Nous allons nous attarder sur un rejeton tardif du Doom Death dont la courte discographie passa relativement inaperçue. THALARION s’inspire des premiers TIAMAT et THEATRE OF TRAGEDY sur la forme, tout en y incorporant, avec sa vision personnelle, nombre d’éléments gothiques et atmosphériques. Précisons que si nos Slovaques ne possèdent pas la moitié du don mélodique de Johan Edlund, ils peuvent s’enorgueillir de toucher du doigt certains aspects des mélodies exquises que composait Raymond Rohonyi pour Liv Kristine. Avec ce déjà troisième effort, nos amis peaufinent donc leur recette au maximum de leurs capacités. Soyons clairs : comparé au pataud "Tales Of The Woods… Thus Was Written" (1998) qui ne décollait jamais, ce "Four Elements Mysterium" se révèle bien plus accrocheur dans ses riffs et dans ses refrains dont plusieurs sont dûment ouvragés.

En conséquence nous découvrons comme sur le disque précédent, une production claire et efficace qui met rigoureusement en valeur ces guitares puissantes et ce chant Death éloquent et nuancé. Signalons également la présence de moult claviers qui soulignent les ambiances mais dont les sons s’avèrent disgracieux en quelques occasions. De surcroît n’oublions pas le chant grave de Nela Horvathova fidèle au poste, dont les nombreuses interventions sont souvent d’une justesse étonnante contrairement aux travaux antérieurs. Notre interprète fait ici office de véritable valeur ajoutée, ce qui est assez rare dans le style pour être souligné. Pas si mal pour une illustre inconnue me direz-vous. Et vous auriez raison à ceci près que la musique de la troupe tombe immanquablement dans des pièges connus et depuis longtemps balisés. Alors que le groupe a effectué une nette progression en terme de composition, il reste des écueils qui prennent la forme de breaks incongrus, de moments insipides, de longueurs handicapantes ou encore de basses et guitares lead trop parlantes qui alourdissent le propos. Cela n’empêche pas le collectif de donner vie à une poignée de morceaux intéressants.

Citons en premier lieu le mémorable, "A Herald Of Sorrow & Wretchedness" exempt de défauts, que n’aurait pas renié le THEATRE OF TRAGEDY de "Velvet Darkness They Fear", grâce à ses riffs inspirés et son refrain désenchanté porté par une chanteuse marquante. Une grande réussite à n’en pas douter qui a l’allure d’un classique du genre. L’introductif et efficace "Cold Waters Of Turbulent Torrents" convainc surtout lors de son habile refrain dans lequel Nela utilise un ton désabusé irrésistible. En outre, parlons de "Almost Forgotten Empire" qui alterne des couplets plombés et des passages aériens ingénieux. D’autres titres plus dispensables mais non dénués d’idées auront notre indulgence, comme le plus abrasif et rapide "A More Than Fiendish Malevolence", le contrasté et dramatique "Icon Of Hoplessness" ou encore le funèbre "Carnival" zébré d’accélérations soudaines. Malheureusement cela reste d’un intérêt limité, sans compter sur les autres morceaux dans lesquels l’inspiration semble s’être sérieusement évaporée. L’opus se termine même de manière catastrophique sur l’instrumental pompier "In April We Wept" d’un manque de goût fâcheux.

En dépit de nos reproches, "Four Elements Mysterium" demeure ce diaporama mélancolique qui attisera les sens des nostalgiques du style à défaut de les contenter. Il conviendra donc pour ces derniers d’en extraire le nectar et l’ambroisie afin de s’en repaître les nuits de tristesse hivernale.