HELLOWEEN : CHAMELEON (1993)

Le voici donc cet album qui aura beaucoup fait parler de lui à défaut d’avoir fait la une des charts métal. C’est qu’il ne s’agissait pas de n’importe quel groupe : Helloween le Magnifique qui venait d’accrocher à son palmarès les 2 inébranlables Keeper Of the 7 Keys, albums cultissimes qui ont bouleversé le genre dans le milieu des années 80 et qui en ont fait des albums de légende à jamais. Beaucoup d’attente en particuliers suite au légèrement décevant Pink Bubbles Go Ape qui avait déjà vu nos héros prendre une voie musicale (trop) différente et également baisser en qualité et en homogénéité.

La pression était énorme et le contexte était rendu encore plus lourd pour d’autres raisons :
- le groupe sortait d’un démêlé avec son ancienne société de distribution qui lui avait vu perdre de l’argent et imposer un silence de 2 ans,
- Hansen et son aura étaient encore toute fraîches et des distensions entre les 2 leaders Weikath/Grapow et Kiske/Schwichtenberg étaient latents,
- Le contexte métal en général dans le début de ces années 90 ou le heavy metal était devenu ringard et où il était surtout bon de sortir des trucs pseudo brutes pas très fins comme le grunge ou bien adoucis pour les attraits des ventes ou bien encore des groupes se disloquaient

Lourde tache pour nos amis mais si un groupe devait relever le niveau c’était bien eux.

Tout d’abord s’il est vrai de dire que le groupe n’opère pas en groupe puisque chaque morceau est écrit par un seul membre il est faut de dire que ce n’est pas commun, en effet Helloween est familier du genre (voir The Dark Ride, Keeper part 1 et 2, Walls of Jericho). De même Weikath ne peut s’être dit bouffé par l’attrait plus rock de Kiske car ils ont écrit 4 morceaux tous les 2. Par ailleurs chaque morceau est bel et bien illustré par ces fameuses et sympathiques cucurbitacées, véritables tampons du groupe imaginés par Ingo montrant ainsi un certain attachement au passé, comme quoi leur âme était toujours la.

Première surprise à l’achat, c’est bien sur cette pochette simpliste avec absence de tout dessin évocateur d’un monde imaginaire, marque caractéristique du groupe. A la place un arc-en-ciel sur fond blanc comme un spectre de lumière/musical complet que le groupe va parcourir ici. Autre illustration du changement de musique proposée et annoncée, le titre « Chameleon » comme si le groupe, tout en restant la même identité, se métamorphosait

Face à la difficulté de l’appréciation de cet album inégal et divers et vu son contexte j’ai décidé de décrire brièvement chaque morceau.

FISRT TIME ouvre le chapitre. Ecrit par Weikath on se dit que ce devrait être un classique et c’est le cas ! Du speed bien senti, simple mais très très efficace, ce qu’Helloween sait faire de mieux sans se tuer à la tâche. On se dit que les rumeurs étaient fausses et que Helloween reste nos bons copains et que vous seuls savez les apprécier à leur juste valeur. Et Kiske chante merveilleusement bien : 4/5.

WHEN THE SINNER écrit par Grapow donne les premières notes de cette nouvelle voie amorcée sur Pink Bubbles et qui se démarque tellement de ce dont on était habitué et de ce que l’on attend en général pour du heavy. Le rythme se ralentit considérablement et on n’est qu’au 2e morceau. En plus ils ont mis une fanfare ici au refrain. La trompette y est affreuse et fait perdre un demi-point au morceau qui passé l’effet de surprise passe très bien de par sa mélodie couplet/bridge excellents. Des notes de piano donnent une certaine volupté à l’ensemble. Le solo, fidèle a l’image calme du reste , tient bien la route. C’est plutôt bon et c’est là que c’est fort mais ça n’a rien de Helloween ou du moins celui que l’on connaissait. 3.5/5.

I DON’T WANNA CRY NO MORE de Grapow est une balade avec une guitare acoustique, celle que l’on garde habituellement pour boucher une fin d’album. Bref le rythme se ralentit encore et au 3e morceau sur 12 on se demande si on ne va pas arriver en retard comme un train de SNCF. C’est sympatoche, est-il utile de préciser que Kiske chante toujours comme un dieu ? Sa position en 3e place de l’album est assez perturbante comme si l’album ne démarrait pas vraiment mais pourquoi pas après tout, restons ouverts: 2.5/5.

