Je comprends tout à fait le point de vue de DARK SCHNEIDER : il est vrai que, si on aborde SUMMONING de la façon que n'importe quel autre album, on est forcément horripilé par le côté répétitif des titres, leur forte longueur, le son particulier des guitares et la voix atypique (même dans le Black c'est possible) de Silenius. Maintenant, j'estime qu'on n'appréhende pas de la même manière un concert de Metal et une représentation à l'opéra. Et on n'écoute pas un album comme "Dol Guldur", qui nécessite un écoute intimiste et presque flottante, et un "Nightfall In Middle-Earth", qui reste un album de Heavy avant tout, c'est à dire un album qui doit proposer des refrains forts, des riffs qui accrochent, de repères évident, bref un album conventionnel dans la structure et qui respecte un code de composition classique. Aussi, à vouloir tout écouter de la même façon, il est évident qu'on ne peut que donner naissance à l'incompréhension et qu'on rate toute la spécificité d'un disque. En l'occurence, "Dol Guldur" (comme d'ailleurs tous les disques de SUMMONING) est un pur album d'atmosphère, à écouter en lisant un bouquin adéquat, ou bien dans le calme d'une chambre, allongé sur un lit. Rien à voir avec les autres albums que tu cites.
Maintenant, concernant la capacité de SUMMONING à retranscrire le monde de Tolkien, je te conseille vivement, cher DARK SCHNEIDER, de consulter des ouvrages dans le genre "Le Royaume De Tolkien", qui regroupe des illustrations de très nombreux dessinateurs, s'inspirant d'un extrait (retranscrit pour l'occasion) de l'oeuvre de TOLKIEN. Tu découvriras qu'on passe de l'hyper réalisme époustouflant et luxuriant de Ted Nasmith ou John Howe aux oeuvres simples et quasi décalées, à la gouache, de Cor Blok (dont Tolkien était fan) enpassant par les dessins enfantins de Capucine Mazille parmi tant d'autres. Tout ça pour dire que le Tolkien dont tu parles est TON Tolkien, et que personne (pas même BLIND GUARDIAN, Bob Catley ou SUMMONING) ne pourra jamais prétendre détenir une quelconque et illusoire "vérité" sur son oeuvre.
Quand à cette histoire manichéenne de Lumière qui l'emporterait sur les ténèbres, je te renvoie à ces propos de John Howe : "Tolkien est le maître de l'évocation - ses ecrits sont des catalyseurs pour le lecteur, qui fait appel à son propre panthéon de héros et de démons pour en compléter les images. Lire Tolkien, c'est confronter ses nébuleuses certitudes, radicalement différentes d'un lecteur à l'autre. Illustrer Tolkien, c'est avancer avec précaution, en trempant ses pinceaux dans le noir et en les rinçant dans la lumière. C'est le combat et le doute, sur l'impossible sentier entre le clair et l'obscur"... A méditer !