPERATION:MINDCRIME dont il est question ici. Le père Tate ayant enfin "accepté" de vendre ses droits à ses anciens copains. Si j’ai acheté le petit dernier de QUEENSRΫCHE, "Condition Hüman", j’ai également acheté "The Key", ça va de soi. Et difficile de ne pas comparer les deux groupes évidemment. Les deux albums étant d’ailleurs sortis à quelques jours d’intervalle. Sacrée coïncidence n’est-il pas ?

Et naturellement, s’il y en a un que je préfère et de loin (c'est presque le jour et la nuit), c’est bien évidemment l’album de QUEENSRΫCHE nouvelle version même si j’avais placé beaucoup d’espoir en ce nouvel album de Geoff TATE… enfin de OPERATION: MINDCRIME. Malheureusement ce dernier n’atteint à aucun moment les sommets que peut atteindre le petit dernier de QUEENSRΫCHE. Autant la bande à Wilton/Rockenfield/Jackson pour ne citer que les membres fondateurs, revigorée à bloc, réussit avec brio à raviver les flammes du passé en renouant avec l’âge d’or du groupe, autant Geoff Tate est sur une toute autre approche (plus moderne ? plus créative ? plus Pop ? Un peu de tout ça peut-être mais sans le résultat escompté), celle qu’il a menée déjà en son temps quand il était au sein de QUEENSRΫCHE. Si "The Key" parait néanmoins légèrement plus solide et consistant que le précédent opus "Frequency Unknown" (2013) de QUEENSRΫCHE (celui de Geoff Tate cette fois), et bien loin de cette belle bouse qu’est "Dedicated To Chaos" (2011), il ne soutient absolument pas la comparaison avec "Condition Hüman". C'est un fait.

Premier constat : la production ! Rien à voir avec la production claire, organique et épurée de "Condition Hüman". Je ne comprends d’ailleurs pas que l’on puisse avoir une production d’aussi piètre qualité en 2015. Le son est brouillon au possible, étouffé, il y a trop de basse à mon goût et forcément la voix de Geoff Tate n’est ici absolument pas mise en valeur. Difficile ainsi de se faire une véritable idée de ce que Geoff Tate a conservé niveau vocalises même si il parait ici bien en deçà de son niveau d’antan. Niveau instruments, ce n’est bien évidemment pas la panacée à cause de ce son beaucoup trop brouillon.

Second constat : les compositions. Rien à voir avec celles carrément dynamiques, énergiques ("Guardian" au hasard !) figurant sur "Condition Hüman". Ici, il n'y a aucun éclair de génie, pas de "Eye 9", pas de "Guardian", pas de "Condition Hüman" voyez-vous… Non. L'ensemble des compositions reflètent à peu près ce que Geoff Tate peut proposer musicalement depuis maintenant une quinzaine d'années. Le bonhomme, entouré de Kelly Gray et de Scott Moughton pour le Songwriting, reste globalement dans son trip mou, multiplie les interludes ("Discussions In A Smoke Filled Room", "An Ambush Of Sadness" ses violons et sa harpe)- lesquels servent davantage les ambiances -, les voix narrées ("Choices", "On Queue"), expérimente et propose davantage de compositions ambiancées et atmosphériques ("Kicking In The Door", "On Queue" et son saxo) qu’énergiques. De ce fait, le manque de rythme sur "The Key" est particulièrement flagrant. L'ensemble est même plutôt amorphe au final, si bien que l’écoute du disque devient rapidement ennuyeuse. Et pour peu que quelques morceaux se fassent un poil plus virils le refrain tombe complètement à plat ("Ready To Fly").

Fort heureusement tout n'est quand même pas de cet acabit sur le disque. On soulignera donc quelques compositions qui relèvent un poil le niveau et tirent leur épingle du jeu à l'image de ce "Hearing Voices" un peu simple certes mais assez énergique avec ses riffs pêchus, de ce titre d'ouverture qu'est "Choices" peinant à décoller certes mais qui est plutôt porteur d’espoir quant à la suite de l’album, ou bien encore de cet étonnant "The Stranger" avec ce chant rappé (déjà vu avec Geoff Tate) et ses guitares grassouillettes. Enfin, si il y a bien un titre qui sort véritablement du lot sur cette galette c'est bien "Re-inventing The Future" qui ne sera pas sans rappeler le QUEENSRΫCHE classique. Malheureusement tout cela ne casse pas trois pattes à un canard et reste bien mince pour considérer "The Key" comme un bon album. Car si on regarde bien, il ne l'est pas.

Il parait que "The Key" fait partie d'une trilogie... Ce qui malheureusement n'augure rien de bon pour la suite. Ou alors Geoff Tate prend un peu de recul, souffle un bon coup et repart sur de bonnes bases. En est-il capable ? Rien n'est moins sur ! Vu ce que propose désormais le Rÿche sans lui ("Queensrÿche" & "Condition Hüman") permettez-moi légitimement d'en douter. A suivre donc !


Note réelle: 1,5/5 arrondie à 2/5.

Morceaux préférés : "Re-Inventing The Future", "The Stranger".