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2014 Ecdysis
 

- Style : Death, Dismember, Pestilence, Chapel Of Disease
 

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HORRENDOUS - Ecdysis (2014)
Par WËN le 28 Avril 2015          Consultée 3889 fois

Dans un monde idéal, c'est notre très estimée Morue qui aurait logiquement dû être en charge d'un tel disque. Death, simple, précis, efficace, qui plus est parsemé de quelques éructations old-school. Tout semblait dès lors indiqué pour que cette chronique échoie à notre anchois de choix. Maaaaiiiis … le monde n'est malheureusement pas une zoulie et idyllique vallée ou, nus sur leurs poneys fluos, gambade une multitude de bisounours multicolores riant et se chamaillant gaiement en une douce ondée aux voluptueux reflets mordorés, tandis que d'aucuns de leurs pelucheux compagnons paressent sous les rayons d'un revigorant soleil de printemps, ensemençant la vallée du chatoiement de leurs paillettes chamarrées. Non, non, non. Notre société étant ce qu'elle est, abrutie aux ébats de thons que l'on préférerait fourrés à d'autres saveurs (non, mais à l'eau !) qu'aux résidus d'éjaculation qui les ont enfantés; hébétée devant une brochette d'enfoirés exilés et aux fouilles pleines de flouze tentant de la faire culpabiliser de ne pas donner au plus démunis; atterrée d'essuyer des rafales pour avoir levée trop haut son pinceau ou, plus récemment, pour seulement avoir caressée l'idée d'accéder à la connaissance; minée par les guerres et le capitalisme rampant; se plaisant, via des valeurs archaïques au possible, à faire l'apologie de la haine et du rejet de l'Autre, tandis que Marine et Marion s'éclatent dans les sondages … C'est la merde ici, les mecs ! Il est donc tout naturel, en ces temps de troubles, que s'élève un jeune mâle vigoureux, la crinière longue, le poil soyeux, l'œil vif et le cuissot robuste, pour se dresser contre ce grand (dés)ordre mondial et ainsi fièrement faire face à toutes ces aberrations du quotidien !

Mais je pourrais aussi commencer par simplement fermer ma mouille et vous parler de ce second skeud de HORRENDOUS ! Car vous connaissant, je me doute bien, que ma prose, vous vous l'enroulez soigneusement autour du doigt dans l'attente d'un prochain passage aux toilettes ! Soit.

HORRENDOUS, donc, est un combo américain formé en 2009 par Damian Herring (chant, guitare, basse et synthés) et les frères Knox (Matt, chant/guitare/basse et Jamie, batterie). Responsable d'un frissonnant premier méfait aux atmosphères déjà délétères ("The Chills", paru en 2012 chez Dark Descent Records, preuve de qualité s'il en est) ce trio dont on ne vous a pour le moment jamais parlé ici, évolue - son artwork, flirtant bon la poésie des 90s, ne le laissant pas, mais alors pas du tout présager - dans ce si délicat et trivial registre qu'offre le Death-Metal. Nulle question ici de Brewtal-Slam au son de chiotte, de Death-Techos arrogant, ou de Death-Prog jazzy pour intellos en manque de quéquettes; non madame, HORRENDOUS, prépare son steak à sa sauce, sur une base certes plutôt old-school, sachant allègrement piocher quelques morceaux de bidoches dans ces galetouses que nous offrent les deux continents, mais sans jamais oublier d'y balancer aussi sa propre barbaque, pour une tambouille au final pas piquée des vers.

Ainsi, le son crousticroc, le ton suffocant et la gravité de la chose feront d'emblée barboter notre bestiau dans cette fange suédoise d'où se sont extirpées les premières monstruosités européennes, DISMEMBER à leur tête, il y a de cela un quart de siècle. Cette tourbe ainsi extraite, le groupe n'hésitera pas à lui faire traverser l'océan en la touillant, et ce de la façon la plus graveleuse possible, avec de bonnes pelletées de chairs en putréfaction rapidement ensevelies sous les changements de rythmes à foison et les structures plutôt atypiques qui s'en dégagent. Pour le coup, via un riffing d'outre-Atlantique autant que d'outre-tombe, sachant se faire tortueux à souhait, ce sont les fétides émanations des DEATH (écoutez un peu "Heaven's Deceit") et des PESTILENCE de la grande époque qui ne tarderont pas à suinter du caveau ou HORRENDOUS enterre ses proies. D'ailleurs, le chant éructé crument, sera lui aussi parfois bien difficile à ne pas rapprocher des vocalises de feu-Schuldiner (bien que davantage maîtrisé, ou tout du moins, mieux placé).

Avouons que, crachée sur le papier, la recette s'avère déjà alléchante surtout, si tout comme moi, vous appréciez ces combos qui savent développer, avec intelligence, leurs propres ambiances et univers. C'est bien entendu ici le cas, où le groupe démontre durant ces 45 minutes et avec une classe certaine que rien n'est gratuit ni laisser au hasard. Avec une période de gestation de plus de deux ans (une année pour l'écriture et une autre supplémentaire pour l'enregistrement et le mixe, fait maison), on comprendra que le groupe ait peaufiné sa tambouille dans ses moindres détails. Des détails qui, par rapport à l'opus précédent prennent vite la forme de changements majeurs dans la direction adoptée ici par le trio. Dès son second jet, HORRENDOUS, à l'instar des insectes et autres arthropodes, entame ainsi sa mue ("Ecdysis", en Anglais), s'extirpant du carcan de sa précédente exuvie pour, en se calmant sur les atmosphères morbides et viciées, laisser cours à des compositions dorénavant plus débridées.

