En 1985, la main-mise de SCORPIONS sur la scène Hard Rock mondiale se voit immortalisée par l'indispensable album live "World Wide Live". Si le début des années 80 voit d'autres groupes allemands emboîter le pas des rois désormais intouchables, ACCEPT en tête, il est désormais confirmé que les groupes germaniques peuvent espérer, eux-aussi, avoir leur part du gâteau. MAD MAX, RUNNING WILD, HELLOWEEN, nombreux sont alors les groupes allemands à être décidés à faire parler d'eux hors de leurs frontières. Dans ce vivier de talents, qui stimule la créativité et l'esprit d'entreprise, WARLOCK tente avec son deuxième album de s'imposer, après une première réalisation explosive et prometteuse.

"Hellbound" montre un groupe plus affirmé et désireux de se faire un nom. La furie des guitares est toujours au centre des débats, mais alors que certains de ses pairs n'hésitent pas à évoluer vers ses sonorités plus extrêmes et radicales, proches du Thrash Metal ou proto-Speed, WARLOCK décide au contraire de proposer une musique plus sophistiquée, proche d'un Hard Rock "traditionnel". Le chant de l'écorchée vive Doro reste dépositaire d'un son résolument rugueux et mordant, tel qu'il transparaît sur l'introductif "Hellbound" dont les bruits de foules témoignent des velléités du groupe. L'énergie ici déployée est tout aussi brute que celle présentée sur le premier album du combo, et si WARLOCK ne peut plus compter sur l'effet de surprise, le groupe parvient à proposer un titre débordant de guitares, incroyable de concision et d'efficacité.

Le classique "Earthshaker rock", un des favoris de Doro, ou le speedé "Time To Die" œuvrent dans une veine similaire. Les inclusions moins brutales se font discrètes, c'est sur leur globalité qu'elles donnent à l'album une tonalité plus légère que celle de "Burning The Witches" : le refrain du mid-tempo "All Night", avec ses arrangements typiquement 80's, fait partie de ces évolutions, tout comme celui de "Wratchild", moins enlevé que le reste du morceau. Comme sur le premier album, cette deuxième offrande des Allemands s'achève sur une ballade, en l'occurrence "Catch My Heart" et ses intonations à la "Close My Eyes Forever" de Lita FORD (qui ne sortira pourtant que 3 ans plus tard). Le résultat fonctionne, mais n'égale pas l'enthousiasme juvénile du premier opus.

Ce sera finalement lorsque WARLOCK assumera pleinement son évolution vers un Hard Rock plus "efficace" que le groupe trouvera finalement la meilleure formule. Car l'ensemble manque un poil d'accroche, malgré tout le soin apportée aux lignes de guitares. De même Doro, bien qu'éblouissante, se fait aussi moins nuancée que sur l'opus-fondateur, et semble voguer en eaux saturées sur l'ensemble de l'album. Moins flamboyant que "Burning The Witches", "Hellbound" est une stagnation bien peu dommageable dans l'histoire d'un groupe qui ne tardera pas à trouver sa voie. Ce qui causera finalement son implosion, mais ceci est une autre histoire...