Infernal Death Metal

Les groupes, pire, les webzines, ne savent plus quoi inventer pour attirer l'attention, hein ? Je peux vivre avec les croisements de styles, les fusions, le Black forestier à la rigueur, car ses évocations sont claires comme de l'eau de roche… Mais Death infernal ? C'est quoi ça ?! On se croirait sur Obskure !

Pauvres Américains de BLASPHERIAN, baptisés ainsi à cause d'une imagerie satanique et d'un son fuzzé, étouffé, cinglant… satanique. Oui, ce premier album, après maints EP, est violent, lourd, gras, noir, sale et empeste la saturation et le vomi. C'est un évier bouché, une tuerie sauvage, mais de là à invoquer l'Enfer… Bordel, mes frères sont en train de pouffer de rire en polissant les cornes de mon Maître, souverain pontife du centre de la Terre. Ce dernier se sent d'ailleurs un peu gêné d'être accolé à ce projet, car bon, il y a nettement plus brutal et déjanté pour lui rendre hommage… Metal extrême, Death brutal, Black occulte, mais pas le « Death infernal ».

Bref, vous pourrez juger de la vacuité de cette appellation non-contrôlée en vous farcissant ce linéaire et bourdonnant "Infernal Warriors Of Death". Je vous y invite fortement.

Vous avalerez un gros 36 minutes de puissantes et obèses grattes prenant toute la place, comme un éléphant affalé dans un magasin de porcelaine. Un gros 36 minutes de batterie sonnant comme un chaudron possédé, un gros 36 minutes de « beuglage » (action d'émettre des beuglements, en bon québécois) dont la teneur en suie atteint le niveau 7 sur l'échelle de Richter. Oui, cette voix, elle fait plaisir à mon Maître, qui s'en délecte en se lissant narcissiquement le poil et en pêchant sa truite fumée dans le Phlégéthon. Lord Apollyon mâche bien ses mots et remporte haut-la-main le titre de Luciférien sur ce premier skeud, tranquillos et pas assez débilos.

Ça me fait chier de devoir être aussi sévère avec ces petits gars de Houston, mais je n'y peux rien. "Infernal Warriors Of Death", la surprise sonore de la guitare passée, tourne en rond et nous rappelle que la roue ne sera jamais réinventée. Non, pauvres bougres, nous ne contrecarreront jamais sur des pneus en forme de cadre, faut pas larguer mémé dans les hosties !

BLASPHERIAN n'est pas le premier à jurer, il ne sera pas le dernier, mais encore faudrait-il qu'il sache utiliser ses outils au maximum pour nous hameçonner comme toute bonne recrue moderne sait le faire. Ingrat ce monde est-il rendu. Les chroniqueurs étant partie prenante de cet univers, nous savons parfois bien aiguiser nos hachoirs, surtout avec les petits nouveaux. Car dans cette densité de poulains faut-il déchiqueter ceux que l'on juge inapte à galoper seul, dans les champs rasés par la famine. Non ? Oui.

Je croyais que les Américains et leur son des années 90 allaient me foutre la claque de ce début d'année en Death, mais non… J'y ai cru le temps d'une écoute, sincèrement. Mais cette bonne vieille Dame Lassitude avait d'autres envies en cette belle soirée et m'a foutu mon plaisir aux chiottes. BLASPHERIAN vibre correctement, il saura drainer de la sympathie, surtout chez ceux et celles impressionnés par cette pochette et cette personnalité aussi ravissante qu'une gueule de buffle en gros plan. Mais il vibre juste. Et ça, ben c'est pas (encore) assez.

Allez, en cours d'été ! Puisiez-vous réussir vos examens la prochaine fois, néophytes Lucifériens…

Average Death Metal