Ces 3 ou 4 dernières années nous ont laissé entrevoir l’émergence d’une nouvelle génération de Black Metalleux norvégiens, dont les premières productions n’auront eu aucun mal à convaincre les fans du genre. Ces groupes sont, puisqu’il faut bien les citer, APTORIAN DEMON, ONE TAIL ONE HEAD, VEMOD, BLACK MAJESTY et pour finir MARE, dont il est question ici. En se penchant un peu plus près sur le jeune cercle, on se rend vite compte, et sans surprises, que les groupes s’échangent et partagent leurs membres comme dans les meilleures partouzes musicales (merci encore à DarkMorue de m’avoir initié à ce fabuleux jeu). Un jeune cercle bien fermé, les Black Metalleux ne changeront donc jamais... Faudra penser à leur dire un jour que ça serait peut-être mieux de ne s’investir que dans un groupe à la fois au lieu de commencer 36 projets, et que, copuler entre cousins, j’en sais quelque chose, c’est pas forcément la meilleure des idées…

À ce titre, la grille horaire des membres de MARE semble infernale tant les 5 membres sont éparpillés dans de multiples projets, parfois ensembles, parfois séparés (voire la page Metal Archives, c'est assez drôle). J’espère franchement pour eux qu’ils habitent la même forêt (comme les autres zigotos français), parce que ce tous ces chassés-croisés grimés ça me donne la migraine rien que d’y penser.
Mais après tout, qui suis-je pour juger tant que les divers orchestres jouent bien dur et fort ? Car de bonne zik, il en est question chez MARE et cette compilation dont nous tentons de parler depuis deux paragraphes s’avère tout ce qu’il y a de plus honnête dans le genre.

Regroupant les deux EP du groupe, désormais sold out, cette compile nous permet de découvrir un groupe doué et efficace, très loin de la sempiternelle soupe DARKTHRONE-ienne que l’on redoute à chaque fois qu'on bouffe à la Black cantine. La nostalgie pour les "good old days" n’en est pas moins présente mais c’est EMPEROR qui est célébré cette fois. L’ingéniosité de "Spheres Like Death" (les 4 premiers morceaux) est d’aller puiser son inspiration dans l'époque Mortiis des empereurs : un son très raw et mystique auquel s’ajoute en fond sonore discret des nappes de claviers délicats. Le résultat est direct et se ressent surtout sur le premier titre "Nidrosian Moon Sabbat", une belle et agréable réussite Black Metal à l’ancienne. La voix grave et pesante du chanteur de VEMOD rompt surtout très bien avec le type de vocalise qu’on a l’habitude d’entendre sur ce genre de production. Un point en plus pour MARE.

On s’inquiète cependant pour l’intégrité du groupe dès qu’il s’agit de s’éloigner un peu de ses influences. Le morceau titre "Spheres Like Death" en est une tentative relativement ratée : MARE joue la carte de l’atmosphérique en riffant lentement et en parlant doucement mais ne parvient pas à imposer l'ambiance voulue. Pas de frissons, pas de décollage inattendu, pas de cris de douleurs… L’incantation est ratée. Heureusement pour eux, les deux titres suivants reviennent à un EMPEROR réglementaire et contrôlé, empêchant MARE d’être défini comme un énième groupe de Black Metal de chambre.

Les titres du premier EP ("Throne Of The Thirteenth Witch") sont quant à eux assez faibles (et mal produits, dans le mauvais sens du terme) et ne semblent être présents que pour nous montrer que le groupe a beaucoup progressé sur son deuxième méfait.
Conclusion : MARE a tout l’attirail du bon groupe de Black norvégien baseux (les photos craignos en noir et blanc, les bougies, le grimoire et le calice), il ne lui manque que l’originalité. On peut espérer qu’un premier album viendra me contredire, mais MARE donne la très nette impression d’être un groupe limité (ce qui ne veut pas dire qu'il est dénué d’intérêt).
En attendant les fans de old-school se l’arrachent, et ont peut-être raison. Qui vivra verra.