Ne tournons pas autour du pot, cet ultime effort de SADNESS se révèle déroutant à plus d’un titre. "Evangelion" n’est pas à proprement parler un véritable troisième album, mais un imbroglio formé de quatre morceaux inédits, accompagnés pour l’occasion de deux remasters et d’une demo poussiéreuse.
Passons brièvement sur le pourtant excellent "Red Script" dont la version présentée apparait beaucoup moins aboutie que celle d’"Ames De Marbre". Où se situe donc l’intérêt de la retrouver de cette manière, si ce n’est pour le fan hardcore. L’incontournable "Tears Of Sorrow" et l’intriguant "Danteferno" se côtoient un peu plus loin et l’on peut se demander comment leur son a été retravaillé, tant celui-ci est identique aux originaux.

Notre affaire débute de la meilleure façon qui soit, vous l’aurez remarqué. Venons-en maintenant au fait : les nouvelles livraisons. Leur écoute devient rapidement éprouvante étant donné le virage cataclysmique que le combo a effectué. Les mots ne sont pas trop forts malheureusement. Si "Danteferno" manquait d’un certain génie créatif par rapport à son glorieux prédécesseur, ce "Evangelion" dépasse les bornes et plonge directement à travers la lunette des WC. Le groupe semble avoir raccroché les gants et remisé son talent au placard en s’auto-parodiant au passage.

Les morceaux, outrageusement Batcaves, empruntent tour à tour les boursoufflures encombrantes du Rock Gothique vampirique le plus intolérable. Vous vous doutez que la majesté passée n’est plus qu’un lointain souvenir.
Mais quelle mouche maladive a piqué nos petits suisses ? L’influence du grand CELTIC FROST s’est évaporée soudain, au profit d’oripeaux dont il faudra notamment chercher la provenance chez les anciens VIRGIN PRUNES. Le Goth culte et débridé de ces précurseurs aurait pu aiguiser notre curiosité, si, à la découverte du triste résultat, Martin Eric Ain lui-même n’avait pas hurlé d’horreur avant de tomber dans les pommes.

"Mr Faust" amusera un temps l’auditeur interloqué, grâce à ses samples français de la voix gutturale du démon cornu tiré du Ridleyscottien "Legend". Hélas, les longues plaintes de Steff Terry feront saigner les oreilles des plus endurcis. Il faut dire que notre ami se surpasse dans le domaine du couinement disgracieux. "Heretic" sera du même tonneau vermoulu… en moins excitant, tandis que "Dias De Las Muertes" tentera en vain de ressusciter les moments les plus atmosphériques du premier opus.
Cerise sur le gâteau moisi, l’instrumental pompier "Nosfera" nous remémorera le burlesque "Bal Des Vampires" de Polanski. Nous vous laissons imaginez la joyeuseté de la chose.

Les auteurs auraient dû s’abstenir au lieu de nous livrer cette offrande souffreteuse. Mieux vaut ignorer totalement ce dernier soubresaut dont l’intérêt ne réside peut-être que dans son accueillante pochette SM.
SADNESS est donc mort dans un cul de basse-fosse. Lorsqu’on apprécie la qualité d’"Ames De Marbre", on ne peut que regretter ce sort funeste.