Tuons d’emblée tout suspens (après tout, c’est une kro-express...), la promesse n’est pas (totalement) tenue. Lorsque l’on m’annonce à grand renfort de tambours et trompettes, du Black Metal améridien, mon appétit s’en retrouve tout aiguisé à l’instar de celui de Dark Beagle. Or, si l’on a bien ici et là quelques morceaux folk "Native American", les pistes plus typiquement Black versent nettement dans une musique inspirée par MGŁA ou UADA, plutôt que dans un trip chamanique, pourtant revendiqué par Sgah’Gahsowáh, l’homme derrière le projet.

Résultat, on se retrouve plus face à une succession de pistes, tantôt Folk, tantôt Black, qu’à un réel mélange des deux, restant un peu sur notre faim à première vue (ou écoute, pour être précis). Pourtant, si l’on fait fi de cet artifice marketing, on n’en reste pas moins en présence d’un joli premier essai de Black Mélo aux lignes soignées, dont la mélodicité saura flatter les amateurs du genre. L’opus aurait fait un très bel EP plutôt que ce format un peu hybride (35 minutes, interludes instrumentaux inclus).

BLACKBRAID sait écrire de bons morceaux, alternant caresses et violence, ménageant montées et descentes dans un bel équilibre, la batterie se montrant particulièrement fertile pour cela à défaut d’être d’une grande originalité. Les chansons sont suffisamment longues pour permettre d’apporter de belles ambiances, et par moments, un franc souffle épique. Loin de la singularité espérée, "Blackbraid I" est d’une efficacité irréfutable, portée par une production moderne comme je les aime, sachant ménager puissance et précision.

Son accessibilité lui permettra également sans doute de séduire au-delà de la sphère Black, sans pour autant qu’un procès en putasserie ne puisse lui être jeté au visage. Pour avoir eu la chance d’assister à sa prestation réussie lors du Hellfest 2023, je peux vous affirmer que BLACKBRAID est loin d’être uniquement un produit fabriqué de toutes pièces par un label à des fins mercantiles à tendance woke et possède dans ses gênes un potentiel sincère. Il ne lui reste plus qu’à l’exploiter pleinement. Son successeur venant de sortir, autant vous dire que l’on risque de reparler du combo d’ici peu sur Nightfall In Metal Earth…