Les albums comme "Calculating Infinity" font partie des raisons pour lesquelles le Metal n'a pas bonne presse auprès de 98% de la population. Allez, on s'améliore, il y a dix ans, c'était 99%...

Pourquoi ? Ça gueule, c'est violent et c'est compliqué, trois éléments que la majorité des gens n'aiment pas en musique. Un gros pan des metalleux de longue date ont aussi de la difficulté avec le Mathcore, celui que CONVERGE ou The DILLINGER ESCAPE PLAN ont inventé. Pourquoi ? Manque de mélodie, de ligne directrice. Pour eux, c'est du bruit, un embryon enragé qu'on a oublié de parfaire en laboratoire. "Qu'ils aillent se faire foutre !" se disent les défenseurs du genre, qui eux, apprécient les structures archi disparates, les expérimentations et prises de risque de ces groupes. "Calculating Infinity" a fixé la barre haute en ce sens en 1999.

Encore aujourd'hui, je me demande pourquoi j'aime TDEP, moi le fan de Metal mélodique, épique et symphonique. Répondre à cette question reviendrait à étiqueter précisément TDEP, ce que les supporteurs du groupe ne se permettent pas. Le génie du combo réside justement dans son absence de clichés, son attitude de geek rebelle et son je-m'en-foutisme absolument contagieux en live et... oui, sur disque également. Ils appellent à l'ouverture d'esprit et ceux qui osent sortir de leur zone de confort en prennent pour leur rhume !

Par où commencer afin de « décrire » le plus fidèlement possible ce désordre qu'est "Calculating Infinity"... Ah tiens, je viens de rédiger un mot-clé : désordre. TDEP, c'est l'art d'ordonner le désordre, sans que ça paraisse. Une pièce de 7:55 qui en côtoie une autre de 1:56, une piste rentre-dedans qui en côtoie une en montagnes russes, des passages atmo sortis d'entre deux feux, des bidouillages de débile qui viennent s'infiltrer dans un ensemble déjà assez électrique merci... Il faut être attentif pour ne rien manquer, car le train passe vite. Ça gueule fort, ça gratte bien et rapidement, ça frappe dur et surtout, ça n'a aucune trajectoire apparente. Mais les Américains retrouvent toujours leur chemin dans ces onze excroissances.

Qu'on aime ou pas, il faut reconnaître que TDEP a des couilles en acier pour oser graver des « choses » comme "*#.." ou "Weekend Sex Change", instrumentales qui ne mènent nulle part, mais qui semblent avoir fait plaisir aux membres déjantés du groupe... Parfois, faut pas chercher des raisons à tout, y a des trucs qui ne s'expliquent pas. "Calculating Infinity" s'écoute, se vit. C'est ainsi qu'on peut prétendre, ou non, que les débuts du Mathcore n'étaient que de la bouse.

Qu'à cela ne tienne, on peut dire merci aux Américains d'avoir popularisé le Mathcore, style dont le Metal a bien besoin pour plaire aux amateurs de « théorèmes musicaux ». Avec ce premier album, disons que TDEP a tendu un fil entre le Punk et le Math Rock et l'univers métallique. Même à cela, les puristes comme Metal Archives (ces cons) refusent de les inscrire dans leur base de données encyclopédique rétrograde. Qu'ils aillent se faire foutre !

Je demeure encore partagé sur ce disque. Oui, pour les initiés, il s'agit d'une pierre fondatrice de l'édifice, mais on ne note pas un album simplement pour son importance historique ou son statut d'œuvre culte. Je préfère les efforts récents du groupe, qui démontrent qu'il a su évoluer tout en ne perdant pas de vue d'où il venait. C'est pour ça qu'en plus de quinze ans, le son énorme de TDEP ne semble avoir changé d'un iota, tandis qu'il se rapproche de plus en plus d'une reconnaissance à large échelle.

Podium : (or) "Jim Fear", (argent) "Sugar Coated Sour", (bronze) "4th Grade Dropout"

Note réelle : 3,5/5.