Récapitulons les faits brièvement : VENOM a construit sa légende autour de ses trois premiers albums. Le pionnier et mémorable "Welcome To Hell", l’usine à tubes malsains "Black Metal", le prétentieux et non moins délicieux "At War With Satan", le tout enrobé d’une palanquée de singles inédits et pour la plupart d’une efficacité redoutable comme "Bloodlust", "Bursting Out", "Warhead" ou encore "Manitou". En 1985, l’éprouvant "Possessed" marque un retour vers les sonorités de "Welcome To Hell" mais sans l’inspiration cette fois et avec une production encore plus approximative. Puis, devant l’échec autant artistique que commercial de "Calm Before The Storm" (1987), l’inénarrable Cronos décide de quitter VENOM après la tournée en compagnie de Mike Hickey et James Clare, les guitaristes qui avaient été enrôlés sur ce dernier album. Notre acariâtre ami entame donc une carrière solo éphémère avec ses deux compères et fonde le bien-nommé CRONOS.

Nous constatons immédiatement que "Dancing In The Fire" s’inscrit dans la droite lignée de ce que VENOM proposait en 1987. À savoir une version plus policée et sensiblement plus mélodique que le style primitif du trio de Newcastle, les ambiances perverses en moins. En outre signalons que CRONOS possède un son plus lisse et apparaît un poil plus apaisé que le VENOM de "Calm Before The Storm". Ce résultat a sans doute pu être obtenu tout simplement par la présence de meilleurs musiciens. Dans tous les cas cela importe peu, car il convient de rappeler que si les premiers VENOM transpiraient encore de cette chaotique urgence juvénile et comptaient sur une inspiration satanique survoltée, ce "Dancing In The Fire" se révèle catastrophique au plus haut point. En effet, sa vacuité est indiscutablement terrifiante et l’on ressort de l’écoute comme pétrifié par tant d’abrutissement.

Convenons que les cinq morceaux qui ouvrent la galette créeront une illusion passagère chez les fans acharnés. Pourtant tout ce chahut reste d’une pauvreté affligeante. Notre fine équipe mouline dans le vide-ordure et glisse inévitablement dans la fosse commune. L’énergique "Fantasia" est peut-être le moment le plus convaincant… Malheureusement le soufflet sera de courte durée. "Terrorize" et son riff massif répété à l’envi ne décollera jamais. Le titre éponyme poussif au possible dans lequel notre bon Conrad Lant parviendra même à pousser la chansonnette, étonnera par sa construction plus travaillée et ses soli de bonne facture, mais pas de quoi hurler à la lune. Les guitares couinent, Cronos grogne, le tempo s’accélère, "Speedball" retentit, voilà l’archétype du morceau direct, matière dans laquelle VENOM excellait, qui malgré toute la volonté déployée s’écrasera tel un Airbus détourné. Motivé par ses nouvelles performances de chanteur, Cronos "le Michael BOLTON du Speed" nous impose les limites de ses capacités vocales sur l’irritant "I’ll Be Back", tandis que la seconde partie de l’opus se révèle bien pire. Par exemple, le combo perpétue ainsi la tradition des compositions décalées à la "Teacher’s Pet" avec ce "Booby Trap" débile et exécrable. Il s’essaie un peu plus loin à la ballade tristounette sur un "My Girl", dans lequel les miaulements du pauvre Conrad auront raison des plus aguerris. Que vient faire cette reprise incongrue et nulle de THIN LIZZY ? Comment expliquer la présence finale de cette resucée faiblarde de "At War With Satan" dénuée d’aspérités qui viole littéralement l’essence du titre originel ?

Ce racolage éhonté reste évidemment sans aucun intérêt, si ce n’est pour les fanatiques ou les collectionneurs des moindres flatulences du sieur Cronos. À éviter comme la messe du dimanche cela va de soi.