“Cultösaurus Erectus”, aussi bon soit-il, appartient à cette catégorie d'albums desservis par la présence en leur sein de deux morceaux grandioses – dont le titre liminaire - à côté desquels le reste aurait (notez le conditionnel) tendance à faire pâle figure.
En effet, l'album s'ouvre sur un "Black Blade" d'anthologie mené par le chant hanté d'un Bloom très inspiré. Il est de bon ton de s'enthousiasmer sur la caution culturelle apportée par Michael Moorcock mais ce titre serait tout aussi jouissif si Bloom se contentait de nous réciter l'annuaire...
Autre grand morceau, le pénultième et explosif "Lips In The Hills", à nouveau transcendé par l'interprétation de Bloom.
Le reste s'écoute avec plaisir et intérêt, le groupe proposant une musique intelligente (et non pas “intello”, nuance), privilégiant des instruments et des arrangements inhabituels dans le Hard Rock tel qu'il était pratiqué à l'époque, ce qui peut expliquer le contraste entre l'accueil critique enthousiaste et la réception publique initialement mitigée du disque. Le saxophone de "Monsters", très bon titre à peine en-deçà des deux mastodontes précités, rappelle les expérimentations du BLACK SABBATH de "Never Say Die". Citons aussi les claviers envoûtants de "Divine Wind", composition portant la marque de D. Roeser, même si interprétée par un Bloom insidieux et menaçant.
Les Bouchard nous proposent deux bons morceaux, certes formellement bizarres et moins évidents que le reste, "Hungry Boys" et l'intrigant "Fallen Angel". Quant à "Unknown Tongue", autre titre étrange, il distille une ambiance “lovecraftienne”, avec cette langue inconnue que le narrateur brûle d'apprendre.
"Deadline" conclut timidement la face A, tandis que "The Marshall Plan" démarre efficacement la seconde partie de l’œuvre ; on appréciera la citation de DEEP PURPLE, logique finalement, l'album étant produit par le regretté M. Birch.
Tout cela contribue à faire de "Cultösaurus Erectus" un album de grande qualité qui aura cependant du mal à trouver son public, en raison d'un côté “arty” trop prononcé pour le jeune fan de Hard de base de l'époque, davantage porté sur une musique plus rentre-dedans. Sorti le 14 juin, "Cultösaurus..." avait le malheur de succéder à la mémorable et foudroyante salve d'avril : le 3 avril paraissait "Wheels Of Steel", le 14 "British Steel" et "Iron Maiden" (journée historique s'il en est) et le 25 "Heaven And Hell" (autre production Birch).
3,5/5, arrondi à 4.