C’est un petit peu par je ne sais plus quel hasard Youtubesque que je suis tombé sur le premier opus des italiens de MIND KEY, combo transalpin lancé à l’aube des années 2000 par le couple artistique formé par Emanuele Colella (guitares) et Dario De Cicco (claviers), dans la droite file de l’ébullition Prog’ européenne de cette belle période. Comme me le conseillait vicieusement mon cher diable d’épaule, j’aurais pu passer ma route en allant écouter des plus riches et des plus connus… Mais seulement voilà, tous ces petits combos me passionnent, d’autant plus que je suis un optimiste invétéré abreuvé à l’écoute positive...

Et du positif, il y en a dans ce tout premier opus studio proposé par MIND KEY !

Première bonne nouvelle : Notre duo artistique a confié le micro à un sombre inconnu mais qui ne va pas le rester longtemps… Et pour cause ! C’est l’organe vocal clair, puissant et incisif d’un certain Mark Basile qui vient enrober les huit titres que compte "Journey Of A Rough Diamond" en leur donnant cette touche unique d’une voix translucide au genre divinement indéterminé mais qui ne semble pas connaître de limites tout en retombant toujours sur ses pattes : L’intéressé ne demeurera d’ailleurs pas longtemps dans la pénombre d’un petit combo qui débute puisque'il ira quelques années après ces débuts (presque oubliés) rejoindre les petits prodiges de DGM dont il deviendra l’égérie vocale (en remplacement de Titta Tani), brillantissime formation qu’il accompagne toujours à l’heure de rédaction de cette Kro… La voix est plus jeune, le coffre peut être un chouia moins bien exploité mais la qualité déjà bien présente. Bienvenue dans le royaume des chanteurs lunaires !

Seconde raison de se réjouir : Le reste des instrumentistes est loin de composer un gang de manchots. Qu’il s’agisse des lignes rythmiques élaborées, des soli guitares globalement généreux et qui font mouche, des parties claviers ou des séquences piano bien insérées à l’ensemble ou encore d’un socle basse-batterie qui structure bien le reste du bouzin, les Italiens ne se moquent pas de l’auditeur et font preuve d’une belle maturité musicale sur toute la longueur de l’album. Et franchement, en se fiant uniquement à une illustration de couverture qui donne plus dans l’artwork vintage des années 70’-80’ avec son petit goût flouté de reviens-y à la David Hamilton, on était en droit de redouter l’immonde supercherie d’un combo qui vend sa musique à grand coup de poitrine dénudée et de symboles transcendanto-mystiques. Et ben non. MIND KEY est un vrai groupe de Metal Prog’, bien entendu chargé de ses influences, mais il est fort de son travail, de son talent et de sa maîtrise instrumentale. Amateurs de groupes en carton pâte, passez votre chemin !

En réalité, et c’est tout le problème pour ce premier album, les Italiens pèchent surtout par leur jeunesse et l’envie d’en raconter bien plus que les seules 59 minutes sur lesquelles s’étalent déjà les huit titres qui composent l’opus ne leur permettent. Indéniablement soigné et travaillé, le Metal de MIND KEY montre pourtant quelques faiblesses revenant tout au long d’un "Journey Of A Rough Diamond" qui ne contient certes pas un seul titre de-la-mort-qui-tue mais que sa musicalité globale sauve néanmoins du naufrage. En outre, les musiciens, même si ils s’aventurent très ponctuellement sur des séquences flirtant clairement avec le Jazzy-Blues diablement groovy ("Deep Inside") ou avec les sirènes rasta jamaïcaines ("Lord Of The Flies"), demeurent quand même globalement très classiques en usant de figures de style somme toutes assez convenues. Cette superposition de couches aboutit clairement sur un gros ventre mou allant de la baladounette anecdotique qui ne vaut que par la voix d’un Mark Basile investi ("Memory Calling") au très standard "Lord of the Flies" malgré son rasta-bridge médian, au rythmé mais quelque peu décousu "World of Illusion" sans oublier la seconde baladounette dont la sympathie n’a d’égal que le classicisme ("Without Ann")… Ou encore le (trop?) long titre de clôture ne valant quant à lui que pour ses échos finaux en forme de gospel qui récompensent amplement ses dix premières minutes plutôt passe-partout.

Et pourtant, pourtant MIND KEY donne par ailleurs des signes prometteurs d’une intelligence de composition qui pourra lui éviter d’aller grossir les rangs de ces milliers de combos éphémères, morts de n’avoir pas su sortir des pas d’un DREAM THEATER. C’est en tout cas ce que je me suis laissé dire à l’écoute du très convaincant "Love Remains The Same", titre varié et rondement mené où les musiciens fonctionnent en accord parfait dès l’intro aux arpèges mesurés couplés à une ligne piano, sur la rythmique typée AOR qui lui succède, comme sur le bridge riffé marqué par les hurlements d’un Basile qui se trouve ou sur toutes les sympathiques variations qui s’enchaînent par la suite… Le tout couronné par un refrain tant mélodique qu’obsédant. Les Italiens prouvent ici qu’ils ne sont les clones de personne et qu’ils sont surtout capables de sortir des sentiers battus pour produire de la bonne musique qui secoue convenablement son cocotier.

Avec ce "Journey Of A Rough Diamond" que personne n’attendait vraiment, MIND KEY pose une première pierre sur un parcours qui ne peut être qu’intéressant. Musiciens accomplis ayant recruté pour l’occasion un chanteur hors-norme, le couple Colella-De Cicco affûte les lames qui perceront sur la suite de l’histoire… Même si Mark Basile, parti pour d’autres cieux, ne sera plus là pour la suivre. Riche, musical mais un peu fourre-tout et sans grande originalité, cet opus est un premier né : Il en a le mérite mais également les défauts ; ce qui explique mon (sévère) 2/5. A écouter pour les fans absolu de Metal Prog’. Promis, je poursuis la discographie initiée par l’ami BEHEMOTH. A très bientôt les MIND KEY !

- pour le titre emblématique : "Love Remains The Same"
- pour la balade syndicale : "Memory Calling"
- pour les deux dernières minutes : "Waiting For The Answer"