Certes, des titres comme "Weeping Relic" ou "Resonator" continuent à tronçonner avec vigueur dans le vif du sujet et nous en mettent, giclées de gras à l'appui, plein la gueule. Pas besoin d'y réfléchir plus que nécessaire, c'est bas du front et ça fonce droit devant, tête baissée et écume aux lèvres. Et ces petits plaisirs malsains, à consommer dans l'immédiateté, on aime ça, bordel ! Mais là ou HORRENDOUS fait fort, c'est en parvenant à insuffler à sa musique des putains de leads de guitares ("The Stranger" ou "Heaven's Deceit" notamment), sans jamais tomber dans le kikoo-mélodique non plus. Les pièces s’enchaînent, alternant parties véloces ("Nepenthe") ou plus "groovy" ("Weeping Relic", "Monarch"), voire, à l'inverse, über-nocives, évocatrices et lourdes de sens ("Heaven's Deceit", "Pavor Nocturnus"). Aucun doute n'est permis, les amerloques ne sont pas là pour coller des gommettes, à moins bien sûr que par "coller des gommettes" vous entendiez 'catapultage de parpaings de 200kg à l'aide de tractopelles'. C'est bien simple, ces gonzes défoncent tout ce qui croise leur chemin et ne ralentiront pour rien au monde ! Même "When The Walls Fell", second instrumental flirtant carrément avec le Death-mélo originel de Göteborg (tant rassis dans ses riffs que huilé dans ses soli carrément Heavy) cartonne de bout en bout sans jamais dépasser cette sacrosainte limite que le groupe s'est lui-même fixé en termes de mélodie, évitant ainsi l'écueil du tout guimauve-dégoulinant. N'omettons pas non plus cet autre instrumental, "The Vermillion", tout acoustique pour sa part, qui, intervenant idéalement à la mi-album, vient purger un peu cet air vicié d'une brise réellement salvatrice et idéale pour aborder la seconde moitié sous les meilleurs auspices. Ce titre, ainsi que le "Titan" de clôture par son approche toujours burnée et vicelarde mais néanmoins mélancolique (via l'emploi de certaines gammes et de chœurs accablés), montreront - si besoin est encore de devoir prouver quoique ce soit - que HORRENDOUS sait varier ses angles d'attaque en alternant les petits plaisirs. Ce qui m'amène à cet autre élément qui m'a également emballé : cette basse bien cochonne, pas Death-technique pour un sous mais dont l'utilisation s'approche parfois des poncifs du genre, notamment lorsqu'elle se met à escalader les murs rythmiques et, arrivée en haut, à se déhancher lascivement en frétillant du derche, nous faisant profiter de ses formes généreuses et toutes en rondeurs. Enfin, la prod', victorieuse d'une mention honorable pour sa dynamique lors du Dynamic Range Day, devrait en tout cas combler les allergiques de cette surenchère à la surcompression qui fait rage actuellement (et souvent gratuite et totalement stérile).

Ce skeud ne saurait pourtant être exempt de quelques légères faiblesses, j'ai par exemple un peu de mal avec le grunt éructé de cette manière qui, naturelle et immédiate, n'est pas forcément mon approche de prédilection. Mais il ne s'agit là que d'une affinité toute personnelle, je me verrais donc mal en tenir rigueur au groupe. Au final, le seul bémol que je serais tenté d'adresser à ce disque, parce que je suis chafouin par nature et que, merde, c'est mon taf après tout : c'est que, même si on sent ici une volonté d'aller de l'avant en complexifiant les structures (une prise de risque que je ne peux que louer), on s'aperçoit au rythme des écoutes que le groupe tend encore par moment à se faire phagocyter par ses propres compos, parvenant parfois difficilement à maintenir un liant, certaines transitions ne se faisant pas toujours en douceur. Les conclusions (pour le peu que l'on comptera) sont parfois brutales et manque encore de … finitions, sans mauvais jeu de mots. Un fait d'autant plus étrange, puisque c'est justement sur ce point-là, cette diversité qu'il nous propose, que HORRENDOUS s'extrait de la masse de ses congénères. Contentons-nous de dire que c'est le métier qui rentre….

En tout cas, le travail proposé est déjà suffisamment maîtrisé et intelligent, pour ne pas s'en inquiéter outre mesure. Cela laisse présager d'une sacrée branlée pour la suite des événements. Cet "Ecdysis" est pour le moins un disque solide et extrêmement bien ficelé, bref, tout ça ronronne comme des légumes au mixer (pourvu que vous ayez pensé à retirer le fauteuil). Assurément l'un de mes gros coups de cœur/découvertes de ces dernières années dans le style, qui me laisse la même impression dévastatrice que le premier SULPHUR AEON en son temps (dans son créneau propre) pour un groupe qui n'hésite pas à mélanger les styles, mais aussi les époques. Et réussir à faire du nouveau avec du vieux, de manière convaincante, ce n'est pas donné à tout le monde. Ah, les cons !

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- Matt Knox (chant, guitare, basse)
- Damian Herring (chant, guitare, claviers, basse)
- Jamie Knox (batterie, chant secondaire)


1. The Stranger
2. Weeping Relic
3. Heaven's Deceit
4. Resonator
5. The Vermillion (instru)
6. Nepenthe
7. Monarch
8. When The Walls Fell (instru)
9. Pavor Nocturnus
10. Titan



             



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