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SEIKIMA-II - Akuma Ga Kitarite Heavy Metal (1985)
Par DARK SCHNEIDER le 27 Septembre 2014          Consultée 2173 fois

De la quiétude envoûtante d'un temple Shinto à l'abrutissement sonore des salles de Pachinko, le Japon nous fait passer d'un extrême à l'autre sans la moindre pause. Ce pays riche en contrastes ne pouvait que s'approprier la grandiloquence du Heavy Metal en la décuplant exponentiellement. Cela se concrétise en repoussant les limites du grand guignolesque sans pour autant s’affranchir d’une rigueur musicale exemplaire. Les groupes Rock japonais prendront un tel soin à arborer des looks plus extravagants que jamais, mais très étudiés, qu'on leur attribuera l'étiquette de Visual Kei, qui n'a pas de délimitation musicale précise.

Le groupe qui nous intéresse ici est une pure illustration de ce mouvement, puisqu'il en est le premier représentant à avoir connu un succès de grande envergure. SEIKIMA-II, dont l'étrange patronyme est un jeu de mots intraduisible autour du terme Fin de Siècle, est donc cette personnification même de tous les extrêmes du Japon. Formé en 1982 par le multi-instrumentiste Damian Hamada, qui s'en ira rapidement tout en continuant de composer dans l'ombre, le groupe ne parviendra à stabiliser son line-up que 2 mois avant la publication de son premier album en 1985. Construit autour du personnage charismatique de Demon Kogure, chanteur et prophète, SEIKIMA-II est un concile de diables ("Akuma" en japonais) dont le but est d'installer le règne de Satan sur terre, et ce par le biais de la musique Heavy Metal.

Évidemment, tout cela n'est qu'humour et grand spectacle, sans ambiguïté. SEIKIMA-II ne se prend pas pour le KING DIAMOND japonais. En revanche, l'influence du Shock Rock de KISS est incontestable : les musiciens arborent maquillages et costumes de scène très ressemblants à ceux des Américains. Néanmoins, si cette influence est reconnue par le groupe, celui-ci s'inspire aussi largement du théâtre Kabuki, qui lui même avait inspiré KISS... une façon de boucler la boucle.

Musicalement, SEIKIMA-II officie à ses débuts dans un Heavy Metal très mélodique, où l'on sent largement poindre l'influence de combos tel que RAINBOW ou MSG, ainsi que le Heavy de la NWOBHM et JUDAS PRIEST. Le néoclassique n'est également jamais loin, et le groupe doit une fière chandelle à Uli Roth (SCORPIONS/ELECTRIC SUN). De belles références musicales donc, et ce premier album est à l'avenant. Ne disposant alors que de très faibles moyens, nos diables accouchent d'un disque d'une durée très courte, 28 minutes au compteur. La track list annonce 5 morceaux mais la réalité est plus complexe : la première piste est une intro instrumentale néoclassique et épique, tandis que la dernière dure plus de 13 minutes et se décompose en deux morceaux bien distincts reliés par des interludes musicaux ou parlés. Hormis quelques refrains et rares lignes de chant en anglais, l'ensemble est interprété en japonais, ce qui confère d'ailleurs une ambiance unique à cet album.

C'est un bon disque que nous délivrent les diables japonais. Les morceaux ici présent deviendront quasiment tous des classiques. Un titre en forme d'hymne, "Jigoku No Koutaishi" (Le prince de l'enfer), un très stadium et PRIESTien "Rock In The Kingdom", du Heavy à tendance planant ("X.Q Jonah") et enfin les deux bombes Heavy Metal de la pièce épique finale : "Stormy Night" (qui emprunte autant au "Princess Of The Night" de SAXON qu'au "Black Wall" de LOUDNESS) et "Kill The King Ghidorah/Dead Symphony"* dont l'intro est on ne peut plus inspirée par le "Angel Witch" d'ANGEL WITCH. Oui, tous les morceaux peuvent être cités car la qualité suit. Cela dit, rappelons que l'album est court, c'est donc la moindre des choses. Un sans faute a priori. Pour autant, ces titres souffrent des conditions médiocres d'enregistrement : l'album est véritablement sous-produit, l'ensemble est aigrelet et manque de volume. Les musiciens ne sont pas vraiment mis en valeur ce qui est dommage car la paire guitaristique assure parfaitement, notamment Ace Shimizu et son jeu fin et inspiré. Demon Kogure, véritable star du groupe, adopte un chant qui pourrait être qualifié de Rob Halford japonais dans une certaine mesure, avec moins de puissance mais avec un sens théâtral plus aiguisé, qui témoigne peut-être de l'influence de David Byron (URIAH HEEP) voire de Freddie Mercury. Mais là aussi, son chant est bridé par la prod, et il ne délivre pas encore ses meilleures lignes vocales, on sent aussi qu'il manque encore un peu de coffre.

"Akuma Ga Kitarite Heavy Metal" (Les diables arrivent avec du Heavy Metal) est un court récital démoniaque qui annonce ce que sera dans les grandes lignes SEIKIMA-II durant la première partie de sa carrière. S'il est dommageable que sa production faiblarde et les interludes parfois un peu longuets de la pièce finale en atténuent quelque peu la qualité, il n'en reste pas moins une œuvre idéale pour découvrir ce groupe mythique du Heavy Metal japonais.

* King Ghidorah, sorte de dragon à trois têtes, n'est autre que le pire ennemi de Godzilla !

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   DARK SCHNEIDER

 
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- His Excellency Demon Kogure (chant)
- Captain Ace Shimizu (guitare)
- Empire Magistrate Jail O'hashi (guitare)
- Zod Hoshijima (basse)
- His Imperial Highness Raiden Yuzawa (batterie)


1. Maou Gaisen
2. Jigoku No Koutaishi
3. Rock In The Kingdom
4. X.q.jonah
- The Demonic Symphony Suite Opus 666 In Dm
5. Jokyoku: Kokoro No Sakebi
6. Dai'ichi Gakushô: Stormy Night
7. Dai'ni Gakushô: Akuma No Ana
8. Dai'san Gakushô: Kill The King Ghidorah
9. Dai'yon Gakushô: Dead Symphony
10. Battler



             



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