La scène Neo Metal dans les années 90 ?

Schématiquement elle peut se résumer comme ceci :

Deux groupes qui se disputent la place de leader : KORN et DEFTONES.
Des challengers : LIMP BIZKIT et SLIPKNOT.
Quelques trublions : COAL CHAMBER, SOULFLY, P.O.D…
Et malheureusement aussi beaucoup de suiveurs qui profitent juste de la mode favorable à ce style. Mais s'il y a un groupe qui propose une réelle alternative, tout en restant dans une musique proche du Neo, c'est bien SYSTEM OF A DOWN.

Ce qui est fabuleux avec SOAD, ce sont ces moments calmes, où le groupe se laisse parfois entraîner dans une sorte de délire en incorporant des éléments de musiques d'Europe centrale ou de l'Est dans leurs chansons, une façon de rappeler l’origine arménienne des quatre membres. Je pense en particulier à "Suggestions" et à "Peephole" dont l’intro aurait presque un côté glauque, rappelant une fête foraine hantée, remplie de clowns pervers et sadiques, (coulrophobes s’abstenir...). En tout cas ces passages, un peu étranges, tranchent complètement avec les moments plus speedés qui ont une certaine tendance à donner envie de sauter partout, en se démembrant à moitié, et le tout de manière anarchique, tel un gobeur d’ecstasy en plein trip sur une mélodie 8 bit remixée façon Hardteck. C’est la seule métaphore qui me vient à l’esprit pour essayer de vous faire comprendre comment SYSTEM OF A DOWN peut produire quelque chose d’aussi barré et génial à la fois.

La preuve, toute une génération de metalleux connait "Sugar", qui illustre parfaitement ce que je raconte. Des petits « Sugar » sont balancés de temps à autres de façon désordonnée sur quelques notes de guitare (qui restent bien en tête), Serj Tankian alterne entre une voix rocailleuse et une voix aiguë avec une facilité déconcertante, et le rythme du morceau ne cesse de changer ! C’est d'ailleurs une des singularités du groupe : les gros breaks qui coupent ton pogo dans son élan pour enchaîner sur des riffs qui n’ont absolument rien à voir avec ceux qui débutaient la chanson… En même temps on sait à quoi s’attendre dès le début de la galette avec "Suite-Pee" : ça part dans tous les sens, on a l’impression que chacun fait un peu ce qu’il veut quand il le souhaite, mais l’ensemble est tout à fait cohérent, et qu’est-ce que c’est efficace, cette chanson file assurément la pêche !

Sinon sorti des chansons que l’on pourrait penser composées par plusieurs fous furieux échappés d’un asile, on trouve des bombes sonores telles que, dans l’ordre de l’album, "Ddevil", " Soil", "War?" et "Mind" qui explosent littéralement dans tes enceintes grâce au rythme et à la lourdeur des instrus, ainsi qu’à la voix hurlée qui respire la fureur flirtant avec l’insanité mentale. Enfin, que dire de "Spiders" ? Un énorme moment musical, c’est d’ailleurs un des morceaux qui contribuera à augmenter la notoriété du groupe. Malgré sa mélodie simpliste, Serj et le gratteux Daron Malakian, dont les voix s’associent parfaitement, le rendent puissant grâce à leurs exercices lyriques. Le refrain te hérisse littéralement les poils. Bref un des tubes de SOAD qui s’écoute toujours avec autant de plaisir.

De ce skeud, relativement difficile d’accès, on retient surtout cet étrange mélange de styles, qui au premier abord peut choquer voire rebuter, mais qui après quelques écoutes, devient totalement addictif. La voix de Tankian reconnaissable parmi cent autres et ce Metal barré, servent vraiment de marque de fabrique à SOAD.

4/5.