Quand un type comme George Kollias sort un album solo pour souligner ses 25 ans derrière la batterie, on se ferme la gueule et on écoute. Voilà la leçon de respect du jour pour les jeunes. Ah, mais j'y songe, peut-être ne sauront-ils pas qui est cet illustre musicien grec, réputé pour ses blastbeats et son professionnalisme hors pair ? Si je vous dis NILE ? OK. Tout le monde se tait et fait la révérence. C'est aussi cet énergumène qui a dernièrement joué sur les albums "Spartacus" d'ADE et "Valkyrja" de TYR, juste pour le plaisir d'éviter le surplace tout en gagnant sa croûte.

Quand un batteur se la joue solo genre Phil Collins sur "Both Sides" ou, plus près de nous, le Beethoven du Black Alexander von Meilenwald avec sa créature TROB, on peut s'attendre à tout. Bon, OK, ces deux exemples sont probants, mais en connaissez-vous beaucoup des batteurs qui ont osé faire le pas ? Autant dire qu'ils sont rares ceux qui sortent de derrière leur artillerie lourde afin de prouver leur savoir et leur versatilité.

Au tour de Kollias avec "Invictus", signé chez Season Of Mist s'il-vous-plaît. "Invincible", qualificatif se prêtant à merveille à cette machine bien rodée qu'est le Grec, que j'ai eu le privilège de voir en concert avec NILE l'an dernier. J'ai pu constater à quel point ce type est dédié, respecte son métier et sa passion, joue fort et précisément comme si c'était son ultime sortie sous les projecteurs. La marque d'un grand, d'un taureau qui défonce la peau des fûts avec ses baguettes enflammées. Et rassurez-vous, c'est encore le cas sur "Invictus"!

En fait, c'est ce qui retiendra notre attention dès les premières écoutes… et même les subséquentes, tellement Kollias maîtrise son instrument et le tabasse avec classe et violence. Il est vrai que l'entendre gueuler et riffer est une curiosité, qu'il envoie la sauce style mini-NILE et consorts, c'est pas surprenant quand tu as baigné dans ce pétrole si longtemps. Mais quand on prend du recul et qu'on analyse froidement cette offrande, on se dit platoniquement que Kollias n'offre ni plus ni moins qu'un bon album de Death.

Et pour qu'il ne se casse pas la gueule, ou s'ennuie dans cette escapade, il a fait appel à plusieurs de ses amis pour venir jouer les soli. Notons ses comparses de NILE Dallas Toler-Wade sur "Invictus" et Karl Sanders sur "Voices", George Emmanuel (ROTTING CHRIST) sur "Shall Rise/Shall Be Dead", Bob Katsionis (FIREWIND) au synthé sur "Apocalypse" et Mike Papadopoulos (CEREBRUM) sur "Buried Under the Flames".

Alors est-ce que ces invités arrivent suffisamment à peinturlurer l'album ? J'avoue que l'impact aurait pu être plus évident, mais il n'est pas à négliger, car la qualité des soli est indéniable. Disons seulement que la vedette demeure Kollias et qu'à part quelques riffs marquants ou ultra lourds (podium), on devra considérer "Invictus" comme un medley de la carrière de George. Du Death un chouia épique et brutal, étant donné le jeu métronomique du monsieur et les riffs assassins qu'il arrive à faire naître. Mais attention, rien de super technique à la NILE, qu'on discernera ici et là, que de la baston franche et tranchante.

"Invictus" s'avère principalement une révélation de toute l'étendue du talent de compositeur de Kollias. Aptitudes limitées, bien sûr, sauf du côté de la batterie, qui nous fournit ici une énorme quantité de tremblements. Et merde, cette double pédale, quel art chez Kollias !

Je ne crierai donc pas hourra ! devant cet effort enthousiasmant, seulement bravo ! et bonne continuation. C'est ça, respecter les vétérans qui arrivent encore à nous émerveiller, à petites ou grandes doses.

Podium : (or) "The Passage", (argent) "Treasures Of Nemesis", (bronze) "Buried Under The Flames".