Alors cette chro je comptais pas la faire… ACID c’est plutôt simple : trois petits albums, le premier étant le plus méchant et sans doute aussi le meilleur : c’est un portrait de discographie qui se fait plutôt rapidement, déjà que j’aurai eu l’impression de me répéter en donnant un quatre étoiles (mérité) à "Maniac". Voyez mon état d’esprit : ACID botte suprêmement tous les culs deux fois, le troisième fait nécessairement pareil ou ne le fait pas, ce qui donne directement le portrait-robot d’une chronique un peu chiante où l’on passe son temps à élaborer sur les différences entre albums pour conclure si oui ou non ce dernier effort est à la hauteur. Vous avez l’impression d’avoir déjà lu une chronique comme ça ? Je parie que oui ; dans les deux cas pas la peine de tirer le lecteur de son lit pour s’avaler ça.

Mais "Engine Beast" m’a surpris ! Sans parler d’un changement de direction (ACID passe de Speed Metal de la mort à un autre genre de Speed Metal de la mort, la belle affaire), il se passe un petit quelque chose qui m’a filé une agitation parasite, c’est-à-dire en plus du tapage de pied en cadence (la base). Ce qui me permet de pas faire la même chronique deux fois de suite (parce que trouver plein de synonymes pour les mêmes cinq ou six mots tout le temps c’est fastidieux), c’est qu’ACID se lâche, se relâche on dirait pendant les premières écoutes, mais garde l’essentiel, l’impression d’un groupe frais qui s’amuse en délivrant une pêche d’enfer !

Si on a une impression de différence marquée avec les deux autres albums, c’est en fait la faute à une poignée de chansons, qui sont du coup celles qui se remarquent immédiatement pendant les premières écoutes alors que les compos qui pourraient très bien avoir été écrites pour les albums précédents sont au coude-à-coude dans un bouillon métallique qui ne se précisera qu’avec quelques écoutes de plus. Et même après avoir laissé un peu amusé et incrédule, certains de ces intrus ont tendance à voler la vedette au reste, comme "Halloween Queen" qui fait clairement sa star en troisième position. Avec "Big Ben", qui sonne comme une chanson de Noël béate et avec un refrain presque inepte ("We like heavy, heavy metal") et "She Loves You" (apothéose kitsch susurrée), on tient un trio de chansons plus catchy qui dénotent clairement, d’autant plus qu’elles sont casées après des morceaux classiques un tantinet plus faibles que ce qu’on a connu avant de la part d’ACID. Entre l’ouverture "STC" (Screw The Cops) et l’attaque finale c’est principalement sur "Warriors Of The Dark" qu’ACID fait opérer la magie plus traditionnelle qu’on lui connaît, un peu cheap, mais quand même.

Mais si le rythme de l’album est un peu cassé, les morceaux qui speedent sont aussi beaucoup plus efficaces et placés en position stratégique au début et à la fin. Les deux fonceurs ultimes "Engine Beast" et "Satan’s Delivery" avec leur grosse caisse complètement sauvage permettent à ACID de sortir définitivement du décor sur une cavalcade haletante et une note de gros gras rauque qu’ils étalaient sans réfléchir sur leur s/t.

"Engine Beast" est trop varié pour vraiment rivaliser pas avec les autres albums du combo mais fait la route avec sans que ses grands frères lui tapent dessus, et décroche une place quand même plus honorable que celle de "troisième album vaguement au niveau des précédents". Ensuite, c’est 1985 et déjà séparé, dommage.