Putain, cette pochette quand même... Non seulement est-elle bien réussie, mais elle n'induirait que les aveugles en erreur sur la teneur du contenu de cet album, un premier pour les Deatheux allemands de MAAT (déesse égyptienne de la paix et de la justice).

On a bien droit ici à d'autres réminiscences de l'époque des pharaons, sans instrument ethnique, sans samples ou pièces ambiantes. Non, le quintette berlinois sait faire parler ses instruments de base en injectant énergie, mélodie et puissance dans sa musique ultra accrocheuse et foutrement bien enregistrée.

MAAT possède les qualités nécessaires pour survivre longtemps dans ce dur monde métallique, car cet album créé en quatre longues années ne souffre pas des défauts associés aux fers de lance habituels. Difficile de crier au manque d'inspiration, aux longueurs, au calque (par exemple, le premier réflexe qu'on aura est de le comparer à NILE, de qui il ne pompe pas grand-chose sinon son sujet d'inspiration). Non, les Allemands jouent un Death est-européen classique, pachydermique à souhait, avec assez de souffle atomique pour vous scotcher à votre chaise. Quelques aérations ici et là viennent compléter ce tableau de chasse.

Je n'ai pas ressenti cette lave en fusion dans mes oreilles aux premières écoutes, qu'un feu ardent. Mais plus je m'y adonnais, plus le Death de MAAT me harcelait, me brusquait. Un autre bon point pour lui, cette capacité de ne pas s'essouffler au fil des rondes, ce qui démontre son flair, ses aptitudes techniques certaines et sa plus grande réussite sur "As We Create The Hope From Above" : l'équilibre parfait entre son jeu infaillible et le concept « égyptologue en chaleur ».

Le fait qu'il soit aussi caméléon le rend efficace et irrésistible, que vous aimiez ou nous la thématique exploitée. Au bout d'un moment, on l'oublie d'ailleurs, pour se concentrer sur l'universalité de ces riffs, de cette voix d'outre-tombe, de ce pilon doublé d'une basse grondante, tous des outils diablement huilés qui confèrent à MAAT un avantage déjà sur plusieurs groupes qui ne font que gratter la surface du cimetière. À l'aide de ses lointaines pyramides, il arrive à se détacher du lot de croque-morts du genre tout en ne saoulant pas les anti-Metal archi colorés à l'histoire et aux sonorités exotiques. Pas de prise de tête, mais pas de facilité non plus.

Malheureusement difficile à se procurer, ce "As We Create The Hope From Above" est un des meilleurs premiers albums que j'ai entendu ces dernières années. Je souhaite un deal majeur aux Allemands, car même s'ils ne réinventent rien, ils ont des couilles en or et un talent de composition redoutable.

Avec ce tremplin, MAAT a vraiment « créé l'espoir émanant des cieux ».

Podium : (or) "Sobek", (argent) "As We Create The Hope From Above", (bronze) "Preservation Of My Immortal".