CRAZY CAT par Grapow qui monopolise ce début d’album et autant le dire tout de suite il aurait dû s’abstenir ici. On y retrouve le côté humoristique de Helloween mais avec un côté surenjoué foufou absolument insupportable. J’ai beau cherché il n’y a pas grand chose de bon là dedans et on continue de glisser dans les notes moyennes du bac de philosophie: 1/5.

GIANTS signe le retour de Weikath et on se dit qu’il va remettre de l’ordre dans tout ça. Et on a raison : le riff est lourd, l’atmosphère semblable à March of Time ! Ce morceau aurait pu figurer sur Keeper 2. Le solo est très bon, la mélodie est majestueuse, le break avec les envolées de clavier qui retentissent implacablement sont frissonnants et on joue les maestros. On respire et on met 4.5/5.

WINDMILL avec toujours Weiki et on se met à espérer que le ventre mou était au début de l’album et que la récompense est au bout. Cependant, contre pied car voici un morceau mou de chez mou. C’est pas mauvais si ça concluait la galette mais c’est sur c’est pas bon et c’est ennuyeux, mièvre et insipide. Totalement dispensable : 1/5. Ben alors Weiki ?

REVOLUTION NOW avec Weiki qui fait sa révolution. Ce morceau est assez long, plus de 8’, et si ce n’est l’effet dans la voix de Kiske qui fait penser a quelqu’un qui hurle dans un haut parleur dans un défilé de grève il est plutôt bon. Le solo est long, bien senti malgré les notes qui ne déferlent plus mais ça on commence à s’y faire, le riff est assez bluesy et fait penser à un morceau de Metallica sur Load dont j’ai oublié le nom. Le duo bridge/refrain est respectivement majestueux et entraînant. Musical et original bien sûr : 3.5/5.

IN THE NIGHT voit la première ébauche de Kiske qui prend aussi la guitare rythmique. On se dit que ça risque de ne pas jouer à 200 à l’heure et qu’il se la joue égoïste. On a peur même si les premières notes sont très jolies, très agréables. Malheureusement c’était le refrain et les couplets sont moches à souhait, mélodie zéro, effet de guitare intello lourd. Et moi la country j’aime pas trop : 0.5/5.

MUSIC avec le retour de Grapow. L’atmosphère est sympathiquement inquiétante mais l’ensemble est lent et on en a marre à ce stade du lent. L’ensemble reste sérieux avec un bon break musical : 3/5.

STEP OUT OF HELL écrit par Grapow qui ne nous a pas laissé que des bons souvenirs. Il se rattrape ici avec un morceau qui commence par un petit solo avant garde de ce qui va suivre. En effet c’est du heavy assez gentil sans fioriture, un bridge excellent, des mélodies de guitare qui le sont pas moins et un style helloweenien bien connu bien qu’adouci: 4/5.

I BELIEVE à présent avec Kiske qui nous sort un morceau de plus de 9’ assez inattendu et qui sonne assez lourd. Morceau en tout point excellent, chanté différemment mais toujours divinement, très riche et jamais ennuyeux. La très bonne surprise de l’album, sûrement le point culminant à mettre dans tous les best of des discothèques avec son atmosphère flippante là-aussi: 4.5/5.

LONGING, titre pas très rassurant s’il paraît « long » surtout que Kiske prend sa guitare acoustique et que ça augure de moments ennuyeux... hé bien pas du tout ! C’est lent mais mélodie+chant incontestablement bien exécutés : 3 /5

En conclusion on en passe par toutes les couleurs (voire la pochette ;-)) sur cet album. Il n’est pas aussi mauvais qu’on a bien voulu le dire même si très en dessous du passé et de l’attente suscitée. Bien sûr il faut le prendre pour ce qu’il est et tout amateur revêche de heavy pur et dur ne pourra que passer son chemin. Ca reste dommage à mon sens car des pépites se cachent ici et si le groupe s’était abstenu à un mini album son futur aurait été sûrement différent : la moyenne des notes serait de près de 4/5 contre à peine 3 ici et c’est la note que je garde car c’est ce qui nous y est proposé. Je le conseille pour tout fan ouvert de Helloween. Face à cette 2e déception commerciale le groupe et ses tensions latentes vont exploser et le marquer : Kiske est viré, Schwichtenberg se suicide. Master of the Ring sortira un an plus tard, là aussi dans la précipitation pour un besoin d’argent et ne relèvera pas le groupe car pas franchement meilleur que celui-ci (trop de titres moyens) bien que délibérément plus heavy. Le groupe ne se relèvera qu’en 1996 avec la sortie du digne successeur des Keepers avec Time of the Oath.