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BLACK/DARK-METAL  |  STUDIO

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2013 Incendiary Serum
 

- Style : Rotting Christ, Secrets Of The Moon
 

 Page Bandcamp (561)

PHANTOM - Incendiary Serum (2013)
Par WËN le 29 Juillet 2014          Consultée 2622 fois

Il y a quelques semaines, via notre guestbook et notre rubrique questions-réponses, s'amorçait ce mini-débat : l'appellation 'Dark Metal', stricto-sensu, existe-t-elle et le cas échéant a-t-elle lieu d'être ? Certes, je sais, pour avoir abordé le sujet pour une précédente chronique de EASTWOOD (et son Siberian Post Metal), que les discussions basées sur les sous-étiquettes sont souvent vaines et assez stériles. Cependant, puisque à l'instar de certains de mes collègues j'utilise souvent ce 'Dark Metal' générique et que, à fortiori, vous allez donc être amenés à forcément rencontrer ce qualificatif, j'aimerais apporter quelques éléments de réponses à propos de cette sombre appellation.

Déjà, à savoir si la désignation doit-elle exister, d'aventure je répondrai 'ya, modafucka' ! Car sans un minimum d'ouverture linguistique, de quoi parlerait-on si, au XXIème siècle, l'on désirerait désigner la musique pratiquée par DARKTHRONE ou MAYHEM ? De Blues ? De Black Blues, à la rigueur ? À savoir, pour schématiser, de la "noire musique de noirs" ? Ou quoi encore, de la "bleusaille-noirâtre" ? Avouez, là, ça n'aurait plus aucun sens, et Dark Morue se baladerait dans le coin il vous YOLOterait volontiers le visage de son chibre rageur !

Ceci étant acté, en temps que modeste scribouillard, le Dark Metal, comment je vois ça ? D'emblée l'appellation à au moins le mérite d'être équivoque et somme toute assez logique. Ainsi à la manière d'un Hard Rock qui figure un Rock au ton plus burné, du Dark Metal résulterait donc un Metal plus sombre (oui, car tous les combos de notre musique favorite ne sont pas nécessairement sombres dans leur propos, ou dans leurs riffs). Ainsi de mon point de vue SEPTICFLESH, MOONSPELL ou plus récemment TRIPTYKON et même ROTTING CHRIST, par exemple, pratiquent une certaine forme de Dark Metal. Pourquoi ? Car ils arrivent à mixer avec brio des riffs percutants et des vocaux splendides de noirceur, à tisser des atmosphères réellement sombres avec de légères touches gothiques (au sens premier du terme, issues de leur background ou d'évolutions successives) et pourquoi pas, ci et là, rehaussées de quelques orchestrations ou instrumentations sordides, histoire de renforcer le côté occulte, et primal, de la chose. En tout cas, pour de tels combos, on dépasse ici trop largement le cas du Death, du Doom ou du Black Metal pour se cantonner à ces simples substantifs.

À ce titre-là, PHANTOM joue donc du Dark Metal.

Née des cendres de MARE CRISIUM (sa première mouture, auteur de quelques démo/EP de 2006 à 2007) la formation danoise, après cinq années passées à apprêter ses occultes projets, débarque avec un premier méfait, par l'intermédiaire du label italien I, VOIDHANGER RECORDS (YSENGRIN, SPECTRAL LORE, ÆVANGELIST, URNA, LUSTRE). Sur une base typiquement Black, vestige de ses affinités passées, le quatuor, d’entrée, tente de submerger son auditoire de riffs lancinants ("Ghostly", "Solar") vite contrebalancés par d’autres, plus viscéraux ("Erratum", "Mass Murder", "The Ancient Unspeakable") mais tout autant tissés de ténèbres. Le travail sur les guitares est ici consciencieux, on pensera parfois à SECRETS OF THE MOON sur les divagations les plus atmosphériques, tandis que les spectres de SATYRICON et ROTTING CHRIST viendront hanter les parties les plus immédiates et accrocheuses. Certaines mélodies où les trames, bien distinctes, des deux guitares s'entremêlent ("Ghostly", "Judge Them") sont plutôt bien amenées, mais jusque là rien d’étonnant ni de surprenant dans le propos. Non, ce qui va donner cette touche définitivement Dark Metal à "Incendiary Serum", ce sont tous ces artifices supplémentaires auxquels le groupe va recourir, sans se faire pas prier, dotant ainsi sa musique d'obscures et sulfureuses atmosphères.

Les plus évidents sont bien sûr ces bruitages qui parsèment l’œuvre : rires déments, pleurs, hurlements. L’ambiance monte d’un cran c’est indéniable, mais le processus demeure tout de même convenu. Plus intéressantes déjà, sont ces apparitions fugaces d’un piano totalement décadent ("Ghostly", "Dark Death Pale Star") qui, de quelques notes fantomatiques lâchées à chacune de ses interventions, troublera l’auditeur patenté, ou tout du moins, via ces grinçantes dissonances, le tirera de sa zone de confort pour le placer dans de bien moins sereines dispositions. Un autre élément crucial qu'on ne pourra manquer de mentionner car participant lui aussi à donner cette noirâtre et poisseuse substance aux compositions, c’est ce chant de SS (rien de nazillard ici, juste un pseudo), pas forcément plus extrême qu'un autre mais néanmoins empli d'une noirceur palpable, ténébreuse… Même lorsque le bonhomme s'aventure dans des chœurs habités, le tout demeure plutôt malsain. Les articulations y sont maléfiques, la diction, méphitique. Enfin, reste ces guitares affûtées qui, par de subtiles digressions le temps de quelques riffs plus lumineux ("Mass Murder", "Erratum"), parviennent à percer, à déchirer ce sombre voile éthéré qui recouvre l'œuvre, créant ainsi une véritable impression de clair-obscur musical, plutôt saisissante, qui nous transportera quelques instants, avant de nous renvelopper de plus bel de ce linceul saumâtre dont PHANTOM se plaît à vêtir sa musique.

Un tableau pour le moins alléchant. Cependant, quelques légers défauts viendront ternir, même légèrement, le rendu final. Même si les titres demeurent généralement bien trempés, le tout aura trop souvent tendance à être bâti sur une trame similaire. Exemple, nous avons dit que l'apport d'un piano apportait une incontestable profondeur aux compositions, leur conférant parfois même une certaine grandiloquence, mais à trop vouloir en faire on se retrouve avec ce break piano déboulant quasi invariablement au deux tiers des chansons où cet instrument intervient. Chansons qui à la base, souffrent également de quelques similitudes au niveau de certains plans de guitare, si bien que de prime abord, elles ne seront pas toujours faciles à différencier les unes des autres. Sans parler de manque d'inspiration, ces quelques points pourraient tout de même laisser transparaître un léger manque de recul, voire peut être de maturité de la part de la formation danoise. Mais rien de bien grave non plus et si des combos comme SECRETS OF THE MOON ou ROTTING CHRIST (post-2000) vous plaisent, jetez donc au moins une oreille à la musique de PHANTOM, sait-on jamais.

Note réelle : 3,5/5.

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- Ss (chant, guitare)
- Ta (guitare)
- Ct (basse)
- Ap (batterie, claviers, violoncelle)


1. Ghostly
2. Erratum
3. Dark Death Pale Star
4. Mass Murder
5. The Sickening Sermon
6. Judge Them
7. The Ancient Unspeakable
8. Solar
9. The Night Spectre



             



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