Avec un nom pareil, ça aurait pu être tragique, impressionnant, écrasant ou alors, et tout en même temps à la fois, désespéré et touché au plus profond, meurtri... REGARDE LES HOMMES TOMBER (RLHT). Le nom de groupe totalement Emo dans l'âme mais qui ne dépareille pas devant certains titres de chansons de compatriotes français (YEAR OF NO LIGHT, CELESTE). Ça aurait pu être ça aussi. Un tourbillon de ténèbres ou de lumière qui se déverse comme de la lave dans vos veines. Ça aurait pu... Mais RLHT n'est rien de tout cela. RLHT est moderne.

Moderne dans quel sens ? Moderne parce que basse. Moderne parce que chromé. Moderne parce que bien trop à sa place, bien trop sûr de lui, bien trop fier. Ne se fait-il pas porteur de terribles présages sur "Wanderer Of Eternity" ? Ne sentez-vous pas que ça dégouline de privilège ? C'est MOI qui leur annoncerai qu'ils vont tous crever. Et malheureusement, toute cette soupasse bien trop poncée — mais qui avance masquée, remarquez l'expertise — bah on croque dedans à pleine dent et on se prend au jeu. Parce que quand j'évoquais la basse plus tôt là, c'était pas histoire de dire "t'as vu y a un bassiste et même qu'il joue de la basse". Non non non. La basse ressort tellement et vient appuyer avec une telle force les rythmiques du groupe, transformant beaucoup de passages en jumpy jumpa du désespoir que le couplage bâtard (dans tous les sens du terme) Black / Hardcore n'est pas loin. Ou devrais-je parler de "Post Black" ? Mais je n'y peux rien, ce terme me fout la nausée tellement il est devenu un fourre-tout magnifique qui ne veut plus rien dire, et après tout où est la frontière avec le Black Atmosphérique ? Oh et puis c'est un autre débat...

Reprenons. N'allez pas entendre un KVELERTAK du côté obscur de la force ici. Rien de tout cela. Tenez, exemple. Y a qu'à entendre (écouter c'est mieux) "Ov Flames, Flesh And Sins" et sa succession de guitares rasoirs finement aiguisées — mais inoffensives, too bad — vers un passage totalement syncopé du genre moshpart dans ta face, éboulement de cailloux dans ta tronche, pour avoir tout capté au délire. Et encore une fois, je dis pas, on se prend carrément au jeu et le résultat final n'est pas si atroce que ça (surtout lors des premières écoutes où il peut laisser des traces). Attention toutefois si vous les avez vus en live avant de faire spinner la galette, le tout risque de vous paraître un brin contenu (car oui, en live RLHT sait y faire). Je ne vous tiendrai pas le discours du groupe qui n'apporte pas de l'eau au moulin du genre, puisque pour moi RLHT est entre plusieurs mondes, et pas franchement celui du Post Black, vu comment ses passages menaçants me font plus penser à un semi-AMENRA en attente d'explosion qu'à un groupe de Black contemplateur d'étoiles.

Je ne suis pas très familier avec OTARGOS (apparemment ils parlent de Physique Quantique dans leurs chansons, c'est du joli), mais sachez que c'est le même gus au chant. Son boulot se fait vraiment intéressant en live encore une fois, à mon sens — bien que je commence à douter de cette soirée concert à Nantes, avec CELESTE en headline, bien trop énorme pour être vraie — là où sur album il est surtout là pour vous rappeler qu'on déconne pas et qu'on joue quand même un peu dans la catégorie Black Metal pas content et qui annonce la fin du Monde.

En fin de compte, je ne cache pas que j'étais assez excité par cette nouvelle sortie des Acteurs de l'Ombre, malheureusement — et même si ça a été le cas un jour — ça ne touche pas la corde sensible. Moderne, carré, propre sur lui, là où on aurait aimé que ça dégueule de sueur et de sang, de poussière et de caillots. "The Fall" clôt le disque sur sa meilleure note, mais la question reste en suspens : reviendrons nous encore dessus ? Sur ce petit bout de musique pas vilain du tout, mais c'est d'ailleurs ça qu'on lui reproche.

On se retrouve en salle.


Ignore the woe of the old tired man...