Voilà un petit moment que je parle de Death Finlandais. Un petit tour du propriétaire, une partie de la scène allant de AMORPHIS à FUNEBRE en passant par SENTENCED et DISGRACE, y'a même Zodd qui dans son coin bidouille un petit coup en nous sortant du ANCIENT ROTTEN GRAVEGUARDS juste histoire de citer une ancienne avant-garde pourrie (au moins autant que ma vanne qui en plus tape à côté).
Mais voilà, il semblerait que j'en ai oublié un quand même, à savoir ABHORRENCE.
Celui que tout le monde considère comme le premier groupe de Death à venir de ce côté-là de la Scandinavie. Voilà quoi, il serait dommage de pas en parler quand même, vous trouvez pas ?

La chronique porte ici sur l'EP, mais en sachant qu'elle a été rééditée en compagnie de la démo sortie auparavant la même année sur l'anthologie du groupe "Completely Vulgar", je vais faire coup double. Parce que je le répéterais jamais assez, on est sur Nightfall, et sur Nightfall ben on est des fous, c'est tout.
Le groupe s'est donc formé en 1989, et contient entre autres en ses rangs un certain Tomi Koivusaari. Sous ce nom barbare se cache bien évidement le leader et guitariste (autrefois growleur) d'AMORPHIS, mais si, je suis sûr que vous l'avez tout de suite reconnu. Décidément le monde est petit... Et ce n'est donc pas pour rien qu'AMORPHIS a par la suite effectué 40 reprises du morceau "Vulgar Necrolatry" issu du premier EP du groupe.
Ce premier EP daté donc au carbone 14 de début 1990 serait donc à en croire la légende la première réalisation 100% Death Metal que la Finlande ait pu nous offrir (comprenez par là, en giclant les éléments Thrash et en se tournant vers ce qui se faisait en Suède), même si y'a une sévère concurrence avec les démos de FUNEBRE qui sont cependant un poil polémiques à la datation.
Toujours est-il que chez ABHORRENCE, ça avoine sec, peu importe la date de sortie, ce qui importe c'est d'en prendre plein la tronche et on est servi.
Certes la production est absolument dégueulasse sur cette première démo (dans le bon sens du terme néanmoins hein), le Death pratiqué est nécrologique à souhait et se barre en couille à chaque détour d'accélération, mais se permet de grands moments. Que ce soit la composition ultime "Vulgar Necrolatry" n'étant pas devenue un classique de la scène pour rien, une "Devourer Of Souls" avec des riffs tendant méchamment sur le BOLT THROWER à venir (!) et la masse écrasante "Pleasure Of Putrid Flesh", on affiche un haut potentiel et on se mange du méchant Death de la crypte avec même quelques petits soli bien troussés qui font plaisir !

Et voilà qui nous amène quelques mois plus tard sur l'EP objet de cette chronique. Une pochette culte et pas pour rien, une tracklist courte de 13 min pour 4 morceaux, et surtout notre gros Timo Tolkki qui déboule à la production, pour le premier album de Death qu'il enregistrera de sa vie.
Donc ça change tout, le son est bien moins étouffé et tronçonne bien dans le lard (l'intro de "Holy Laws Of Pain" suffit à démembrer qui que ce soit) tout en restant assez sourd, exactement ce qui convient à la musique pratiquée, même si on aurait pu faire plus puissant je l'accorde.
C'est ici de pur Death Metal macabre, old school et crade dont il est question, complètement façonné sur les cendres de NIHILIST, et total résumé de ce qu'était le Finnish Death. C'est à dire obscur, avec de sacrés relents putrides et des riffs lourds n'hésitant cependant pas à foncer et taper partout sans prévenir (les explosions soudaines de "Disintegration Of Flesh") selon une recette qui a été maintes fois appliquée par le futur.
J'en veux donc pour preuve le premier morceau ici présent, le ravageur "Pestilential Mists" pataugeant dans un tempo assez lent malgré des fulgurances dont on retient surtout le final bulldozer aux discrètes leads sournoises planquées derrière, avant d'embrayer donc sur "Holy Laws Of Pain" qui reste définitivement la meilleure composition de l'histoire du combo pour moi, surtout grâce à ce riff écrasant et catchy comme pas possible, ce feeling bovin et bourrin juste jouissif...
Ah, et petite note sur les vocaux : beuglés, méchants, mais linéaires, strictement rien de bien original vu qu'en gros c'est du LG Petrov en plus bas et crade, mais de quoi ravir tout fan du genre.

Et donc, ensuite... Ben ensuite c'est fini. Le groupe enregistre deux autres titres pour une cassette qui ne sortira jamais (mais néanmoins déterrés pour finir sur la compilation sortie par le label Svart), et puis ça splitte et c'est terminé.
Nous voilà avec l'un des groupes cultes les plus éphémères du monde du Death Metal, la durée de vie du combo n'ayant au final même pas atteint le seuil d'une année unique. Wow, voilà qui en impose quand même. À peine quelques mois d'existence et tout de même pilier de la scène, ça ferait rêver plus d'un groupe néophyte...
Et donc le groupe éclate. Le guitariste va tout déboîter dans AMORPHIS, le batteur finira même par prendre la basse de IMPALED NAZARENE (gné ?), le reste reviendra peu à peu au néant Death Metallique, laissant derrière eux un témoignage de toute une époque, une œuvre certes imparfaite, mais à la base de tant de choses et si culte que tout passionné d'histoire musicale se doit d'y jeter ses oreilles.

"Vain Syödä Kurkkua" : un EP de Death Metal qui s'écoute bien. Et qui gagne une importance culturelle énorme dés qu'on y ajoute son intérêt historique.