Avec "A World In Their Screams", on ne joue plus dans la cour du Néo-Classique mais carrément dans l’expérience sensorielle extrême. Écoutez-le donc tout seul, dans le noir, au casque, vous allez vous chier dessus !

Le travail vocal sur ce disque est formidable avec tous ces chœurs résonnants qui vous tourmentent sans relâche et finissent par empoisonner complètement votre esprit. Le groupe nous embarque pour une croisière macabre sur le Styx à bord d'un bateau fantôme rempli de serpents prêt à vous dévorer vivant. Sauf que vous êtes déjà mort pour le narrateur qui conte ce périple sans retour en déclamant sa poésie noire d'un ton froid et désincarné. Cet élément est pourtant le plus rassurant de la musique d'ELEND et on se surprend à attendre avec impatience sa prochaine intervention pour pouvoir souffler un peu (c'est dire le niveau du reste !), tout en apprenant à redouter les rares moments de calme systématiquement pulvérisés par des attaques apocalyptiques qui vous foutent le trouillomètre à zéro.
S’il y a bien une chose que je retiendrai, c'est ce putain de cri au début de "Borée" après lequel il ne vous sera plus jamais possible de faire de beaux rêves.
La première fois, il m’a tellement effrayé que j'en avais la tête qui tournait !
C'est pas humain sérieux ! Enfin si justement. Trop. Bien trop humain.

Le seul vrai moment de répit se trouve au début de "La Carrière d'Ombre" pendant 2 superbes petites minutes qui font très B.O. de péplum, une grande bouffée d'air frais pour mieux repartir ensuite sur les montagnes russes de la flippe. Les orchestrations se mêlent le plus naturellement du monde aux divers bruitages synthétiques pour former les sons les plus angoissants que j'ai jamais entendus. Et que dire de ces tambours de guerre au rythme binaire écrasant, tel un blast monolithique, des instruments à vent tourbillonnants de douleur sur "A World In Their Screams", des cordes qui se croisent et se défont sur "Le Fleuve Infini Des Morts", de la progression implacable de "Je Rassemblais Tes Membres" ou de l'apogée d'intensité que forment les grandioses "Stasis" et "Borée".

Au final, je me suis bien musclé les mâchoires parce que je peux vous dire qu'on sert les dents pendant toute la durée de cet album qui est bien plus efficace que n'importe quel film d'horreur.