Maintenant que les trois chefs de file ont été correctement introduits (PARABELLUM, REENCARNACIÓN et BLASFEMIA), je voudrais terminer notre petite introspection dans le Metal extrême colombien des années 80 en vous présentant une œuvre plus rare, beaucoup moins célèbre mais tout aussi intéressante. Le groupe se nomme NEKROMANTIE (ce qui manque cruellement d’originalité), n’aura vécu que deux courtes années (1986-88) et produit seulement une maigre démo de vingt minutes. Vous l’aurez compris : "Resurrección Maldita" est une anecdote de l’histoire du Metal extrême, une parenthèse à laquelle personne n’a daigné prêté attention.
Mais il a arrive parfois qu’une anecdote se révèle tout aussi croustillante (voire plus croustillante) que l’histoire en elle-même.

(Saviez-vous par exemple que le chanteur de SADISTIK EXEKUTION est aussi un des plus grands experts en pêche à la ligne d’Australie ? Cool non ? Et saviez-vous qu’à une époque Rok et Dave Slave passaient leur temps a pêcher dans un canal devant le McDonald et que dès qu’ils choppaient quelque chose ils rentraient avec le poisson agonisant dans le fast-food en hurlant qu’on leur cuisine leur dernière capture !)

NEKROMANTIE est de cet ordre-là : un détail négligeable pouvant enrichir un contexte de base déjà intéressant. Ainsi il est important de préciser que si vous n’avez pas su apprécier PARABELLUM, vous n’aurez aucune chance de prendre le moindre plaisir avec NEKROMANTIE. Si vous êtes dans cette situation, merci de bien vouloir quitter ma chronique ; vous la salissez avec "falseness" et votre "poserness".

Maintenant qu’il ne reste plus que les trve du kvlt dans la salle, parlons musique : NEKROMANTIE ressemble à HELLHAMMER qui jouerait du PARABELLUM. Proposition aguichante sur papier et qui pour une fois répond aux attentes en musique. Les deux influences se marient de façon convaincante, tantôt le côté lourd et doomy de HELLHAMMER, tantôt le côté tranchant et dégénéré de PARABELLUM.
La production est, aussi surprenant que ça puisse paraître, assez bonne !

On peut tout de même se demander si il était vraiment nécessaire d’être cinq pour produire une musique aussi primitive… Les HELLHAMMER n’était généralement que trois pour un travail encore meilleur… Cependant certains des membres sortent du lot : à commencer par ce chanteur bien féroce dont les cordes vocales évoquent plus l’alien que l’humain. Les soli bien sulfureux rappellent les meilleures heures de HOLOCAUSTO et un peu SAVAGE GRACE.
Le rendu final est véritablement impressionnant ; on est presque déçu que ces petits gars n’aient jamais eu l’occasion de pondre un album complet. Un titre comme "Existencia Putrefacto" est un archétype brillant de ce que peut être un grand titre de Black sud-américain. Une odeur putrido-occulte se dégage de façon assez fascinante des titres personnels du groupe (les deux reprises présentes sur le disque sont relativement insignifiantes) et l’on regrettera juste la présence des sempiternelles pistes rehearsal au son trop immonde que pour être vraiment appréciées...

Petite perle rare parfois intéressante, "Resurrección Maldita" est une œuvre sans prétention qui se suffit à elle-même. Cette entité a su jusqu’à présent rester hors de portée des hordes kvltesques qui se branlent sur le moindre pet Black Metal old school, son intégrité n’en sera appréciée que plus justement. Voilà pour conclure sur le Black colombien années 80 (dans les grandes lignes) en terminant sur une note rafraîchissante et rarement entendue.
Cette petite perle rare de Black Metal première vague est disponible sur YouTube et très pénible à acquérir en format physique.