A quel moment EDGUY a-t-il cessé d'être intéressant ? Dans le courant de la deuxième moitié des années 2000, lorsque Tobias Sammet a réalisé qu'il avait fait le tour de son Speed Metal, et a décidé de changer de cap, en sachant pertinemment qu'il ne parviendrait jamais plus à proposer un album de la qualité de "Theatre Of Salvation" ou de "Hellfire Club". Le Speed Metal s'est pris à son propre piège en se faisant un autel à la gloire de la toute-puissante mélodie. Car lorsque l'inspiration baisse, il ne reste alors qu'un champ de ruines, comme peuvent en témoigner nombres de groupes de deuxième division qui, après un engouement exceptionnel à l'aube du siècle naissant, peinent aujourd'hui à se renouveler et proposer une musique convaincante.

Dans ce contexte, qu'attendre de l'arrivée de NAUTILUZ, jeune groupe péruvien qui se présente comme un groupe hybride entre EDGUY, STRATOVARIUS et NOCTURNAL RITES. Rien, bien entendu. Tout a été dit, tout a été fait. On se retrouve donc agréablement surpris par la fraîcheur d'une musique qui renvoie directement à la grande époque du Spimélo, les dragons en moins. "Burning Heart", c'est du EDGUY période "Vain Glory Opera", ni plus ni moins. "The Mirror", avec ses claviers épileptiques, est un mélange entre le STRATOVARIUS de "Destiny" et n'importe quel morceau d'INSANIA, tandis que la power-ballade "Unwritten Serenade" rappelle, effectivement, le dernier album des regrettés NOCTURNAL RITES. NAUTILUZ nous transporte ainsi un bon paquet d'années en arrière, et cite ses influences en étendard, comme un gage de qualité. Et il est vrai que la sauce prend plutôt bien. Tout simplement parce que nous n'avons pas simplement ici affaire à une bande de copistes, mais bien à un groupe sûr de son fait, qui balance sans broncher quelques compositions bien senties.

Pas de quoi crier à la renaissance d'un style en perdition, mais simplement de quoi noter que les petits faits par les groupes "séculaires" du Spimélo peuvent eux-aussi prétendre faire carrière. Sur "Burning Hearts", double grosse caisse, riff pachydermique et chanteur versatile à la voix tantôt céleste, tantôt sombre et agressive, viennent nous prouver que NAUTILUZ en a dans la culotte. Les bons moments, répartis sur l'ensemble de l'album, parviennent ainsi à capter l'attention sur toute la durée de l'opus. On retiendra, en particulier, "Eden's Lair", ses claviers ostentatoires et son solo captivant, "The Bard", longue pièce épique qui parvient à distiller des ambiances tribales, quasi-païennes, ou encore le morceau-titre "Leaving All Behind", dont la démesure rythmique n'a d'égale que la pertinence et l'impact des mélodies.

L'ensemble sonne parfois de manière un peu générique, ce que n'arrange pas le chant de Sebastian Flores, parfois très proche de celui de Tobias Sammet. On reste néanmoins raisonnablement convaincu par ce premier effort d'un groupe qui va avoir fort à faire pour se démarquer s'il souhaite poursuivre dans cette voie Spimélo, pour laquelle il semble finalement plutôt bien taillé.