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DOOM ATMO / GOTHIQUE  |  STUDIO

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1995 In Absentia Christi

MONUMENTUM - In Absentia Christi (1995)
Par KARL VON KARL le 2 Juillet 2011          Consultée 2233 fois

Si l’on veut paraître un tant soit peu sérieux lorsqu’on étale ses connaissances en Doom Metal des années 90, il serait totalement incongru d’oublier la surprenante entité MONUMENTUM. Roberto Mammarella, patron d’AVANTGARDE MUSIC et leader de CULTUS SANGUINE, mène d’une main experte nos Italiens illuminés. Ces derniers sont en effet passés maîtres dans un genre évanescent qui privilégie les ambiances travaillées et hautement dramatiques. Ce style délicat emprunte autant au grand CELTIC FROST qu’au Rock Gothique référentiel des FIELDS OF THE NEPHILIM ou CHRISTIAN DEATH. Notons que s’il a débuté dans les traces directes de FROST notamment sur la démo "Musaeum Hermeticum" (1989), MONUMENTUM est d’une manière étonnante l’initiateur d’une micro scène italienne de Doom Goth brumeux. Ses rejetons se nommant RAS ALGETHI, CANAAN ou encore l’étrange DISMAL pour ne citer qu’eux.

J’ai bien l’impression de me répéter parfois, mais au contraire par exemple du "Âmes De Marbre" de SADNESS (1993) qui voyait le côté « FROSTien » prévaloir, "In Absentia Christi" relègue le Metal au second plan pour accentuer l’influence prépondérante de la scène gothique originelle. Nos Transalpins demeurent donc très atmosphériques et introspectifs. Les guitares utilisent logiquement les sons des grands anciens savamment dosés, la basse se fait une place de choix et les compositions aux mélodies évocatrices sont peaufinées pour un résultat souvent envoûtant. Notre ami Andrea s’exprime uniquement par l’intermédiaire de ce fameux chant pleuré hérité de Tom Gabriel Warrior (période "Into The Pandemonium"), utilisé également avec bonheur par MISANTHROPE, ARGILE ou encore et toujours SADNESS. Je vous invite à vous délecter des textes habités, choisis pour quelques-uns chez divers poètes dont Paul Valery, Tarchetti et Leopardi.

Il nous faut maintenant parler de la véritable surprise de cet opus : la participation et la performance de Francesca Nicoli, chanteuse d’ATARAXIA (Gothic Medieval italien plutôt intéressant et parfois fabuleux). Son timbre grave et profond qui peut rappeler par instants Lisa Gerrard (DEAD CAN DANCE), transcende littéralement les travaux de Mammarella. Le charisme vocal de notre chanteuse est tout bonnement hors-norme. Comment peut-on rester insensible devant sa prestation spectaculaire ? Notons également que le son est d’une remarquable clarté et qu’il valorise amoureusement la foultitude de détails sonores et autres idées lumineuses créés par la formation.

L’enchaînement quasi parfait est constitué par l’intro shamanique "Battesimo Nero Opaco", suivi de l’instrumental désabusé "A Thousand Breathing Crosses" puis du fascinant "Consuming Jerusalem" aux émotions palpables. Une écoute attentive est requise pour qui voudrait entrer en communion avec ces ambiances feutrées et funéraires. En effet, ce début irrésistible nous entraîne sur un chemin de croix, celui du pénitent fait de souffrances et de rédemptions. Un voyage intérieur jusqu’aux rivages de nos croyances les plus enfouies. Cheminons en Terre Sainte dans la Jérusalem mystique, tandis que le chant sentencieux et religieux de Francesca nous happe tel un vent de sable millénaire.
Le questionnement et le doute nous assaillent.
En vérité, le sanctuaire dans lequel nous pénétrons est sombre et inquiétant. Il ressemble à une tombe gigantesque creusée dans la roche du désert. Une nécropole ancienne sans lumière et sans dieu dans laquelle nous percevons les lamentations des âmes emprisonnées.

Citons également la reprise de VISAGE (new wave 80) "Fade To Grey" qui perd instantanément sa niaiserie originelle pour élever son propos. Le rituel oriental "Selunhs Aggelos" aurait pu figurer sur un DEAD CAN DANCE grâce à sa qualité fulgurante. Les claviers originaux ainsi que son bouzouki y sont somptueux mais cela demeure une constante sur toute la galette. Le tardif "Nephtali" plongera dans le Rock Gothique des FIELDS avec une inspiration sans faille et des guitares toujours cristallines.

Précisons toutefois pour les néophytes que cette musique lente et hypnotique s’éloigne de toutes velléités commerciales. Un temps d’adaptation sera nécessaire pour apprécier à leur juste valeur les mélopées infiniment tristes de "In Absentia Christi", catafalque de nos faibles espoirs. Cette réflexion mélancolique sur la mort et la religion impressionnera les nouveaux auditeurs tout en les déstabilisant. Ce premier album signé chez MISANTHROPY RECORDS est devenu culte pour beaucoup et adulé par certains, grâce à sa vision inspirée et iconoclaste.

Pourtant, nous devons bien reconnaître que le combo malgré ses qualités indéniables et sa patte unique manque le gros lot. On pourrait reprocher aux titres les plus dépressifs une certaine redondance lascive et une relative absence de moments marquants ("On Perspective Of Spiritual Catharsis", "From These Wounds", "La Noia"). Ces quelques faiblesses ne sont pas un frein à l’appréciation et à la compréhension de l’œuvre, mais elles sont forcément dommageables.

Derrière cette pochette fantomatique se cache un album sépulcral à la couleur très particulière. Tous ne seront pas disposés à franchir les lourdes portes de pierres noires de son temple.
Tenter l’aventure s’apparente à descendre les milliers de marches d’un immense escalier de catacombes. Perdant la notion du temps, nous sommes guidés par notre chandelle vacillante et les psalmodies lointaines provenant de ténèbres cyclopéennes.

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   KARL VON KARL

 
  N/A



- Andrea Zanetti (chant)
- Francesca Nicoli (chant)
- Paolo Mauri (samples)
- Roberto Mammarella (guitare, basse, claviers)
- Mox Cristadoro (batterie, percussions)


1. Battesimo:nero Opaco
2. A Thousand Breathing Crosses
3. Consuming Jerusalem
4. Fade To Grey
5. On Perspective Of Spiritual Catharsis
6. Selunhs Aggelos
7. From These Wounds
8. Terra Mater Orfanorum
9. Nephtali
10. La Noia



             



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