A l'heure où bien des gens doivent se passer en boucles "All Shall Fall" par les organes de l'ouïe, il est bon s'envoyer une fois de plus cet étrange autochtone qu'est "Bataille Dans Le Nord".
On l'a dit, on l'a répété : c'est le premier best-seller du Black. Y'a même eu deux clips (mythiques et rigolos).
C'est d'autant plus intrigant que c'est un opus pas "commercial" pour un sou, même pour ce genre musical.
Il est même plutôt rebutant. Il semblait déjà l'être à l'époque pour mes esgourdes à l'affût du moindre nouveau son et pas encore repues d'années de bombances de groupes et d'albums. Bref, quand j'ai découvert "Battle In The North", tout le bon gros son des "At The Heart Of Northern Darkness & co." Ça n'existait pas, t'écoutais cet album de fou à t'en faire saigner les tympans et pis c'est tout.
Parce qu'il faut bien le dire, en c'temps là, la concurrence était certes fabuleuse mais 10 fois moins "brute" (de femme ou de pomme).
T'avais quoi? T'avais le vrai de vrai DARKTHRONE (légèrement déprimant mais péchu quand même), l'EMPEROR fabuleux (pour rêver ou se balader en forêt), le SATYRICON moyenâgeux (pour réviser les interros d'Histoire), le BURZUM déjà infréquentable (légèrement plus déprimant) et MAYHEM n'en parlons pas.
Peace in the South, Battles in the North. C'est quoi? En avant : une voix unique qui te râpe comme le blizzard et une batterie anarcho-chaotique qui prend tout l'espace. Tout ça c'est Abbath, plus la basse. En arrière : un essaim de guitares qui souffle et qui cache en son sein des mélodies subtiles (récompenses pour les courageux qui ont su braver la tempête bourdonnante). Seul le hit mid-tempo "Blashyrkh" est accessible aux tympas novices.
Le tout servi avec un blanc bien frais (immaculé digipack) et sur l'étiquette, de zozos millésimés, en collants et gilets noirs, accroupies dans la neige qui rougit leur peau et arborant fièrement leurs armes de guerres (une guitare Ibanez RocketRoll et une basse B.C Rich IronBird) et leur make-up bicolore (simple, efficace et déjà culte). Toute l'imagerie IMMORTAL, le mélange un peu clownesque de KISS et BATHORY dans un bac à glaçon.
Mais voilà, ils ont beau avoir l'air un peu ridicule, ils ne le sont plus du tout quand il s'agit de la seule chose qui compte pour eux : la musique. Ces deux messieurs te proposent un Black Metal unique et inimitable, ils te parlent d'un Grand Nord devenu Royaume et non pas de Satan-cimetière.
"In the Nightside Eclipse" et "Battles In The North", les deux œuvres intransigeantes et originales dont le succès commercial n'est lié qu'à leur qualité musicale, qualité qui transcenda un genre de Metal voué à l'underground, aux rubriques meurtres et faits divers, mais qui lui offrit sa première et sa plus belle reconnaissante artistique.