ANTHONY ? Mais c'est quoi ça ? Eh bien figurez-vous que derrière ce nom on ne peut plus sobre se cache un artiste français, Anthony Dura. Ce gars-là c'est rien de moins que la génération Internet : il publie ses compo sur Myspace, il est contacté par un producteur, et hop, un premier album débarque en 2008.
"Fragile" est un skeud pas forcément facile d'accès pour le métalleux ou le hardos endurcis. Parce qu'ANTHONY, voyez-vous, il est gentil. Sa musique s'apparente plus à une collision entre LINKIN PARK (sans rap) et MUSE qu'à un putain d'album de Death fucking Metal. Est-ce à dire qu'il faut pour autant rejeter par principe ces 48 minutes de Neo-Metal mâtiné d'électro-rock ? Je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut savoir rester ouvert d'esprit.

Première surprise (pas forcément agréable au premier abord), ça chante en français. Conception artisanale oblige, ANTHONY a fait avec les moyens du bord et a tout simplement engagé son frangin comme parolier... Et le moins qu'on puisse dire c'est que le potentiel de la langue de Molière n'est pas vraiment exploité au mieux. On va faire bref : ça ne veut rien dire. En fait, on a l'impression de lire une traduction littérale des lyrics de LINKIN PARK - un groupe dont l'artiste raffole – à savoir un enchevêtrement de métaphores imagées qui renvoient peu ou prou à des sentiments divers et variés. Ça risque de plaire à votre petite sœur… Et il se pourrait même qu'il n'y ait pas que ça qui la convainque !

Seconde surprise, c'est rudement bien foutu pour un artiste en solo disposant d'aussi peu de moyens. Les compo sont très solides, la production est niquelle, la session instrumentale, bien que simpliste, est parfaitement exécutée et je dois bien reconnaître que le sieur Dura sait fort bien mettre en valeur son joli timbre de voix. Sur fond de riffs bien lourds tout à fait typiques du Neo-Metal se posent une multitude de sonorités électroniques qui ne déplairont pas aux aficionados des derniers NINE INCH NAILS. On peut même croiser un solo de guitare au détour du premier titre. Il en ressort une impression de titres touffus et travaillés avec sérieux, même si la structure très semblable des différentes chansons insuffle un sentiment de répétitivité dont on se lasse assez vite.

Et alors que je viens à peine de commencer la rédaction de cette chronique, je me retrouve bien emmerdé parce qu'il n'y a pas grand-chose de plus à dire de cet album. Loin de moi l'idée de dénigrer le travail de M. Dura, qui a beaucoup de mérite d'avoir pondu pratiquement seul un album aussi équilibré, abouti et solide sur ses bases. Mais voilà, tout cela manque sérieusement de caractère. Pour aller droit au but, c'est trop gentil et trop propret. Les compos modernes et calibrées pour la radio d'ANTHONY ont à n'en pas douter un fort potentiel de séduction auprès des adolescent(e)s, mais très franchement, si le gaillard veut vraiment se surpasser, je ne peux que lui recommander de sortir un peu plus les crocs sur ses prochaines productions. Parce que là, en dehors des fans hardcore de P.O.D., MUSE et des albums les plus récents de LINKIN PARK, je ne vois pas trop qui pourrait être franchement emballé par le son d'ANTHONY.

Bref, "Fragile" est un album très mature, très bien construit, à la solidité surprenante pour un premier essai. D'où ma note de 3/5. Mais la forte odeur de guimauve qui imprègne la démarche artistique générale empêche d'apprécier vraiment le potentiel de l'artiste. A lui de voir s'il souhaite mettre ses talents de compositeur, de musicien et de chanteur à meilleur escient.