Le Death Technique. Nan, pire. Le Brutal Death Technique. Quand on en pratique, plusieurs choix stylistiques s'offrent à nous. Soit c'est clair, net, précis, tranchant. C'est inhumain, joué par des machines et ça balance dans les étoiles. Du genre propre, masturbatoire, plein de notes bariolées mais quand même brutal tellement que le batteur est dingue et que les guitaristes ont 18 bras.
Ou alors, c'est un poil moins carré, avec un son un peu moins propre. Et là, pour pratiquement la même musique, on passe de la stratosphère aux bas-fonds infestés de zombies en décomposition. Ou comment transformer DECREPIT BIRTH en DEFEATED SANITY, pour faire plus concret.
Et donc, après avoir lu cette introduction, vous pensez que je vais le placer où sur cette échelle binaire, ce SEROCS ? Oui, vous avez raison. Juste là. Bravo, vous êtes fantastiques.

Et donc, après un "Oneirology" qui n'a pas fait grand bruit l'année passée, les Mexicains/US/Finlandais (oula) remettent le couvert et piquent une peinture à John Martins pour orner la pochette de leur album.
Et on vous conseille de bien vous préparer avant d'écouter ça parce que bon, c'est quand même pas une expérience dont on ressort intègre. Parce que quand on réunit un line-up pareil, attendez vous à un joyeux bordel !
Ben ouais, déjà rien qu'à la guitare on a Philippe Tougas. Comment ça ça vous dit rien ? Si je dis que c'est le mec derrière FIRST FRAGMENT, ZEALOTRY et CHTHE'ILIST, ça va mieux ? Rangez vos érections messieurs. Et donc, on entoure ce monstre d'un bassiste officiant dans VILE et MONSTROSITY, du batteur de KATAPLEXIA et de l'ancien vocaliste des énormes LECHEROUS NOCTURNE, et on tient finalement un putain de all-star band qui tue tout, malgré les conditions d'enregistrement bien random (un ingé son pour chaque instrument, casting international et album réalisé à distance oblige).
Et à cela on rajoute une foule de guests en pagaille (carrément Anti Boman de DEMILICH qui vient pousser la chansonnette sur le dernier morceau !) et on est du coup bien impatient de comprendre à quoi ressemble ce truc.

Et ce même truc se révèle vraiment pas facile à assimiler. Pourquoi ? Ben parce que la production sulfureuse ne tient pas en place, et surtout les blasts. Notre ami Timo s'emballe dans tous les sens, et quand c'est pour nous blastouiller la tronche c'est en mode Hammer-Blast façon Grindcore, ce qui rend le martèlement particulièrement violent et colore tout l'album de bordel total. Nan mais écoutez ce premier titre quoi, rien que pour son solo aux sonorités rondes et aqueuses qu'on se demande si ça sort bien des enceintes quand il arrive...
La comparaison avec DEMILICH ne s'arrête pas au guest sur le dernier morceau, tant on peut sentir leur influence dans la manière de composer. L'ambiance est un poil similaire mais en bien plus rouge, et surtout les riffs se tordent un peu de la même manière. Même si évidement, c'est moins globuleux, froid et surtout c'est bien plus Brutal. La parfaite fusion entre DEMILICH et KRISIUN, assez étonnant sur le papier donc... Ou alors on va plus vite et on cite directement GORGUTS et son "Obscura" comme influence principale. Là, c'est plus évocateur.

Et donc, avec ces riffs tordus et cette énergie débordante, "The Next" n'est au final pas un album facile. Si tous les morceaux peuvent sans trop de problèmes être décomposés, assimilés et analysés séparément, s'enfiler le tout d'un bloc est un défi bien différent. M'enfin, du moment que ça bute... "Urban Terror" par exemple, le spectre sonore a beau être complexifié de partout, au final ce ne sont que des riffs relativement simples, accrocheurs et bourrés de gimmicks qui reviennent. C'est juste que le tout a été retravaillé à l'excès, bourré de détails, de basse qui tricote partout, d'un chant aux lignes se calant bizarrement sur la rythmique... Bref, on part d'un truc pas si compliqué que ça, ressemblant vite fait à du DISGORGE schématique dans la structure, et on le malaxe jusqu'à transformer ça en Death Technique complètement chaotique. Faut avouer que ça change, et qu'on a plus trop l'habitude d'entendre ça depuis que GORGUTS a arrêté de faire du GORGUTS. Et on se retrouve avec du coup beaucoup de passages marquants à défaut de réussir à faire vraiment ressortir un morceau complet... "Weakness Fed The Fear" pour ses accélérations subites épileptiques, "The Shining One" qui se veut épique et enlevé et surtout le titre final.
"Alienus Gignesthai" ou le morceau qui veut se jouer final ultime avec son intro au clavier bien kitsch. Bien plus lourd et pesant que le reste, et surtout sa partie plus étrange et planante voyant l'apparition tant attendue de Anti Boman et ses vocaux globuleux reconnaissables entre mille... Mais n'apportant pas grand chose au final, il faut l'avouer.

Bref. SEROCS est un groupe bien rodé, constitué de membres qui savent parfaitement ce qu'ils font. Et ce qu'ils font, c'est du bruit, beaucoup de bruit, en tapant en simultané tout partout et en partant dans tous les sens en jouant à étirer un rythme qui semble élastique. Et c'est pas mal. Pour faire très très court, si "Obscura" de GORGUTS avait été un album de Brutal Death Technique plutôt que de Bordel Metal Extrême, c'aurait été "The Next". Et donc, on tient ici un bien bel objet, qui fait bien perdre des neurones comme on l'aime, maîtrisant parfaitement l'art de faire beaucoup de bordel tout en sonnant contrôlé. Un minimum original, personnifié, mais encore très très référentiel et j'avoue que j'y reviendrai quand même pas tous les jours...

Rnaefpianefp : Si vous voulez en prendre plein la tronche et ressortir de l'écoute totalement épuisé, c'est ici qu'il faut frapper. Soyez prêts.

3,5/5.