Les lyonnais de KELLS débarquent seulement maintenant sur NiME avec leur troisième production, même si le groupe s'est formé en 2001... 3 ans après leur second opus "Lueurs" et après avoir été des supports pour EPICA, TARJA TURUNEN, APOCALYPTICA ET CRADDLE OF FILTH. Une carte de visite honorable pour un groupe hexagonal que je ne connaissais pas jusqu'alors (ce qui ne veut absolument rien dire, je le sais !). Bref, les protégés de Season Of Mist reviennent sur le devant de la scène en ce début d'année 2012 avec "Anachromie".

KELLS est un groupe de Néo Metalcore. Aucun doute, aucune ambiguïté. Le single "Se taire" (présent également en version anglaise sur l'album, histoire de mettre en évidence la dimension internationale que le combo cherche à s'offrir en tant que groupe qui monte en ce moment) fournit cette illustration calibrée.

Porté par une voix féminine, KELLS sait toutefois ménager son auditoire.
En effet, dès les premières écoutes, on se dit qu'on tient là le EVANESCENCE français, tant le mimétisme entre le timbre de Virginie Goncalves et celui d'Amy Lee est frappant ! Je vous avoue m'être demandé si la chanteuse américaine ne faisait pas une pige de luxe avec nos frenchies !!!! J'ai en tout cas craint le pire et tiqué fortement sur l'idée de me taper un album complet avec ce genre de chant lancinant et larmoyant... Fort heureusement, Virginie a plus d'une corde à son arc vocal : elle nous offre très rapidement un étendu de son talent en nous proposant un chant hurlé/growlé du plus bel effet. C'en est presque frustrant, car cet aspect Candace Kucsulain (la frontman hystérique de WALLS OF JERICHO, un combo dont je dois absolument vous parler rapidement et depuis longtemps...) ne demande qu'à être exploité. Cela pourra surprendre que j'en vienne à dire cela quand on sait qu'auparavant on pouvait lui reprocher un chant bordélique et que l'on mesure les progrès réalisés à ce niveau. KELLS, par son intermédiaire, chante ainsi en français, la diction est en progrès même si on a toujours du mal à saisir l'intégralité des textes. La voix est tour à tour torturée, suave ("Quelque Part") voire globalement mélodique (le gros côté EVANESCENCE).

Le problème ici, c'est bien qu'une fois encore, une chanteuse qui assure ne fait pas tout et musicalement, l'ensemble ne tient pas la route.
Attention, je ne parle pas des musiciens en tant que tels, qui délivrent une partition proprette, beaucoup trop basique, redondante et prévisible.
Les gros pseudo riffs Néo Métal, on connait. On entend la basse qui ronronne et claque parfois ("Le manège Désenchanté") comme avec un sous-KORN, on compare forcément rapidement avec les français de ETHS et IN THIS MOMENT (et sa bimbo Maria Brink, groupe chroniqué par mes soins ici même) pour ne citer que des sorties récentes.
Plus le temps passe et plus malheureusement on en vient à avoir du mal à supporter le chant plat et lancinant... Les écoutes successives n'aidant pas également...

Les 15 titres (dont deux versions anglaises dédiées à l'export donc) se succèdent, comme un bloc sans que l'on puisse réellement distinguer un tube, un hymne, des morceaux au dessus du lot.
Rendons à César ce qui lui appartient : on déniche des plans agréables, qui fonctionnent mais qui, une fois encore, sont desservis par une construction apathique et beaucoup trop simpliste. Les pseudo nappes de claviers qui sont censées donner un aspect mélodieux/sympho ne fonctionnent pas ou peu... Ce piano et ses cordes sur "L'autre Rive" ne donnent vraiment rien...
Et quand KELLS veut faire original, cela ne fonctionne toujours pas, comme sur cette tentative de bruitage sur le fin d'"Addictions" (c'est un solo ?).

"Anachromie" est le reflet d'un phénomène de clonage propre à notre pays en ce moment on dirait. Pas fondamentalement mauvais car habité par un souci de bien faire relativement affiché mais qui vire à l'amateurisme dans la construction et l'originalité. Il va falloir cesser de systématiquement s'engager dans le style d'un groupe français quand celui-ci obtient un pseudo succès d'estime. Il faut se forger une identité propre, basée sur ses qualités. On sent du potentiel chez KELLS... Reste à savoir l'exprimer à sa juste valeur...
Des screams plaisants pour une Virginie Goncalves à suivre, voilà simplement que je retiendrais...

Note réelle : 1,5/5.