DUM DUM BULLET tient son patronyme d’une balle particulièrement dévastatrice recouverte de nickel, et striée de petites fentes. Le choc sur un corps fait éclater la chemise de la balle qui se déforme selon les stries et éclate même parfois pour faire plus de dégâts. Voilà pour la petite histoire …
Et à l’écoute de son unique album, on comprend illico ce choix, mais nous y reviendrons.
Comme beaucoup de groupes de Province, sa naissance repose sur les cendres d’autres formations, où tout le monde se connaît, fréquente les mêmes lieux, et copule musicalement à l’occasion dans la joie et la bonne humeur. Originaires du Mans, Jimmy Heudes (basse) et Jean-Luc Davy (guitare), font de la Musique avec un batteur, enregistrent des maquettes, font leur petit bonhomme de chemin… Dopés par leur envie d’en découdre, les compères vont bousculer le public un peu amorphe de l’époque dès 1983 en jouant dans tous les bars de la ville, ce qui aboutira, avec beaucoup de ténacité, à un passage à FR3 dans l’émission « Decibel de nuit » en 1985. C’est d’ailleurs cette année qu’ils rencontrent leur futur chanteur en la personne de François Sorin, qui va prendre la place qui est la sienne avec son timbre chaud et personnel, rauque tout en étant puissant, et va ainsi permettre au groupe de signer avec Sydney Productions.

Le style pratiqué par les manceaux est un habile mélange de Hard et de Punk fortement influencé par une certaine « Tête de Moteur », mais avec un sens de la mélodie plus marqué encore. No offense Lemmy, je pense à toi très souvent vieux briscard ! Et mon plus grand regret est de ne t’avoir jamais vu en concert…Une sorte de bête hybride à deux têtes, aussi sales et méchantes l’une que l’autre ! Véga et Minos sont de retour…
L’album en lui-même est une réussite totale, mélangeant à merveille une énergie Punk à un Hard-speed cradingue qui sent bon la sueur et l’huile d’une vidange faite maison !
Resituons la situation : 1985, en France, qui plus est en Province, un groupe de Hard graisseux et pas beau essaie de survivre et de se faire connaître, pas forcément le chemin le plus facile pour accéder à la célébrité, mais force est de constater que les gars ont de la ressource. Commençons si vous le voulez bien par ce merveilleux titre influencé par l’œuvre de Rimbaud, "She’s A Bitch" (The Girl I love), porté par un chœur gospel tout droit venu de Géorgie aux États-Unis, convaincu par la force spirituelle de ce combo prometteur. Je plaisante bien évidemment, ce qui n’empêche aucunement à ce titre aux relents speed-rock de procurer son petit effet à l’auditeur. Franchement, on passe un bon moment, y’a pas à dire…

Bim, Bam, Badaboum, on continue, on est en forme, "Burning Power" nous est envoyé en pleine face sans prévenir, et fait des dégâts ! N’empêche, on rigole, on rigole, mais ce groupe a de quoi nous tenir en haleine, et plus sérieusement, est très talentueux, j’en veux pour preuve "Smell Of The Night", tout en ambiances, varié et très bien interprété. Un titre très mélodique, digne d’un TOKYO BLADE de la grande époque. Résolument surprenants ces manceaux ! Mention très bien au guitariste qui abat un travail dantesque tant en rythmiques qu’en soli. La furie sonore n’est pas finie, "We Are The Virgins" déboule sans crier gare à 3200 bpm, tel un bombardier de 1979 prêt à larguer ses bombes, absolument dantesque !
Puisqu’on parle de bombardier, le title-track est un bel hommage aux adorateurs du speed, vaillant et conquérant comme un guerrier.

Avec le recul, les DUM DUM BULLET auront marqué le Hard-Rock français au même titre que BLASPHEME, SORTILEGE et tous les autres, mais cantonnés dès le départ à une mort annoncée, de par l’immobilisme inconséquent des médias généralistes à leur égard, et plus de trente ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Comme disait notre Gégé national dans « Les Valseuses » : « Pas de doute, on est bien France… »
Pourtant, le talent était là !

https://www.youtube.com/watch?v=dWFI3MZWqU0&list=PL-pFljjinrb8uhtQDnbc7WqtktCJdua4e