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PLEBEIAN GRANDSTAND - Lowgazers (2014)
Par ISAACRUDER le 30 Janvier 2015          Consultée 2212 fois

Il est difficile de comprendre comment "Thrvst" a pu plaire autant à sa sortie. Que ce soit le morceau, déjà, copie conforme d'un DEATHSPELL OMEGA époque "Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum" (dans le son aussi) en moins imposant, ou le clip, succession d'images parfaitement clichées, en adéquation avec la pensée puérile d'un mouvement musical qui n'a que le mot « haine » en bouche et ne voit tout que sous le prisme décadent du nihilisme et de la misanthropie. Un manque de culture dans le Black Metal possiblement, car comment ne pas saisir ce qui se joue sur "Lowgazers" ? C'est tout PLEBEIAN GRANDSTAND qui est changé dans cet album, adieu Hardcore chaotique, adieu folie Noise, voilà "Lowgazers", plus froid que la mort, plus linéaire qu'une route d'autoroute, plus fade qu'une vie sans amour.

Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. Ils ont découvert DEATHSPELL OMEGA, et peut-être BLUT AUS NORD, comprend-les. Et puis la scène Hardcore est un tourniquet sur lequel des gosses s'amusent à dégobiller la plus grosse gerbe. Tout le monde joue à celui qui aura la plus grosse. De haine bien entendu. La violence est devenue une drogue pour un public persuadé qu'un matraquage sans fond reste l'apogée d'un style condamné à la source. Ce qui est amusant dans tout ça, c'est de s'imaginer la suite. "Lowgazers" va tellement au bout de la logique bruitiste et violente qu'il ne va plus rester à tout ce petit monde que des styles à explorer, qu'ils seront encore convaincus de sublimer, par exemple le Thrash. J'ai hâte.

« Les Simpsons l'ont fait, les Simpsons l'ont fait !» L'écoute de "Lowgazers", qui aurait pu être une forme de mantra s'il avait été intelligent, fait apparaître celui-là, plus comique, et pourtant parfait pour résumer l'album. Dans "How Hate Is Hard To Define", PLEBEIAN GRANDSTAND était un groupe génial, qui maîtrisait formidablement bien le Hardcore Chaotique, et avait su le pervertir pour en tirer un délire jouissif, absurde et cathartique. "Lowgazers" est proportionnellement l'inverse.
Certainement happé par le génie véritable de DEATHSPELL OMEGA, les Toulousains ont découvert que la dissonance, c'est de l'or en barre, à la fois mystique et étrange. Ils ont aussi découvert le blast beat, pour de bon cette fois, et du coup ils font comme les enfants qui découvrent le goût des glaces, ils en veulent tout le temps, partout. On ne peut cependant pas reprocher à PLEBEIAN GRANDSTAND un manque de maîtrise technique, elle est là, démentielle, peut-être moins affriolante que sur le précédent – à part pour le batteur, monstrueux – mais elle est là. Mais ce que l'on peut, et que l'on DOIT reprocher à "Lowgazers" c'est son manque flagrant de courage, de passion, de fond. C'est un pastiche grossier, un travestissement immature d'un des groupes majeurs de notre époque, dont "Thrvst" est d'ailleurs la figure de proue.

Dans cette déception immense qu'est "Lowgazers", les morceaux à retenir sont finalement ceux qui s'écartent de ce schéma. "Lowlifer" par exemple, au lieu de jouer du blast beat, propose une rythmique excellente, très chaotique et bien plus bruitiste. Hypnotique et pervers, c'est un morceau de qualité, loin d'un "Endless Craving" qui ne propose finalement qu'une mélodie correcte, oubliée très vite car noyée dans l'accumulation de grossièretés faussement Black Metal qu'est "Lowgazers". "Aimless Roaming", dans sa capacité à faire entrevoir une bribe de lumière mourante, est mémorable, et PLEBEIAN GRANDSTAND, au lieu de jouer à l'homme dépossédé, encore plus absurde que l'absurde d'un Camus, aurait du jouer le contraste. Mais non, "Lowgazers" est noir, noir, noir, et il est surtout incroyablement creux, ne laissant pas d'autres souvenirs que la vacuité. Mais c'est la religion du moment qui veut ça, le bourgeois doit être vide car il ne croit plus en rien, et il est dans cette posture défaitiste qui le rend paria d'un monde qui a définitivement besoin de lumière et il est hypocrite parce qu'il reste loin de toute misère sociale, c'est un Romantique en puissance, mais sans cette recherche du Beau et du Sacré. Au fond, que le groupe se parodie dans la violence, pourquoi pas, mais le plus grand reproche que l'on peut lui faire, à la différence d'un DEATHSPELL OMEGA justement, c'est de ne pas nous faire entrevoir une transcendance. Et si c'est un choix, cela s'appelle suivre le mouvement.

Comme aspiré par ce trou noir dont il fréquentait les bords en s'amusant, PLEBEIAN GRANDSTAND est définitivement tombé. Il gravite comme ses pairs dans le même magma pour former la même matière noirâtre. À l'intérieur, impossible de distinguer une particule, tout fait bloc. En ce sens, le groupe s'est fondu dans un moule qu'il avait pourtant réussi à découper pour déborder. Car "How Hate Is Hard To Define" était ce genre d'album qui entraîne la masse, et non le contraire. Il sublimait le Hardcore chaotique en le rendant plus fou que jamais, en le plongeant dans l'acidité du Noise et dans le goudron poisseux du Black Metal et du Doom le plus sale. Alors quoi ? Révélation mystique non digérée ? Culte rendu à une nouvelle idole ? "Lowgazers" est un peu de tout ça, mais il est surtout la dernière preuve, on l'espère, que la haine est une défaite profonde de l'imagination.

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- Simon Chaubard (guitare)
- Adrien Broué (chant)
- Olivier Lolmède (basse)
- Ivo Kaltchev (batterie)


1. Thrvst
2. Endless Craving
3. Flail In The Bliss
4. Lowlifer
5. Relief Of Throth
6. Svn In Yovr Head
7. Aimless Roaming
8. Mvrk Diving



             



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