Allez, un autre combo californien. Un de plus qu'on serait tenté de dire. Du Slam Death. Ben voyons. A croire que chaque Américain gruike dans son garage (suffit de regarder la longueur des listes d'albums inconnus de groupes obscurs dans n'importe quelle distro brutale, juste incroyable à quel point la scène étouffe sous la myriade de groupes médiocres...).
Donc quand on voit un album avec un nom cliché, une pochette pleine de zombis signée Tony Koelh, et qu'en plus c'est sorti sur Sevared Records, un des plus gros Fast-Food Brutal du moment (jamais mauvais, mais souvent bas du front, donc rarement intéressant), en théorie on en a juste rien à carrer.
Sauf que cette fois, c'est GORTUARY, et par conséquent les gars qui ont sorti "Manic Thoughts Of Perverse Mutilations" deux années auparavant, et donc l'intérêt augmente en flèche.

Fans du premier album, vous ne retrouverez pas tout à fait le GORTUARY que vous avez aimé, mais vous ne serez pas déçus pour autant.
Avant de s'attaquer au fond, autant pointer les modifications dans la forme.
Niveau line-up déjà, exit Oscar le growler, place à Nate l'évier. Autre changement, cette fois de taille : le logo du groupe est devenu jaune. Terrifiant.
Donc, comme vous devez l'avoir pigé, on ne change pas une équipe qui gagne, et vu que de mon point de vue, le groupe s'est plutôt relativement bien démerdé précédemment, ben ça bouge pas des masses. Cette phrase est bien évidement d'une utilité tout à fait contestable.
Bon, c'est pas tout, mais tout ça, on en a rien à foutre. Place à la musique maintenant.

Souvenirs. Vous vous rappelez du premier album ? Brutal, intense, mais aéré, d'une clarté surprenante, développant des vraies compositions avec une atmosphère écrasante, de petites touches mélodiques et un vocaliste puissant à défaut d'être vraiment utile.
Ben on retrouve pas franchement tout ça dans le petit nouveau, même si le groupe est encore loin d'être méconnaissable.
Pas la peine de faire durer le suspense, j'ai déjà parlé de Slam Death, je suis trahi.
En effet, on délaisse pas mal le côté DEEDS OF FLESH précédent pour le troquer contre du CEPHALOTRIPSY. Les parties brutales se retrouvent moins mordantes et accrocheuses (pas de monument à la "Skull Fragment" dans le coin) mais gagnent évidement un groove certain, propre au genre.
M'enfin, on se voile pas la face, c'est globalement bien moins réussi, et l'intensité n'est pas franchement au rendez-vous. Ni l'originalité dans la brutalité d'ailleurs. On enchaîne Slam Parts et Death Brutal furax type BROKEN HOPE. Donc GORTUARY aurait été vidé de toute sa substance et sa force de frappe se serait évaporée ?
Ben non, c'est qu'ils ont plus d'un bout de cervelle tuméfiée dans leur sac (plastique), nos Californiens !

Mais alors donc, si tout ce qui faisait leur charme et les distinguait de la masse a foutu le camp, ils sont pas cuits nos zombis ?
Ben non, non, pas du tout, ils sont même assez en forme et jouent sur un terrain où on les attendait pas.
Alors, déjà, pour monter crescendo. Le nouveau vocaliste. Absolument dégueulasse. Dans le bon sens du terme évidement. Gargouillis à la Angel Ochoa (en plus puissants mais moins "variés") dantesques qui font totalement oublier son prédécesseur, bien trop commun pour marquer les annales. C'est puissant, c'est gras, c'est beau. Totalement dans l'optique de la direction slam prise par le groupe sur cet album.
Autre bon point, y'a pas des masses de samples, et le peu présent est un minimum efficace et judicieux (28 Weeks Later pour "Necrotizing Infection", yeeeeha !).
Mais le véritable atout est tout autre. Cramponnez vous. La mélodie.
La mélodie ? Comme les leads, tappings et autres soli disséminés un peu partout dans l'album précédent? Ouais, entre autres, mais en carrément exacerbé.

Non, c'est pas IN FLAMES. Je parlais plus haut de parties slam, de baisses d'intensité toussa. Si je m'en plains c'est parce que le côté brutal reste quand même super présent. Juste qu'entre deux Slammoshing part et viandages brutalosaure, on se tape des leads et des soli ultra mélodiques et chiadés de pure inspiration heavy. On s'y attend pas franchement à la base, le premier opus étant bien plus timide. Ici, on a vraiment de pures envolées guitaristiques. Et c'est souvent vraiment classe, bien qu'un poil branlette de manche (l'éponyme et son long solo à couper le souffle, "Disembowlement By Regurgitation" qui clôt brillamment l'album, ou encore "Compulsive Occular Torture"). Ça tombe des fois comme une pâquerette dans une flaque de vomi, mais ca apporte quand même une sacrée fraîcheur et l'album en devient d'autant plus bandant.
Et comment ne pas parler de l'interlude aussi. Ce genre de pratique acoustique est très fréquente dans le genre, et beaucoup de groupes s'essaient à cet exercice, souvent avec brio (GUTTURAL SECRETE, MALEBOLGIA...). Sauf que là, ça dure 5 minutes. Et c'est juste génial aussi. Mélangeant acoustique et électrique (mais pas d'over saturation sous-accordée, on est dans le calme, là), avec des lignes mélodiques de toute beauté et même un superbe solo de guitare sèche vers le milieu, cette pièce doit être juste la meilleure en son espèce. M'enfin, quand la catégorie est "interlude acoustique dans un album de Brutal Death underground" c'est pas si compliqué me diriez-vous...

Au final, c'est de la bonne ? Disons que ouais, ça s'élève carrément au-dessus de la masse grâce à un bon équilibre mélodie/Brutalslamgruikblast. Vachement appréciable, un goût de reviens-y très prononcé, un vocaliste glaireux jouissif, une bonne fraîcheur dans un style en asphyxie, autant de points qui tendent l'album vers le haut. Mais c'est loin d'être parfait, avec des parties brutales bien moins réussies que par le passé, et surtout une longueur de 26 minutes risible ! Et si on enlève l'interlude, on se retrouve avec une vingtaine de minutes de Death. J'avoue apprécier les albums courts parce que facilement écoutable en toute circonstance, mais là ça sent la fumisterie.
Mais bon, on va pas faire la gueule, l'album est vraiment pas mauvais et dispose d'une bonne durée de vie au final, et au fond on en demande pas beaucoup plus.

Sentence Finale : 2010 était vraiment pauvre, GORTUARY occupe le haut du panier. Bien mais peut faire encore mieux.