Qu'il est difficile de survivre au départ de son chanteur emblématique. C'est pourtant le pari qu'à réussi Jon Schaffer et ce à deux reprises, soit aux deux départs de Matthew Barlow.
Avec le très bon "The Glorious Burden", Schaffer nous a prouvé qu'il savait dégotter le personnel adéquat pour faire vivre sa musique. Alors certes, le temps d'adaptation à la voix de Tim Owens ne s'est pas fait sans mal et le timbre même de l'organe du vocaliste ne semblait pas totalement coller à la musique de la formation. Pourtant, "TGB" s'est révélé un album passionnant... Ce que l'on ne peut dire de son successeur, "Framing Armageddon", passablement raté et surtout long... Très long... Et relativement mou. L'annonce du retour de Barlow au bercail pour "The Crucible Of Man" laissait présager le meilleur... et BOUM, à nouveau la déception. Oh, ce n'est pas la voix de ce bon Matt qui est à remettre en cause (bien au contraire), mais plutôt le style ampoulé de la musique, cette longueur totalement inutile, comme si Schaffer ne savait plus comment composer de vrais bons titres, concis, rageurs et efficaces.
Et c'est bien ce que ce nouveau "Dystopia" nous offre : un superbe album qui renoue avec le ICED EARTH du passé. Des riffs à la limite du Thrash, des titres pas trop longs (voire carrément courts pour certains comme "Days Of Rage"), des mélodies prenantes en veux-tu en voilà et surtout... surtout... un excellent chanteur. Car Stu Block porte quasi littéralement cet album sur ses épaules. C'est bien simple, le vocaliste transfuge d'INTO ETERNITY réussit le pari à lui seul de synthétiser la maestria et la puissance de Barlow ainsi que l'agressivité d'Owens pour un rendu final plus que convaincant. Même la power ballade finale "The End Of Innocence" est une vraie réussite, tant au niveau composition qu'interprétation. C'est bien simple, les neufs titres qui composent cet album passent à la vitesse de l'éclair, pas un instant de répit nous est offert et on se prend à enfoncer de nouveau la touche "play" dès les dernières secondes écoulées.
Avec "Dystopia", Jon Schaffer se paie le luxe de retrouver sa superbe d'antan tout en gardant le futur comme ligne de mire. Et avec un chanteur de la trempe de Block, il ne fait aucun doute qu'ICED EARTH va récupérer sa place au sommet de la hiérarchie Metal.
Bluffant !