A ma découverte du premier album d'IRON MONKEY, j'ai très vite compris que le Sludge c'était une musique de masochistes, de tarés qui prennent du plaisir dans la violence. Le Sludge c'est pas l'image qu'on a souvent du NOLA décontracté avec les couilles qui collent, la main anesthésiée par le soleil, le corps dans la boue mais le sourire aux lèvres du genre groove de canicule post-gang bang de ta sœur de neuf ans. Non. Le Sludge c'est aussi le mec qui défonce au poing américain le gentil voisin de palier venant se présenter au moment de son emménagement, avec des cookies à offrir, c'est le mec qui après, et de la manière la plus naturelle du monde, va aller se décapsuler une bière low price juste pour se défoncer les neurones, te refoutre un coup de pompe dans le bide pour bien s'assurer que tu bougeras pas de sitôt puis prendra, d'un pas nonchalant, la direction de l'usine. En bref, le Sludge laisse des traces sur tes joues. Et pas celles en forme de cœur au rouge à lèvres, plutôt celles en forme de plaques saignantes et cercles noirâtres de bataille dans les graviers.

IRON MONKEY, pour vous la faire courte, c'est le second groupe que l'on découvre après EYEHATEGOD, quand on s'intéresse au vrai Sludge, celui de dérangé qui boite plus qu'il ne court à travers champs et qui vomit plus qu'il ne gueule. D'ailleurs c'est ce qui fait en partie la renommée de la bande : Johnny Morrow et son chant totalement déchiré, bourré de glaires, qui passe subrepticement dans les registres plus graves selon l'humeur afin d'assener ses paroles malsaines. Il faudra un net temps d'adaptation avant d'apprécier ses interventions à leur juste valeur, mais quand c'est chose faite, vous en redemanderez.

Le Sludge anglais est connu pour son agression sans ménagement, urbaine et sèche. IRON MONKEY se fait le porte étendard de la scène et offre en 1997 un album de référence du genre. Puisqu'en dehors de ce chant reconnaissable entre tous, la musique des Anglais remplit elle aussi bien plus que le cahier des charges. Les chansons pourront donner l'impression de se ressembler, mais l'assaut n'en est pas moins surprenant. Évitant de sonner gras et mollasson, chaque titre plaque sa sentence cruelle au tesson sur la face de l'auditeur et même si le groupe sonne très NOLA le temps d'un "Black Aspirin", le reste de la galette nous traine bien plus dans les caniveaux et les bords de murs râpeux, à une vitesse déjà bien trop indécente, que sur les bords d'un quelconque fleuve Groove.

Mais attention, rien ici d'indomptable, de contre-nature ou d'immonde. IRON MONKEY pratique le Sludge de cœur, celui qui draine toute ton énergie dans la bataille, celui qui t'implique dans l'écoute en te faisant croire que tu ressortiras gagnant de l'affront, mais celui qui te fout un coup de crosse dans la nuque au dernier moment et te laisse là gisant, comme un con. IRON MONKEY restera pour toujours un incontournable du Sludge, d'Angleterre ou d'ailleurs.


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