La question du jour : « Comment réinventer le Power Metal épique, quand à peu près tout ce qui pouvait être créé dans le genre a été remâché des dizaines de fois ? » Bonne chance aux groupes qui se colleront à cette tâche titanesque, car même les grands sachems du mouvement périclitent. Ok, ils vieillissent, mais ce n'est pas que ça... Les fans de Power savent de quoi je parle.

Il y a toujours un petit David de temps en temps qui se lève tout ragaillardi et qui sort au grand jour avec sa fronde et son effronterie pour affronter le géant Goliath. Aujourd'hui, c'est EVERTALE, des Allemands qui officient dans le genre depuis 2006, mais qui viennent de sortir leur premier album fin 2013. Un gros mur de 77 minutes contenant 14 briques, de quoi vous passionner ou vous assommer violemment. La dernière fois que j'ai écouté un premier album aussi long en Power, c'était PATHFINDER et merde que c'était bon. Cette fois, on renverse la vapeur avec ce "Of Dragons And Elves".

Mais ce n'est pas mauvais, loin de là. Le quatuor envoie la pâté rapidement malgré la longueur maladroite de l'album. On a bien droit à du Power de qualité, pas de la bouffe pour moineau. Vous remarquerez évidemment des tonnes d'influences, de BLIND GUARDIAN à NOCTURNAL RITES en passant par WUTHERING HEIGHTS, ça pleut. Vous entendrez vos propres groupes fétiches sur cet album et c'est possiblement son pire défaut. EVERTALE n'a pas entièrement réussi à éviter le piège, même si un écriteau de dix pieds par cinquante a été cloué à l'entrée de son studio. À ce sujet d'ailleurs, la formation a produit elle-même ce "Of Dragons And Elves". Cela mérite bien des applaudissements.

On a bien beau réécouter et se forcer à rester englué à cette musique, pas moyen de produire de miracles. Seuls "In The Sign Of The Valliant Warrior", "The Last Knight" ou "Firestorm" accrochent vraiment de par leur riff ou leur refrain, car le reste est du beurre qui fond rapidement en brûlant dans la poêle. Belle image, non ? Je ne souhaite pas qu'EVERTALE se consume à l'avenir, loin de là, leur effort est louable. Mais s'attaquer à un tel panthéon sans y apporter de nouveaux mets, c'est arriver avec des croustilles à un souper gastronomique ; ça va boucher un trou sur le coup, mais on aura faim dans une heure. EVERTALE a faim et le prouve, mais ne nous gave pas. Pour cet « égoïsme » inconscient, il sera durement pénalisé. Oh, j'entends les hurlements...

J'aurais pu gonfler la note à 3 pour l'ampleur de cette première galette, mais non. Je ne vois pas, en l'état actuel des choses, comment EVERTALE pourrait nous redonner espoir en cette scène qui a vécu de meilleurs jours. C'est bien essayé, c'est gentil d'être venu, mais faudra vous trouver une personnalité pour aller avec ces habiletés musicales, les gars. Car on peut bien jouer, mais jouer dans le désert sans public, c'est triste. Jésus l'a déjà fait et putain qu'il s'est emmerdé, comme il me le rappelait l'autre jour quand je ne l'écoutais pas.

Courte chronique pour un long album qui, en vérité, s'avère plus éphémère qu'on ne l'aurait cru au départ. Dire qu'on compare EVERTALE à BLIND GUARDIAN... Ouf, on croit rêver.

Note réelle : 2,5/5.