Je ne sais si c'est un genre de mode ces derniers temps, de faire des groupes occultes et psychédéliques... On dirait que tout le monde redécouvre ces genres actuellement, et j'avouerai en faire partie. Mais dans toutes mes recherches et mes écoutes, un groupe anglais m'aura marqué plus que les autres, un album même, qui est ce "White Hoarhound". Mêler du Pagan et du Stoner Doom ? Non, pas tout à fait. Le mêler à une idée de culte de la nature très marquée ? Plutôt oui. C'est là la particularité d'ALUNAH.

J'ai été intriguée par cette pochette, surtout en lisant à côté que ce n'était absolument pas du Pagan. Pourtant, elle ressemble à certaines photographies d'artistes comme Heathen Harnow (c'était la minute pub, allez donc voir ce qu'il fait). Pourtant, en écoutant l'album précédent "Call Of Avernus" on ne retrouve quasiment pas cet aspect mystique dédié à la nature qu'on a ici. Il n'y avait qu'un début de quelque chose, avec les textes et les titres des morceaux, mais rien de plus. On peut bien voir l'évolution d'un album à l'autre, la recherche d'un thème et d'une atmosphère unique pour "White Hoarhound". Le son évolue donc complètement en deux ans, seules restent l'ambiance lourde et saturée du Stoner et la voix si particulière de Soph Day.

Parlons donc de ce chant, puisque c'est un des points originaux du groupe. Si le fait d'avoir une chanteuse dans un groupe de Doom n'est plus si rare, ce que j'aime chez ALUNAH c'est ce chant si simple finalement. Madame Day n'essaie absolument pas d'impressionner avec des vocalises ou une puissance particulière, et c'est bien appréciable ! Dans l'idée, simpliste et monotone, ça me rappelle la chanteuse de MENACE RUINE. Dans le style on pourrait plutôt dire que les influences se trouvent plutôt du côté de JESS AND THE ANCIENT ONES ou ROSE KEMP. Généralement, on parle du groupe plus ou moins comme une suite des premiers BLACK SABBATH, plus largement le groupe s'inspire plutôt de ce qui se fait en Stoner Doom plus récemment, ACID KING pour ne citer qu'eux, dans l'idée d'un groupe lourd et porté par un chant féminin simpliste.

En pratique, le groupe s'éloigne de ses racines Metal sur cet album, bien que toutes les influences soient ancrées pour de bon. On a de bons riffs lourds, et une saturation extrême, mais ALUNAH reste un groupe plutôt doux à l'écoute. Le son n'est absolument pas agressif, il sonne comme une berceuse si on essaie de l'imaginer de cette manière. Toutes les pistes semblent non pas se superposer mais s'allier en une seule. On a quand même largement une impression de flottement aquatique et grave en écoutant par exemple "Belial's Fjord". On croirait la composition de ce titre portée par des impressions, des instincts, que rien n'est calculé, que rien n'est prévu pour sonner juste, c'est pourquoi ALUNAH semble être simple et sincère, pourtant bien plus intense que de nombreux groupes qui misent tout sur la technique ou les émotions.

Les structures sont également assez originales, car la batterie est toujours la plus simple possible, à peine perceptible, et le cœur des morceaux se retrouve dans les riffs. Si on prend l'exemple de "The Offering", toute la dynamique (si lente et molle soit-elle) est menée par les parties de guitare. La batterie ne suit même pas, l'honneur ne revient qu'aux instruments à cordes ici (pas étonnant quand on sait qu'elles sont jouées par le noyau du groupe, le couple Day). Même quand on perçoit un solo, il n'est en rien exagéré ou ne tente pas d'être impressionnant. Vous l'avez compris, j'aime cette simplicité pourtant intense chez ALUNAH.

Venons-en alors au chant si particulier de Soph Day, qui est prenant tout en restant cru. Il hypnotise, sur "Chester Midsummer Watch Parade" ou "Oak Ritual II", il reste en tête pendant des heures avec le titre éponyme, mais il devient encore plus intense sur le morceau acoustique "Oak Ritual I" (qui est bien trop court pour supporter toute cette atmosphère écrasante).
C'est là qu'interviennent les textes, qui restent étonnants pour du Stoner Doom car ils semblent tout droit sortis d'un groupe de Folk Pagan, bien que superbement bien adaptés à l'ambiance lourde et flottante, hypnotisante et mystique de cet album. Ça parle tout simplement de dévotion à la nature, de sacrifice à la Terre pour apporter la renaissance, de vent d'été sous la lune brillante... Ça paraît tellement cliché vu comme ça, pourtant c'est assez bien écrit, elle n'essaie pas d'en faire trop, c'est juste et clair.

Même si on dépasse les 45 minutes, cet album me semble bien trop court. À force de me passer l'album, un nouveau titre à chaque écoute se détachait, devenait bien plus intéressant qu'à l'écoute précédente, jusqu'à ce que je me rende compte qu'aucun titre n'était en dessous. Tous de qualité, aucune déception. Il suffit de laisser l'ambiance d'ALUNAH vous immerger totalement et c'est parti. La découverte est déjà forte, mais avec du recul c'est un véritable coup de cœur que j'ai eu pour "White Hoarhound". On tient là tout un concept, un ensemble original avec sa propre atmosphère, et je n'ai qu'un seul espoir : qu'ALUNAH garde cette idée pour son prochain album. J'ai espéré retrouver ce que j'appréciais ici dans l'album précédent, mais c'est complètement différent. Et ce serait dommage de laisser tomber une idée pareille.

Note réelle : 4,5.