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2012 Love Sex Machine
2016 Asexual Anger

LOVE SEX MACHINE - Asexual Anger (2016)
Par ISAACRUDER le 27 Mars 2016          Consultée 1477 fois

L’avenir voulu par le Système est celui de l’Homme détaché. Détaché de ses déterminismes naturels en premier lieu (le sexe, l’ethnie), puis sociaux (lui faire oublier sa condition de classe) et enfin spirituels et moraux. Ce qu’Orwell décrivait déjà dans 1984 arrive à notre époque. Le Parti dirigeant empêche toute relation amoureuse, il annihile toute sexualité sans visée reproductrice. Cantonné au statut d’outil, l’ouvrier incarné par Winston a perdu cette identité sexuelle avant de perdre cette identité de classe. Il n'est pas étonnant des lors que son acte de rébellion soit celui de mêler son corps avec Julia, de se sentir dans l'interdit, et de faire valoir sa dernière humanité au travers de l'amour charnel. L’évolution du féminisme moderne tend vers ce « progrès » : de véritable mouvement essentiel s’attaquant à des problématiques importantes il est devenu le porte-étendard de l’attaque contre les hommes. Son soutien au gender et l’aval du Système pour l’encourager sont autant de signes précurseurs de cette lutte du Capital bientôt gagnée. Le Léviathan salive encore une fois, car plus l’Homme sera détaché de ses repères, plus il sera docile, incapable de s’accrocher a une barre de bois lors du raz de marée qui emportera chacun dans la catastrophe à venir. De la main d’œuvre asexuée, dépolitisée, enfantée dans l’idée du consumérisme et du mondialisme, bercée par les illusions du libre-échange et du bonheur pour tous.

De fait j’adore le titre de ce nouvel album de LOVE SEX MACHINE. "Asexual Anger". La colère asexuée. Un oxymore efficace, brutal. Quand le projet de démantèlement du repère sexuel sera terminé il n’y aura plus de colère possible. Ou bien elle sera désordonnée, chaotique, comme cet excellent artwork le montre, sale et répugnant. Il est amusant que le groupe ait choisi un tel titre étant donné sa passion pour la violence. Car Love Sex Machine est sombre, puissant, massif. Leur Sludge est noir, rampant, il s’insinue dans l’esprit comme une bête vorace, les riffs pleuvent en orage de feu, la batterie matraque sur le déluge, le chant n’a pas d’autre volonté que de déshumaniser une musique déjà bien trop froide et impitoyable, marquée souvent par le Black Metal (le morceau éponyme).

"Asexual Anger" me rappelle le "Koloss" de MESHUGGAH dans sa cohérence et son atmosphère opaque, hermétique. Seule compte l’incessante profusion du chaos, la construction progressive d’une ambiance sans lumière où il ne reste qu’à accepter sans bouger l’écrasante musique qui nous assaille. L’album est glacial, le son y étant pour beaucoup. L’usage de guitares 7 cordes apporte à des riffs simplistes de la lourdeur, rappelant le groove et l’évidence des derniers DEFTONES mais avec la drogue en injection permanente (sournoise "Devolution").

Cette simplicité est néanmoins le défaut de l’album, LOVE SEX MACHINE s’enfermant dans un Sludge très Doom qui ne décolle presque jamais, la faute à des riffs qui se répètent et surtout un rythme trop limpide. Si le chant féroce et inhumain vient salir ce son trop propre, on ne peut que regretter que LOVE SEX MACHINE dévoile son jeu : celui de vouloir trop bien faire. Album bien plus carré et maîtrisé qu’avant, "Asexual Anger" souffre cependant du syndrome du disque qui se voulait impressionnant et parait de fait faux. Le tout est pourtant efficace, car la musique magnétise, et c’est là toute l’ambivalence de l’album. Si les riffs sont simples et se répètent, ils sont aussi souvent diablement efficaces et entraînent une forme de calme méditatif ("Black Mountain") . On se laisse tout bonnement entraîner dans la tourmente avec un certain plaisir coupable, tout en se disant que c’est quand même incroyablement basique ce qu’il se passe.

Je dois admettre que c’est ce tour de force qui m’impressionne. Car "Asexual Anger" est véritablement peu original, sa démarche facile, ses riffs bateaux. Mais il exerce une forme de fascination étrange qui me rappelle ce que j’avais connu avec le "Lowgazers" de PLEBEIAN GRANDSTAND. Je ne pouvais aimer totalement cet album car je cernais ce qu’il était : une copie de groupes existants et un album vain. Mais je reviens parfois dessus, encore fasciné par l’atmosphère qu’il dégage. Il faut dire aussi que liée aux textes, la musique glaciale et rampante de LOVE SEX MACHINE prend son sens et parait bien plus pensée, sauvage et provocante. Tout ce que j’aime finalement. Aussi "Asexual Anger" est-il moyen, trop peu varié, peu inspiré. Mais étrangement on y revient avec envie, comme pour se prendre une salve purificatrice de violence. Comme avec PLEBEIAN GRANDSTAND finalement, mais en bien moins cathartique.
Et pour boucler la boucle sur mon léger réquisitoire concernant la destruction des repères sexuels :

"Behind the mirror
Your reflection is unknown
Asexual anger boiling in your veins
Reveal your lack of identity
Turn off your instinct
Disarm your male body."

“Disarm your male body” ou l’injonction du Système pour anéantir toute révolution. Comme si Winston n'avait jamais rencontré Julia, et que leur révolte n'avait jamais eu lieu; que cette dernière étincelle d’humanité avait disparu au profit de l’obéissance robotique.

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   ISAACRUDER

 
  N/A



- Yves (guitare, chant)
- Xavier (batterie)
- Guillaume (basse)
- Jb (guitare)


1. Asexual Anger
2. Drone Syndrome
3. Black Mountain
4. Aujeszky
5. Devolution
6. Atrocity
7. Infernal Spiral
8. Silent Duck



             



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