Allons aujourd’hui, si vous le voulez bien, à la rencontre de TRIOSPHERE. Formation norvégienne officiant dans un Metal Prog, pas très éloigné de ses voisins de palier de PAGAN’S MIND, TRIOSPHERE tient à la fois son nom de sa formule trio, la talentueuse vocaliste Ida Haukland se chargeant de la basse, rejointe par un compositeur hors-pair en la personne de Marius Silver Bergensen et d’Ørjan Aare Jørgensen, et sans doute d’une attirance pour un imaginaire qui plaît généralement aux progueux. Le groupe s'est doté par ailleurs d'un logo moderne et bien évident, dans le ton du matte painting triomphant de ces dernières années.

Passé sa démo "Deadly Decadence", TRIOSPHERE se dote d’un second guitariste (qui accompagnait uniquement le groupe lors de ses prestations live jusqu’alors) et s’attèle à la réalisation de son premier opus studio. Passé entre les mains des studios Fredman pour le mixage, "Onwards" débarque discrètement le 16 octobre 2006, noyé au milieu des bonnes sorties de cette année-là (vous remarquerez d'ailleurs qu4à l'heure où j'écris ces lignes, 2006 reste l'année la mieux couverte par NiME en termes de chroniques).

TRIOSPHERE présente néanmoins une sacrée carte de visite ! La première chose qui nous marque, après ce son puissant et cristallin, ce sont les aptitudes vocales d’Ida Haukland, dotée d’un organe puissant et rocailleux, bien loin des divas hollandaises. Si l’on peut la rapprocher, de l’une d’entre elles, c’est indéniablement vers Floor Jansen qu’on se tournera ; elle reprend son sens du feeling et sa puissance dans le registre haut-medium. L’autre lady qui me vient en tête, c’est Kim McAuliffe (GIRLSCHOOL) pour la hargne et le sens de l’engagement. Nous tenons un sacré bout de femme de toute évidence, qui domine son sujet en live (comme le show du PPM Fest 2014 a permis de le constater) et qui ne s’est pas spécialement facilité la tâche avec sa cinq-cordes entre les mains. Les guitares mélodiques, d’une propreté étonnante, varient avec autant de maestria qu’un Stefan Lill (VANDEN PLAS) ou encore un Jørn Viggo Lofstad (PAGAN’S MIND).

À l’image de ce dernier, le sens de la composition de Marius Silver Bergensen est affûté, et il n’a aucun scrupule à développer des morceaux surprenants qui savent à la fois garder des points de repère pour les amateurs de Heavy via un riffing efficace et un sens du placement rythmique au poil, et divaguer, à l’image de ce splendide enchaînement "Onwards III/IV" vers des harmonies plus travaillées et arrangées avec goût. Ma plus grande frustration est sans doute de ne pas savoir qui se cache derrière ces sublimes claviers ("Onwards Part IV"), car s’ils s’avèrent discrets la plupart du temps, le groupe étant essentiellement axé guitares, ils sont d’une élégance et d’un bon goût de tous les instants.

En outre, cet album, d’une homogénéité de bon aloi, est aussi puissant qu’il est divertissant et je serais bien embêté pour dégager un titre en particulier tant le niveau de qualité est constant. J’ai tout de même un faible pour la pièce finale "Onwards Part III/IV" qui tout au long de ses treize minutes passe par différents stades : puissant et enlevé, puis majestueux puis doux et mélancolique avec de petits accents classicisants ou encore pour "The Silver Lining" (rescapé de la démo de 2005), au potentiel hymnique évident. Mon conseil serait plutôt le suivant : procurez-vous les deux opus du combo, aussi bons l’un que l’autre, nous tenons là un nouveau grand du Heavy Prog qui en plus a le bon goût de ne pas miser sur sa chanteuse pour remporter l’adhésion.

Et repassez-vous "Spitfire" si vous avez encore un doute (ces grattes de folie)…