Le chanteur Chity Somapala est une carte de visite du Power Mélodique à lui tout seul. Peut-être l'avez-vous entendu dans AVALON, son regretté premier groupe d'envergure, FIREWIND, DOMAIN ou POWER QUEST. Mercenaire, pas vraiment, plutôt chanteur de talent qui tente autant que possible de vivre de sa musique. Le bonhomme frappe un grand coup en 2007, lorsque, en compagnie du bassiste français Pierre-Emmanuel Pélisson (qui a un temps tenu la basse chez HEAVENLY), il fonde le groupe CIVILIZATION ONE dont la première réalisation, "Revolution Rising", se fait une véritable démonstration de Power « à l'européenne », foisonnant de bonnes idées et de mélodies séduisantes. Et puis, plus rien. Si un deuxième album est enregistré courant 2010, le groupe se voit contraint de mettre la clé sous la porte en l'absence d'un label prêt à le soutenir et le distribuer et le promouvoir. Il faut donc attendre 2012 et l'intégration de CIVILIZATION ONE dans l'écurie allemande Limb Music (MOB RULES, VANDEN PLAS, PAGAN'S MIND...) pour que l'histoire reprenne son cours et que le groupe renaisse de ses cendres pour nous présenter une deuxième offrande aux allures de confirmation.

Se positionnant quelque part entre NOCTURNAL RITES (pour la puissance et les riffs acérés) et MASTERPLAN (pour l'omniprésence de lignes mélodies accrocheuses), CIVILIZATION ONE parvient, de nouveau, à trouver un juste équilibre entre virtuosité et accessibilité. Bien décidé à se faire le porte-voix d'un Power Mélodique sans artifice ni fioriture (la plupart des titres ne dépasse pas les 4 minutes), le groupe jette toutes ses forces dans la bataille dès les premières secondes de l'album, ce qui permet au guitariste Nicklaus Bergen ainsi qu'à Chity Somapala de se mettre d'entrée en valeur. Alors que la thématique de l'album tourne autour des divinités et des mythes associés au Paradis et à l'Enfer, ce premier morceau (au même titre que la pochette) prend rapidement des airs d'invocation. Plus agressifs, particulièrement au niveau du chant du versatile vocaliste, "The Land In Flames" (qui voit Sascha Gerstner – HELLOWEEN – venir poser un solo) et "Archangel" enfoncent le clou et rappellent les meilleurs moments de "Revolution Rising", le premier album du groupe.

Ses origines Sri Lankaises aidant, Chity Somapala propose quelques sonorités pouvant rappeler son pays ("Evil Eye"), comme il pouvait le faire sur les albums d'AVALON. Reste que malgré une volonté de varier les ambiances, certains morceaux tombent à plat et prennent des allures de remplissage. C'est le cas de "Hell Awaiting", qui ne séduit guère malgré une rythmique pied au plancher, de la ballade "Reunite", trop mielleuse pour être convaincante, ou encore d'un des trois titres bonus (mais présents sur toutes les éditions de l'album, cherchez l'erreur) "Dreams Of Fire", dont l'absence de guitare et un aspect "traditionnel" forcé rendent l'écoute peu agréable. Ce titre ayant été écrit pour servir d'hymne à l'équipe du Sri Lanka lors des derniers Jeux Olympiques, les raisons de ce formatage à outrance sont sans doute évidentes.

Le très bon reste néanmoins majoritaire (à noter l'excellence de "The Supernatural Virtue" et "New World", qui nous font presque oublier l'absence prolongée de NOCTURNAL RITES), et l'on se prend à réécouter l'album avec plaisir, sans que celui-ci n'égale malgré tout la magnificence de son prédécesseur. Il aurait néanmoins été fort dommage qu'il ne voit jamais la lumière des bacs.