L'époque n'est plus la même. On pourrait rajouter "ma bonne dame". Ça fait vieux con, blasé, désabusé, mais c'est un fait. Il y a 25 ans, "Trouble In A Red Dress", premier single de cet album de THREE LIONS, aurait été un hit, à même de concurrencer un BON JOVI dans les charts. Aujourd'hui, pfuit, quelques lignes dans la presse spécialisée, et on pense à autre chose. Pourtant, il y a de la vie, et plein de vie, dans ce nouveau projet mené par le guitariste Vinnie Burns, que les amateurs de la musique de TEN ou DARE connaissent bien. Celui qui s'est fait l'artisan du son si classieux de la six-cordes sur la plupart des albums (tout du moins les indispensables) des formations de Gary Hughes et Darren Wharton, se rappelle à notre bon souvenir par le biais d'un power-trio entièrement engagé dans la défense de la cause du Hard Rock mélodique. A ses côtés, son comparse Greg Morgan, qui a lui aussi officié dans les deux groupes précités, et un chanteur/bassiste inconnu du nom de Nigel Bailey, quadra chanceux qui propose ici sa première sortie officielle.

Il ne faut pas chercher longtemps pour comprendre de quoi il en retourne. La pochette et le logo du groupe se posent dans la droite lignée des (nombreuses) sorties estampillées Frontiers. Si le groupe n'est pas un projet studio, monté de toutes pièces par le label, il se voit chapeauté par l'omniprésent Alessandro Del Vecchio, homme à tout faire de la maison de disques italienne qui, outre la production, a participé à la composition de l'album et pose ses lignes de claviers. THREE LIONS échappe donc au sceau "Made in Frontiers", et c'est une véritable authenticité qui se dégage des 12 morceaux proposés par le trio. Il y a bien entendu "Trouble In A Red Dress", donc, porté par un refrain dantesque et le superbe travail d'artisan de la six-cordes proposé par Vinnie Burns, qui ne se contente pas de proposer des soli pour combler des mesures vides, mais propose des lignes mélodiques à la fois virtuoses et d'une efficacité à toute épreuve.

L'album ne s’époumone pas en fioritures, et ne se voit pas noyé sous d'inutiles couches de claviers, au contraire de nombre de sorties récentes dans un genre similaire. "Three Lions" est un album qui respire, qui s'épanouit au son d'un mariage réussi entre la guitare audacieuse de Vinnie Burns et le chant puissant et chaud de Nigel Bailey. On pense à TEN, bien sûr, à l'écoute de "Twisted Soul", qui combine une introduction rugueuse et agressive avec des parties chantées plus délicates et aériennes, et confèrent au titre un véritable intérêt. De même, "Winter Sun", qui nous prend d'entrée aux tripes avec une mélodie saisissante, pleine de feeling, se fait assez proche d'un DARE, dans sa période la plus récente. A l'exception d'un léger ventre-mou en milieu d'album, qui voit des ballades pas déplaisantes mais légèrement redondantes s'enchaîner comme des perles, il faut donner à THREE LIONS le crédit de savoir y faire en matière de composition. L'orientalisant "Kathmandu", à la fois épique et varié, se fait une indéniable réussite, tout comme l'enjoué "Magdalene", proche de l'univers d'un TOTO.

Il va sans dire que les amateurs de Hard Rock mélodique à la recherche de fraîcheur, à défaut d'originalité, seront aux anges. THREE LIONS ne livre pas le minimum syndical pour renouveler son contrat chez Frontiers, mais offre une douzaine de titres savamment construits, offrant une place de choix aux guitares et qui, de surcroît, nous permet de découvrir cet excellent chanteur qu'est Nigel Bailey. Pas de quoi se priver, donc, de ces petits bonheurs.

3,5/5