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2015 An Antidote For The Glass Pill
 

- Membre : Esoteric, Lunar Aurora, Macabre Omen
 

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LYCHGATE - An Antidote For The Glass Pill (2015)
Par WËN le 23 Novembre 2015          Consultée 3039 fois

Forte de 25 années de folklore et d'excès en tout genre, la scène Black Metal s'étirant de la froide et crasse Norvège à l'antique péninsule hellénique, se répandant tel un fléau à travers les terres de la morne Pologne et de l'actuelle République Tchèque en entraînant, dans ses sillages de flammes et de vices, les communément neutres contrées Suisses pour mieux venir vomir sa haine jusque dans nos régions; a su convertir, au fil des décades, suffisamment de fidèles pour gagner en légitimité et finalement s'imposer comme un genre majeur des musiques dites extrêmes de notre nouveau millénaire. A ce titre, il n'aura fallu que peu d'années pour que déjà, les premiers contestataires prennent leurs distances vis-à-vis de leurs sulfureux leaders. Désireux de prendre de l'altitude, de nous conter leurs traditions ancestrales ou de simplement nous proposer leurs propres alternatives, ces frondeurs, de VED BUENS ENDE à ULVER en passant par ARCTURUS, de NEGURA BUNGET à SAMAEL (et tant d'autres), vont rapidement prendre leur essor et via une musique souvent savamment arrangée et regorgeant d’atmosphères de leurs propres crus, propulseront diligemment ce Black Metal, primal et bestial, vers des sommets d’inventivité qu’on ne lui aurait jamais soupçonné.

LYCHGATE, fondé en 2012 sous l'instigation de Vortigern (chant, guitare, piano) et vite rejoint, entre autres, par Greg Chandler d'ESOTERIC (chant, guitare, mixe) et Aran de LUNAR AURORA (mais parti depuis), est incontestablement de cette trempe d'explorateurs sonores. Né des cendres d'ARCHAICUS (auteur de deux démos en son temps), le combo britannique a ainsi rapidement pu proposer aux auditeurs patentés son premier opus éponyme (2013) qui, tant par ses thèmes dystopiques que par son approche ambitieuse, a su fédérer un prometteur cercle d’initiés et trouver de généreux échos auprès des critiques spécialisés. Évidemment, ce succès d'estime ne fut en aucun cas du à un quelconque coup du sort, ce fruit défendu sachant mettre à nu les tripes de son géniteur grâce, notamment, à des compositions hantées d'un orgue habité. Et de quelle antédiluvienne monstruosité LYCHGATE n'a-t-il pas accouché là ! Car laissez-nous vous préciser que nous évoquons là, un orgue, un vrai, dans toute son immémoriale et décadente splendeur, pas l'une de nos actuelles et chétives répliques de plastique.

C'est d'ailleurs cet impassible vigil qui, en hôte stricte, viendra nous accueillir en son austère et sévère demeure de verre, dès l'entame de ce "An Antidote For The Glass Pill" travaillé, nous allons-le voir, jusqu’au-boutisme. Et ce n’est pas peu dire. Basé sur le concept de folie et d'emprisonnement qui, petit à petit, y conduira le protagoniste, cet opus ne nous laissera que bien peu de répit. A peine passé l'introductif instrumental, que nous voilà déjà le prisonnier d'un panoptique asile (se référer aux travaux des frères Bentham … dont l'œuvre fait sien le concept). Observés, surveillés, épiés par l'œil unique et scrutateur de cet omniscient gardien, nous ne saurons longuement lui résister. Futile, toute résistance à ce regard qui ne sille jamais, l'est en effet. Ce mastodonte, de sa corpulente et tubulaire ossature d'acier et via un titanesque travail de sape ne nous laissera nulle intimité, nous privant de tout répit par le remplissage systématique du moindre interstice de calme et de quiétude nécessaire pour reprendre notre souffle ("I Am Contempt", "My Fate To Burn Forever", "An Acousmatic Guardian"). C'est ainsi qu'il se complaît à mettre à nu les plus profonds tréfonds de nos âmes pour en faire ressortir, en un malsain mais maîtrisé capharnaüm, nos craintes les plus sordides. A cette insanité naissante – dont, trop tard, nous prendrons conscience qu'elle tente de nous dévorer de l'intérieur - la seule échappatoire possible et plausible, radicale mais fatale, devrait d'ailleurs rapidement s'imposer d'elle-même.

Cette formule aussi terrifiante et angoissante soit-elle, n'est pour le moins pas aussi simple qu'elle n'y parait et un Black Metal - même avant-gardiste - aussi décadent que possible, n’eut jamais pu avoir autant d'impact sur nos faibles consciences sans d'autres éléments extérieurs qui ne sauraient s'avérer n'être qu'une simple constatation de nos esprits exténués. Certes, cette batterie dansant frénétiquement d'un rythme à l'autre en faisant fi de toute bienséance est typique des noires arcanes, mais il faudra aussi compter sur de très forts et viciés relents de Funeral-doom pour subir pleinement l'inévitable et fatidique destin que LYCHGATE nous tisse et auquel, résignés, nous ne saurons échapper. L'immuabilité de certains riffs et cette production qui tente de littéralement nous asphyxier sous de successives chapes de guitares lointaines (caractéristiques, avec le chant, du son d'ESOTERIC dont Chandler est déjà l'artisan, cf. "A Principle On Seclusion", "Letter XIX"), renvoient en effet aux poncifs du genre. Ainsi emmurés vivants, toute tentative de rébellion s'en retrouve ensevelie, confinée à de si facilement et lointainement refoulées pensées. Dans tout ce marasme ambiant, seules subsistent quelques vacillantes chandelles, fol espoir d’une potentielle (mais bien sûr illusoire) chance de salut aux grées d’un piano fantomatique ("An Acousmatic Guardian") ou d’échos de théâtraux vocaux ("The Illness Named Imagination", "The Pinnacle Known To Sisyphus"). Ou bien ne sont-ce seulement là, que les propres chuintements de nos esprits déchirés ?

En cela, "An Antidote For The Glass Pill" se veut un disque diabolique, ce type même d’œuvres qui nous aspirent, impuissants que nous sommes à les combattre. Diminués, las, nous ne pourrons sortir indemnes des premières écoutes subies de ce massif mais pourtant ô combien subtil bloc sonore. A disque extraordinaire, mesures pour le moins non-ordinaires : ne vous attendez-donc pas à dompter la bête avant un nombre d’écoutes respectable (quinze/vingt, pour le moins). Et encore … on ne s’y replongera jamais par pur plaisir, mais plutôt pour cette morbide fascination qui s’en dégage. D’ailleurs, pourrons-nous même, à terme, seulement l’apprécier pour ce qu’il est ? L’écouter sans une certaine moiteur en nos chairs ? Car non content d’être musicalement éprouvant, LYCHGATE y met à jour la plus grande crainte de l’être Humain : sa privation de liberté.

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- G.a. Chandler (chant, mixe)
- Vortigern (guitare, chant, claviers)
- S.d. Lindsley (guitare)
- A.k. Webb (basse)
- T.j.f. Vallely (batterie)
- K.j Bowyer (orgue)
- F.a. Young (piano)


1. Unto My Tempest
2. Davamesque B2
3. I Am Contempt
4. A Principle On Seclusion
5. Letter Xix
6. Deus Te Videt
7. The Illness Named Imagination
8. An Acousmatic Guardian
9. My Fate To Burn Forever
10. The Pinnacle Known To Sisyphus



             



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